La Nation Bénin...
Adoptée
le 2 juillet 2025, la loi n° 2025-15 relative à l’entrée, au séjour, à la
résidence et à la sortie des étrangers en République du Bénin redéfinit le
cadre juridique applicable aux personnes étrangères sur le territoire national.
Entre renforcement des conditions d’accès, reconnaissance de droits et
mécanismes de contrôle plus stricts, ce texte marque une évolution importante
dans la gestion des flux migratoires au Bénin.
Face aux défis de la mobilité régionale, le Bénin opte pour une maîtrise renforcée de ses frontières. La nouvelle loi en vigueur depuis quelques semaines combine contrôle renforcé et mécanismes juridiques pour réguler les flux.
En
effet, dans un monde où la mobilité internationale devient un enjeu économique,
sécuritaire et social, le gouvernement entend mettre de l’ordre dans sa
politique migratoire. La loi n° 2025-15 du 2 juillet 2025 relative à l’entrée,
au séjour, à la résidence et à la sortie des étrangers en République du Bénin
vient combler un vide juridique ou actualiser des textes devenus obsolètes.
Elle s’inscrit dans une volonté de mieux réguler l’entrée, le séjour et la
résidence des étrangers tout en respectant les engagements internationaux du
Bénin.
Conformément
à l’article 2, est considéré comme étranger toute personne n’ayant pas la
nationalité béninoise. Cette définition simple, mais essentielle, constitue le
socle sur lequel repose toute l’architecture de la loi.
Une
des avancées notables de cette loi se trouve à l’article 4, qui reconnaît aux
étrangers les mêmes droits et libertés que les citoyens béninois, y compris
l’accès à la propriété. Toutefois, des nuances sont apportées. Lorsque ces
droits impliquent des prestations publiques, dispenses ou exemptions, les
étrangers n’en bénéficient qu’aux conditions prévues par la loi.
Autrement dit, l’égalité des droits est garantie, mais encadrée par les règles nationales, notamment pour les aides publiques, les exonérations fiscales ou les services sociaux. Cette disposition permet de concilier inclusivité et souveraineté, dans un contexte où les Etats cherchent à éviter les abus tout en garantissant un traitement équitable.
Conditions claires
L’entrée
sur le territoire béninois est strictement réglementée. Selon l’article 5, tout
étranger doit être en possession d’un passeport ou d’un document
d’identification valide et d’un visa délivré par l’autorité béninoise
compétente, sauf dispense ou détention d’une carte de résident.
Ce
principe est renforcé par l’article 6, qui précise que le visa est obligatoire
pour toute entrée, transit ou séjour temporaire, et que sa durée de validité
commence dès la date d’autorisation d’entrée.
Cependant,
la loi prévoit des exceptions. Conformément à l’article 8, les ressortissants
de pays ayant un accord de dispense de visa avec le Bénin, ou ceux désignés par
décret en Conseil des ministres, peuvent entrer sans visa. Cela permet de
respecter les engagements bilatéraux et sous-régionaux, notamment au sein de la
Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, dont le Bénin est
membre.
Aussi,
tout étranger souhaitant s’établir durablement en République du Bénin doit
obtenir une carte de résident, selon l’article 12. Au-delà de 90 jours de
séjour, il est tenu de se faire identifier auprès des autorités compétentes
pour obtenir un certificat d’identification personnelle d’étranger, précise
l’article 13.
Ces
obligations visent à mieux maîtriser les flux migratoires et à assurer une
traçabilité des personnes présentes sur le territoire national. Elles
permettent également d’offrir des droits et une protection administrative aux
étrangers en situation régulière.
Exigence de régularité
L’article
16 de la loi consacre le droit au recours administratif en cas de refus de
délivrance ou de renouvellement d’une carte de séjour. Le recours, qui doit
être déposé dans un délai de trois jours, est suspensif. L’étranger ne peut
être expulsé tant que la procédure est en cours. Il peut aussi obtenir une
attestation provisoire de séjour le temps que la juridiction compétente statue,
dans un délai maximum de quarante-cinq jours. Ce mécanisme protège les droits
fondamentaux des personnes concernées, tout en assurant la rapidité des
procédures pour éviter les situations de blocage administratif prolongé.
La
loi n’est pas que permissive; elle se veut aussi dissuasive. Toute personne
étrangère sans titre valide s’expose, selon l’article 18, à une amende d’au
moins le double du montant requis pour l’obtention du titre nécessaire. En cas
de récidive, la sanction peut inclure un emprisonnement de 1 à 6 mois, une
amende plus lourde, ou les deux.
L’article
19 va plus loin. Selon cette disposition, un étranger refoulé ou expulsé qui
revient sur le territoire sans autorisation encourt les mêmes peines,
renforçant ainsi le caractère contraignant de la réglementation.
Enfin, la loi prend en compte la protection des mineurs. Selon l’article 21, un étranger mineur non émancipé ne peut sortir du territoire national sans autorisation des autorités compétentes, sauf s’il est accompagné d’un parent ou d’un tuteur légal. Cette mesure vise à prévenir les enlèvements, trafics ou déplacements illégaux de mineurs, dans un contexte régional marqué par la vulnérabilité des enfants migrants.
Réponse adéquate
Cette
loi est une réponse à des enjeux multiples tels que la sécurité nationale, le
respect des droits humains, l’intégration régionale, et l’attractivité
économique. Elle met l’accent sur la responsabilité de l’étranger, tout en lui
garantissant des droits essentiels, à condition qu’il respecte les lois du
pays.
Elle
reflète également la volonté du Bénin de moderniser son système de gestion
migratoire, dans le respect des standards internationaux. Les dispositifs de
contrôle, d’identification, de recours et de sanction contenus dans cette loi
montrent que l’État veut maîtriser sa souveraineté territoriale, tout en
valorisant l’apport des étrangers dans son développement économique et social.
Avec
cette législation, le Bénin se dote d’un cadre juridique clair, équilibré et
moderne en matière de gestion des étrangers. Elle affirme une vision
d’ouverture raisonnée, conditionnée au respect des règles, dans une logique de
cohésion sociale, de sécurité et de développement. Cette réforme marque un
tournant important dans la manière dont le pays conçoit et encadre la présence
d'étrangers sur son territoire.