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Présidentielle de 2016 et mal gouvernance au Bénin: Elire un serviteur du peuple et non un monarque

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Par   Site par défaut, le 16 déc. 2015 à 05h43

Mardi 15 décembre, le mouvement « Ensemble pour sauver le Bénin» a animé une conférence à Cotonou sur les acquis de la Conférence nationale des forces vives de février 1990 présidée par feu Monseigneur Isidore de Souza alors archevêque de Cotonou. C’était l’occasion d’attirer l’attention de l’assistance sur une nécessaire prise de conscience face aux enjeux de la présidentielle de février 2016 afin que le prochain chef de l’Etat soit un vrai serviteur du peuple et non un monarque.

La prochaine présidentielle doit permettre aux Béninois de désigner un homme capable de servir le peuple en répondant aux besoins des populations dans les campagnes et les villes. C’est cette mission de serviteur que le père Israël Mensah, premier porte-parole du mouvement «Ensemble pour sauver le Bénin», perçoit pour celui qui sera élu chef de l’Etat du pays à l’issue du scrutin du 28 février 2016, vu l’état actuel des choses.

Au regard de la grande responsabilité de l’Eglise catholique à la Conférence nationale à travers l’important rôle de Mgr Isidore de Souza, l’abbé Israël Mensah s’est vu obligé de partager ses réflexions sur la vie politique béninoise face à certains faits.
Au constat, William Comlan, sociologue co-animateur de la rencontre d’hier, a dressé un bilan très peu reluisant de la gestion du pays. Il ressort de son analyse une économie fragile, un système éducatif souffrant de graves dysfonctionnements, un système sanitaire marqué par l’inaccessibilité géographique, l’insuffisance d’infrastructures, d’équipements. William Comlan n’a pas occulté les problèmes d’eau potable et ceux d’assainissement, le chômage des jeunes, la pauvreté, la corruption dans l’administration qui ne connaît plus la vertu. Plus grave encore, a-t-il poursuivi, le climat des affaires ne favorise pas l’investissement privé appelé à soutenir les efforts de l’Etat en matière de création d’emplois. Selon lui, c’est le manque de vertu et l’absence de sanction qui sont à la base de cette situation. «L’efficacité des règles provient de la contrainte ; les sanctions ont une fonction dissuasive», a soutenu William Comlan. Sans être un chantre inconditionnel de la Révolution, il estime qu’en cette période, le contrôle social est organisé de la maison jusqu’au lieu de travail en passant par les relations sociales. Mais à partir de 1990, en dehors du Renouveau démocratique avec les libertés retrouvées, les choses ont changé dans le mauvais sens. «La famille, l’école et le groupe des pairs n’ont plus de missions clairement définies, ni pour la socialisation, ni pour le contrôle social», s’est-il désolé ajoutant que le sens du bien commun a cédé place à l’individualisme. Cela a généré de «nouveaux riches partis de presque rien aux fortunes vertigineuses et au luxe tapageur…» Face à la situation, William Comlan propose que, dans son milieu, «le déviant fasse l’objet de moquerie, de dédain, de mépris» en dehors de la sanction formelle qui est d’ordre juridique.
Toujours dans le chapitre des approches de solutions, le père Israël Mensah a appelé à ne pas s’écarter des acquis de la conférence nationale. «Halte au mémoricide ! Prenons conscience de la charge éthique de l’origine de notre démocratie et le Bénin vivra », s’est-il écrié. Dans cette veine, il a invité le peuple électeur à faire attention dans son choix du prochain locataire de la Marina. Sans pencher pour un candidat particulier, l’abbé Israël Mensah a appelé ses concitoyens à choisir non pas un président monarque mais un vrai serviteur qui se sentira véritablement comme tel. «Sans cela, le peuple continuera d’être malmené et brimé impunément», a-t-il averti.