La Nation Bénin...

Situation sociopolitique dans la sous-région: La Cedeao se positionne contre l’anarchie

Actualités
L’intervention militaire préconisée par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de  l’Ouest (Cedeao) au Niger vise avant tout à conforter le principe démocratique L’intervention militaire préconisée par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) au Niger vise avant tout à conforter le principe démocratique

Quel sens donner à l’option militaire préconisée, en dernier ressort, par la Cedeao, dans le règlement de la situation au Niger ? S’agit-il d’une guerre contre un pays frère de la communauté ? Ou est-ce une initiative visant à restaurer l’ordre constitutionnel et partant le principe démocratique retenu par l’instance sous-régionale comme cardinal ?

Par   Ariel GBAGUIDI, le 14 août 2023 à 07h45 Durée 3 min.
#intervention militaire #Cedeao
L’intervention militaire préconisée par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) au Niger vise avant tout à conforter le principe démocratique consacré. Ce principe veut qu’à l’occasion d’une élection, les populations choisissent leurs dirigeants, en toute liberté et transparence pour une durée bien déterminée. C’est par cette même occasion qu’elles sanctionnent les dirigeants ou leur décernent un satisfécit. Toute interférence dans la voix du peuple considérée comme la voix de Dieu est intolérable.
Certes, comme tout système politique, la démocratie est perfectible. Mais c’est encore elle qui permet, sur le temps d’un mandat, que la voix de la majorité du peuple oriente l’action politique. Ainsi, on élit le président de la République, les députés, les maires, les chefs quartiers, etc. Entendu que dans toute société humaine, pour une raison ou une autre, des difficultés de parcours, des incompréhensions, voire des crises surviennent, les mécanismes de leur règlement sont toujours prévus par les textes démocratiquement validés et l’on doit y faire recours si le besoin se fait sentir. Ainsi, en démocratie, les différends se règlent par les voies légales et non par la force ou la remise en cause du processus démocratique. Une dynamique que n’intègrent pas les militaires dans certains pays de la sous-région, actuellement.
D’où la détermination dont fait montre actuellement la Cedeao à déloger le général Tchiani et compagnie du pouvoir, eux qui viennent de perpétrer le putsch de trop dans la sous-région, portant une entorse à la Constitution nigérienne.
Seul le peuple nigérien en toute souveraineté pourrait, dans une certaine mesure, remettre en cause la Constitution. Mieux, l’on note surtout que dans aucun des pays où s’illustrent des juntes militaires (Mali, Burkina Faso, Guinée, Niger), les populations n’ont appelé des militaires à perpétrer des coups de force parce qu’elles seraient mécontentes. Au mieux, elles auraient appelé à la démission d’un président de la République s’il ne comblait pas leurs attentes. Ces coups de force observés récemment relèvent donc de l’initiative cavalière de quelques militaires ou acteurs politiques sans perspectives et assoiffés du pouvoir.
 
Apprentissage
 
Et pour cause, même dans les vieilles démocraties, il arrive des moments où ce processus est durement éprouvé. Le cas Donald Trump aux Etats-Unis avec l’attaque du Capitole est un exemple palpable et prouve bien que même un pays qui pratique la démocratie depuis des siècles, peut connaître des crises majeures. Pourtant, dans ce pays, l’une des grandes puissances militaires au monde, les hommes en uniforme n’ont pas mis fin au processus démocratique. Ils avaient pourtant les moyens de le faire. La crise des gilets jaunes en France est aussi un autre exemple vivant. Là aussi, les militaires français sont restés dans les casernes. Ainsi, on laisse faire le jeu démocratique et, au moment des élections, les populations expriment leur choix et disent par la même occasion, leur appréciation de l’action politique menée par les dirigeants du moment.
Si, par la force, on arrête de façon aussi intempestive le processus démocratique, il est clair qu’on ne lui donne pas les chances de s’améliorer, de se parfaire pour impacter significativement la gouvernance et les conditions de vie. Perpétrer des coups de force du genre, c’est organiser une remise en cause permanente qui, elle-même, génère l’instabilité chronique et ne favorise pas une action politique cohérente.
Cela est si vrai que même les putschistes interdisent le putsch. Ceux qui ont pris le pouvoir au Mali en sont conscients et ont inscrit dans l’article 187 de la nouvelle Constitution qu’ils viennent de faire adopter pour le pays que « Tout coup d’Etat ou putsch est un crime imprescriptible contre le peuple malien ». Si donc les militaires putschistes sont conscients que cela ne fait pas avancer, il y a lieu de comprendre les exigences de la Cedeao pour un retour à l’ordre constitutionnel dans tous les pays en proie à cette situation ■