La Nation Bénin...
Les députés de la 9e législature joignent
l’acte à la parole en s’appropriant, à travers un atelier, l'accord de
coopération monétaire signé à Abidjan, le 21 décembre 2019, entre les
gouvernements des États membres de l'Union monétaire ouest africaine (Umoa) et
le gouvernement de la République française. Un atelier qu’ils ont souhaité pour
un examen conséquent du texte actuellement sur leur table.
L'accord de coopération monétaire signé à
Abidjan, le 21 décembre 2019, entre les gouvernements des États membres de
l'Union monétaire ouest africaine (Umoa) et le gouvernement de la République
française est au cœur d’un atelier parlementaire dont les travaux ont démarré
ce mercredi à Cotonou. Ce séminaire a été fortement recommandé par les députés
qui ont entamé, jeudi 11 janvier dernier, l’examen de ce texte avant de le
suspendre. Ils ont suspendu les travaux le temps pour eux de cerner le contenu
de l’accord. L’atelier s’est désormais ouvert comme l’a promis le président de
l’Assemblée nationale, Louis Vlavonou, qui a favorablement accueilli la demande
d’organisation de ce séminaire d’imprégnation. L’atelier va permettre à la
représentation nationale d’être éclairée sur le contenu du nouvel accord de
2019. De façon spécifique, il vise à fournir des éclaircissements aux
parlementaires sur les tenants et les aboutissants de l'accord de coopération
monétaire et son lien avec les initiatives en cours au sein de la Cedeao et à
informer les députés du degré d'avancement de la feuille de route de la
création de la monnaie unique Eco. Le séminaire va permettre par ailleurs de
fournir des éléments d'appréciation quant aux avantages potentiels que
l'instauration de cette monnaie unique pourrait apporter aux pays membres ; à
éclairer les parlementaires sur les points de divergence entre le Nigeria et la
Côte d'Ivoire concernant l'avènement de la monnaie unique Eco et à informer les
députés sur l’intérêt pour le Bénin de ratifier ce nouvel accord. Les députés
ont eu droit à l'éclairage de plusieurs experts en la matière notamment le
directeur national de la Bceao, Emmanuel Assilaméhoo. Ils ont suivi trois
communications sur des thèmes tels que : "Analyse comparative du contenu
de l’accord de coopération monétaire de 1973 et de 2019" présentée par le
professeur Albert Honlonkou ; " Récapitulatif des points de ressemblance
et de divergence entre la monnaie "Eco" de l’Umoa et celle de la
Cedeao" puis " Motivation et conséquences de la ratification de
l’accord de 2019", toutes deux assurées par le professeur Judde Eggoh.
"Au regard de l’intérêt que suscite la
question du Franc Cfa et surtout de l’importance d’une monnaie dans le
développement économique et social de tout pays en général et du Bénin en
particulier, il est indispensable que les députés soient suffisamment informés
du contenu de ce nouvel accord pour lequel le gouvernement demande
l’autorisation du Parlement pour sa ratification. Les élus du peuple méritent
d’être informés des avantages et aussi probablement des inconvénients des
réformes objets de cet accord", a indiqué Louis Vlavonou.
Position tranchée de Vlavonou
L’attitude prudentielle des députés, note Louis
Vlavonou, se justifie en ce sens que les réformes entreprises impacteront
systématiquement l’activité économique du Bénin et de toute la zone de l’Union
monétaire ouest africaine. Elles engagent la vie des Béninois, hommes comme
femmes, enfants comme adultes, agents de l’Etat ou opérateurs économiques,
travailleurs et même des chômeurs et ce, sur des générations, a ajouté le
président de l'institution parlementaire.
"...Des critiques à l’encontre de cette
monnaie (F Cfa, ndlr) se sont élevées depuis des années et se sont accentuées
au fil du temps. Aujourd’hui, le Franc Cfa est vertement décrié, dénoncé et
rejeté dans sa conception et dans son fonctionnement par des spécialistes ou
non de la question monétaire et des autorités au plus haut niveau de nos Etats.
Le Franc Cfa est considéré comme un moyen d’assujettissement et de domination
continue des pays ayant en partage cette monnaie. Pour les uns et les autres,
cette monnaie constitue un système de contrôle de l’économie des pays concernés
et de leur appauvrissement par la France. Elle remet en cause la souveraineté
monétaire de nos Etats. Ainsi, l’unanimité se fait de plus en plus sur la
nécessité d’abandonner cette monnaie qui, pour ceux qui le condamnent, a trop
freiné le développement du continent africain et particulièrement des pays qui
l’utilisent. A cette situation déjà très préoccupante s’ajoute la volonté des
pays de l’Afrique de l’Ouest, regroupés au sein de la Communauté économique des
Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), de créer un espace économique intégré
favorable à leur développement. L’un des moyens privilégiés de concrétisation
de cette volonté est la création d’une monnaie unique appelée Eco", a
soutenu le président Louis Vlavonou pour tenter d’éclairer la lanterne de ses
collègues sur la question.