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Ségbana:Les cartes d’électeur dispersées dans des localités lointaines

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Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 23 avr. 2015 à 06h57

Des cartes d’électeur de Gbèssaka qui se retrouvent à plusieurs dizaines de kilomètres à Ségbana centre, celles de Kambara, à Libantè ou encore celles de Lougou à Sokotindji et vice-versa. C’est le problème essentiel que connaît l’opération de distribution des cartes d’électeur dans la commune de Ségbana.

Les cartes d’électeur sont mélangées et éparpillées dans les différents villages et arrondissements de Ségbana, ce qui rend la tâche difficile aux agents distributeurs qui enregistrent un nombre impressionnant de recherches infructueuses de cartes. Déjà, la commune regorge d’une forte communauté de bouviers peulhs nomades. Nombre d’entre eux ont déjà quitté les villages où ils se sont fait enrôler pour aller à la recherche de pâturage et d’eau pour leurs troupeaux, à en croire Awali W. Guènè, chef du village de Gbèssaka. A cela, poursuit-il, s’ajoutent les longues distances qui séparent les camps peulhs des centres de vote et qui font qu’une importante quantité de cartes d’électeur reste encore sous les bras des agents distributeurs.

Dans la plupart des centres de vote parcourus hier mercredi 22 avril à Ségbana, quatre citoyens sur cinq sont déjà en possession de leurs cartes d’électeur. Les chefs de village rencontrés ne reconnaissent pas la majorité de ceux qui n’ont pas encore retiré leurs cartes, alors qu’ils pensent maîtriser plus ou moins leurs administrés. Les agents distributeurs et les chefs de quartiers sont obligés de se communiquer les noms ou de se déplacer avec leurs propres moyens pour aller vérifier dans d’autres localités si les cartes de leur centre ne se retrouvent pas ailleurs. «Je prends les noms et je ramène à l’arrondissement à Liboussou pour chercher», confie Osséni Siabaou, agent distributeur au centre de l’EPP Gbèssaka. «D’autres cartes d’habitants d’ici ont été retrouvées dans le village de Waranzi », ajoute-il. Sur les 832 cartes du centre, une centaine reste à distribuer. Le constat est le même au centre de l’EPP Batazi dans l’arrondissement de Ségbana où sur les 3500 cartes reçues, les trois agents commis à la tâche attendent encore, à notre passage, 461 électeurs pour le retrait de leurs cartes ; 20 personnes parmi eux sont reconnues comme mortes. «Des cartes de Piami se retrouvent nombreuses ici», selon Hamidou Kpassidé, un des agents distributeurs de Batazi.

Dans le même temps, certains vont de centre en centre et même de village en village et exhibent des récépissés attestant qu’ils ont participé à l’audit participatif et à l’enregistrement complémentaire pour la confection de la liste électorale permanente informatisée (LEPI), sans avoir gain de cause. C’est le cas de ce monsieur rencontré avec le récépissé portant le nom Azaratou Soulé, son épouse. L’homme dit avoir déjà parcouru trois centres, sans trouver le fameux sésame qui permettra à sa femme d’exprimer son vote dimanche prochain. «C’est quoi ça et on envoie les gens partout partout...», baragouine le quadragénaire tout furieux.
Par ailleurs, les photos sont floues et les personnes sur les cartes ne sont identifiables que par leurs noms. Quatre cas sont recensés sur les 1656 cartes reçues par l’agent Douro Bah Orou de l’EPP Piami. Aussi, les noms sont-ils mal écrits. C’est ainsi que le prénom féminin Zoubératou est attribué à Zoubérou qui a reçu sa carte à l’EPP Piami. Dans ce même centre de vote, Satou, une femme, a vu sur sa carte Santou qui serait un prénom féminin en langue Zerma, nous signale Douro Bah Orou.