La Nation Bénin...

Séance de travail à Parakou: Boni Yayi demande l’unité dans la famille coton

Actualités
Par   LANATION, le 22 oct. 2015 à 08h00

Le président de la République a tenu, hier mercredi 21 octobre à Parakou, une séance de travail avec les acteurs de la filière coton. Devant les performances de ces dernières années, il demande que l’unité revienne dans la famille pour porter loin l’or blanc béninois.

La chute des cours mondiaux de l’or blanc n’a visiblement pas émoussé l’ardeur des acteurs de la filière cotonnière béninoise. La campagne 2014-2015 s’est soldée par une production de 293 367 tonnes de coton graine, permettant ainsi au pays de rester de la courbe ascendante de la production depuis 2012, année de reprise en main de la filière par l’Etat. Le point des flux financiers de cette campagne révèle que la saison a dégagé un chiffre d’affaires de 132 milliards de francs CFA. Tous les producteurs sont déjà payés au titre de cette campagne, mais la Société nationale pour la promotion agricole (SONAPRA) chargée de la commercialisation du coton reste devoir 640 millions de franc CFA aux transporteurs, environ 4 milliards F CFA aux usines de la SODECO et environ 1,9 milliards FCFA aux fournisseurs d’intrants. Le président de la République a rassuré les transporteurs que le ministère des Finances prend déjà les dispositions afin qu’ils soient payés dès la semaine prochaine. Pour le compte de cette campagne, l’Etat a dû mettre en place environ 36 milliards F CFA pour combler le gap qui découle surtout de la chute du cours du coton sur le marché international.

360 000 tonnes pour la campagne 2015-2016

Pour la campagne 2015-2016, la production attendue est estimée à 360 000 tonnes de coton-graine. Selon Jacob Ishola, directeur général de la SONAPRA , les dispositions pratiques sont en train d’être prises afin que la campagne de commercialisation du coton-graine démarre dès la première quinzaine du mois de novembre. Idem au niveau des égreneurs qui procèdent à la mise à jour de leurs usines pour rester dans le timing de la campagne d’égrenage. «Nous pensions que la campagne d’égrenage pourrait démarrer dès le 15 novembre prochain pour finir en mars 2016», rassure le directeur général de la SONAPRA.
Lors de la séance de travail avec les acteurs, le chef de l’Etat a passé en revue les difficultés de la filière famille par famille afin que la campagne 2015-2016 se déroule sans écueils. «Les préparatifs de la commercialisation primaire du coton nécessitent que la SONAPRA et le gouvernement entrent en négociation pour convenir du type d’égrenage et de signer le contrat de prestation avant le lancement officielle de la commercialisation», préconise le président de la Fédération nationale des producteurs. Pour les réformes, il soutient que le gouvernement doit tenir dans son ambition de réaliser le zonage, pour garantir la durabilité de la filière. L’aménagement des pistes rurales constitue encore un défi important pour la campagne. Si la campagne précédente, il est reproché à l’Etat d’avoir joué au médecin après la mort, le chef de l’Etat rassure que des dispositions sont prises pour que les pistes soient vite aménagées.
Eustache Kotigan, représentant des égreneurs, a salué les performances du secteur depuis la reprise en main de la gestion par l’Etat. Mais il indique que des goulots d’étranglements doivent être levés, en terme de paiement à bonne date du prix aux producteurs et aux transporteurs ainsi que l’apurement de la dette de la SONAPRA vis-à-vis des égreneurs. Il souligne aussi que le Bénin est souvent pénalisé dans l’offre de son coton parce que le placement sur le marché international est fait avec beaucoup de retard.

Diversifier l’agriculture !

«Le coton béninois est à la croisée des chemins. Il faut que l’unité revienne dans la filière et que tous les acteurs regardent dans la même direction. Vous devez vous asseoir ensemble maintenant pour un nouveau départ», indique le président de la République. Boni Yayi préconise un partenariat fructueux qui prend en compte les intérêts de tout le monde, plus particulièrement ceux des cotonculteurs. Dans le même temps, il prévient que les acteurs doivent éviter de détruire la présence de l’Etat dans la filière. «Dans aucun pays au monde, l’Etat ne s’est retiré de l’agriculture», martèle-t-il.
Au-delà du coton, le chef de l’Etat défend la diversification de l’agriculture béninoise, à l’aune de l’adoption du Programme de Développement durable 2015-2030. «Nous sommes revenus de New York avec une vision plus claire de notre agriculture. Elle doit occuper une place centrale dans la stratégie nationale qui découlerait du programme de développement durable post 2015», affirme-t-il. «Nous devons réfléchir sur des réformes, notamment la transformation des produits agricoles, le financement du secteur, l’organisation de nos marchés agricoles», poursuit-il.
Le président de la République revient également sur les défis du changement climatique. Il indique que le secteur cotonnier béninois est frappé de plein fouet par les changements climatiques qui ont occasionné une déstructuration du calendrier cultural. «La pluie n’est pas souvent au rendez-vous. Le Bénin sera donc présent au COP 21 où il a déposé une contribution dans le cadre du débat mondial sur la réduction des gaz à effet de serre », annonce-t-il, exprimant la reconnaissance du gouvernement aux producteurs qui ont travaillé pour que le Bénin atteigne la cible des OMD concernant l’élimination de la faim.