La Nation Bénin...
L’Assemblée nationale a délibéré et rejeté
en sa séance du 1er mars dernier, la prise en considération de la proposition
de loi portant révision de la Constitution de la République du Bénin par 71
voix pour, 35 contre et deux abstentions.
En plénière, la procédure de révision de la
Constitution de la République du Bénin enclenchée par le député Assan Séïbou,
n’a pas franchi la première étape, celle de la prise en considération de la
proposition de loi. Cette première étape nécessite obligatoirement une majorité
qualifiée des ¾ des 109 députés présents et représentés, soit 82 voix
favorables au moins. Le dossier n’a pas pu recueillir cette majorité qualifiée.
La proposition de loi a été rejetée par 71 voix pour, 35 contre et deux
abstentions, vendredi 1er mars dernier. Le dossier a été examiné conformément
aux dispositions des articles 154, 155 et 156 de la loi fondamentale du Bénin.
« Pour être pris en considération, le projet ou
la proposition de révision doit être voté à la majorité des trois quarts des
membres composant l’Assemblée nationale », dispose l’aliéna 2 de l’article 154
de la Constitution. L’article 155 dudit texte de loi précise que « la révision
de la Constitution n’est acquise qu’après avoir été approuvée par référendum,
sauf si le projet ou la proposition en cause a été approuvé à la majorité des
quatre cinquièmes des membres composant l’Assemblée nationale ».
Dans son intervention, l’honorable Assan Seïbou
a défendu bec et ongles sa proposition. Il a été d’ailleurs soutenu par son
collègue Benoît Dègla du Bloc républicain. Il en est de même de l’honorable
Barthélémy Kassa qui s’est d’ailleurs offusqué
des intentions qui ont été prêtées à l’honorable Assan Seïbou qui a été amené à
aller expliquer à la Cour constitutionnelle les raisons pour lesquelles il a
déposé sa proposition de loi. Pour lui, cette proposition de loi est bien
conforme à la vision de développement affichée par le président Patrice Talon.
Le président du groupe parlementaire Union progressiste le Renouveau Aké
Natondé a, lui aussi, apporté son soutien à son collègue Assan Seïbou. Il s’est
par ailleurs félicité de la constitutionnalisation du calendrier électoral
intervenue lors de la première révision de la Constitution. Il a, pour finir,
rassuré l’opinion publique que la révision de la Constitution que propose Assan
Seïbou n’induit en rien un troisième mandat. Razack Abiossè, également de
l’Up-R, a remercié son collègue Assan Seïbou pour avoir déposé cette
proposition de loi. Il s’est demandé à quelles fins on s’insurge contre ladite
proposition de loi. Il a estimé que c’est normal qu’on inverse l’ordre des
élections et que c’est bien du droit du député Assan Seïbou de le proposer. «
En quoi la laïcité de l’Etat, la limitation des mandats ont-elles été touchées
», s’est interrogé le député de la 21e circonscription électorale. A sa suite,
l’honorable Augustin Ahouanvoébla, toujours de l’Up-R a cité les dispositions
de la Charte des partis politiques au Bénin qui refusent la cohabitation entre
le gouvernement et l’opposition. Il a lui aussi soutenu le député Assan Seïbou
pour avoir osé déposer une proposition de loi qui règle beaucoup de
dysfonctionnements.
Dossier classé ?
Seulement, les députés du groupe parlementaire
« Les Démocrates » ne voient pas la chose de la même manière. Pour l’honorable
Eric Houndété, le consensus qui est un principe à valeur constitutionnelle n’a
pas été obtenu autour de cette proposition de loi. « Rechercher que le
Parlement se mette à la solde de l’Exécutif est une faute et cela ne saurait
prospérer », a soutenu le député Houndété pour qui les fondamentaux dont on
parle sont perturbés. Son collègue Nourénou Atchadé est allé dans le même sens en
condamnant la privatisation des élections au Bénin. « Cette proposition de
révision de la Constitution qui réduit le mandat du président de la République
de 75 jours et qui rallonge le mandat des députés de 95 jours est tout
simplement à rejeter », a-t-il martelé. Pour le député Habibou Woroucoubou, la
proposition de loi portant révision de la Constitution déposée par le député
Assan Seïbou doit être rejetée parce qu’elle ne prend pas en compte le
consensus comme principe à valeur constitutionnelle. Cette proposition de loi
déposée ne viole aucun des fondamentaux de la loi fondamentale du Bénin,
retorque le rapport de la Commission en charge des Lois présidée par Orden
Alladatin. Et c’est pour cette raison que la Commission en charge des lois a
suggéré à la plénière du Parlement sa prise en compte.
La prise en considération ou non de la proposition de loi du député Assan Seïbou a été faite par vote public à la tribune de l’hémicycle. 108 députés ont participé au vote. Un député en l’occurrence Denis Glégbéto n’a pas voté. Il était absent et n’a pas non plus déposé sa procuration. Les 108 députés avaient à choisir entre trois bulletins. Le bulletin de couleur verte signifie « Oui ». Les bulletins de couleurs « Rouge » et « Jaune » sont synonymes respectivement de « Non » et « Abstention ». Le résultat de ce vote proclamé, après dépouillement, donne 71 bulletins « Vert » ; 35 bulletins « Rouge » et deux bulletins «Jaune ». Le nombre de voix favorables n’étant pas supérieur à 82, la prise en considération de la proposition de loi portant révision de la Constitution de la République du Bénin a été rejetée par 71 voix pour, 35 contre et deux abstentions.