La Nation Bénin...
Patrice Talon enfile son manteau de père de la
Nation, pour des échanges pour le moins constructifs avec les parlementaires
sur les préoccupations d’intérêt national. Attendu sur la question qui agite
les esprits dans l’arène politique, celle de la relecture du code électoral, le
Chef de l’Etat fait l’option du consensus.
« Rencontrer les acteurs politiques pour discuter désormais des questions majeures de la République, de manière à réaliser le consensus autour des questions qui concernent toute la nation ». Telle est l’option faite désormais par Patrice Talon, a indiqué Habibou Woroucoubou, député du groupe parlementaire Les Démocrates, au terme de la rencontre avec le chef de l’Etat, ce lundi 22 janvier au palais de la Marina. Des propos corroborés par le président du groupe parlementaire. « Le chef de l’Etat souhaite que toute modification du code électoral et l’audit de la liste électorale se fassent d’une manière consensuelle entre les partis de la mouvance et l’opposition », a déclaré Nourénou Atchadé. Patrice Talon met ainsi les acteurs face à leurs responsabilités, et par la même occasion, répond à un souhait du parti d’opposition Les Démocrates, exprimé par son chef à un meeting à Dogbo. Boni Yayi, puisque c’est de lui qu’il s’agit, déclarait : « Pour cette modernisation du code électoral, il faut que nous puissions choisir une forme de représentativité, pour l’examiner ensemble, et que cette barque nous conduise véritablement vers des scrutins transparents, inclusifs, équitables et pacifiques ».
Prenant l’initiative d’échanger à la fois avec ses partisans des partis Union progressiste le Renouveau (Upr) et Bloc républicain, puis le parti d’opposition Les Démocrates, Patrice Talon joue sa partition et renvoie les acteurs à leurs responsabilités. Une chose est claire, forclos pour la prochaine élection présidentielle, le locataire du palais de la Marina, entend sans doute préserver la paix et l’unité nationale en réaffirmant son attachement au consensus, principe à valeur constitutionnelle. Patrice Talon a d’ailleurs tout intérêt à préserver son héritage politique. Les réformes politiques qu’il a impulsées donneront lieu aux élections générales en 2026, grâce à un alignement des mandats, ce qui permettra au pays de souffler en matière électorale. Le dialogue entamé avec ses partisans et l’opposition sur les fondamentaux du processus électoral à savoir, la relecture du code électoral et l’audit de la liste électorale, pourrait rassurer les uns et les autres, taire les suspicions et contribuer à un apaisement du climat politique, en vue de baliser le terrain pour des élections sans heurts en 2026. Les acteurs sauront-ils saisir cette perche, accomplir leur devoir, et s’assumer ?
L’esprit du consensus
Rien n’est gagné d’avance. La bataille dans
l’arène politique est pleine de surprises. Sinon qu’en principe, Patrice Talon
a choisi le bon timing pour initier ces échanges. Les lois et la liste
électorales peuvent subir toute modification sur une base consensuelle quelques
années avant les élections générales, donc loin de toute pression de dernier
moment, qui donnerait lieu à des litiges. Pour emboîter le pas au chef de
l’Etat, les parlementaires devraient faire preuve de cette même diligence, se
retrouver en dehors des murs du parlement, pour convenir dans un dialogue
soutenu par l’intérêt de la Nation, des corrections nécessaires à apporter aux
différents instruments. Le chef de l’Etat a montré la voie à suivre, et rien ne
saurait justifier un manquement préjudiciable à la stabilité du pays, surtout
quand on sait que le locataire du palais de la Marina est sortant. « Nul ne
peut se prévaloir de sa propre turpitude », et l’injonction de la Cour
constitutionnelle qui renvoie les députés à leur copie, est une fenêtre
d’opportunités pour le parlement.
Par décision 24-001 du 4 janvier 2024, la Haute
juridiction avait invité la 9e législature à procéder à une modification du
code électoral, en vue d’établir une égalité dans le cadre du parrainage des
maires aux potentiels candidats pour la présidentielle de 2026. Car, à tenir
compte des dispositions actuelles du code électoral, certains maires en
fonction, pourraient avoir la possibilité d’accorder des parrainages, si leurs
remplaçants à l’issue des communales ne sont pas installés avant le 5 février, dernier
jour pour le dépôt des candidatures à la présidentielle. Patrice Talon, malgré
l’avantage certain de ses partisans qui sont majoritaires au parlement, a
préféré faire le choix du consensus, dans la suite à donner à la décision des 7
sages. Vivement que les fruits tiennent la promesse des fleurs.