La Nation Bénin...

Spécial 100 jours de Patrice Talon: Les acteurs économiques dans l'expectative de signaux forts

Actualités
Par   LANATION, le 15 juil. 2016 à 08h22

Le bilan économique des 100 jours du gouvernement Patrice Talon est mitigé. Mais en dépit de la morosité ambiante, la méthode donne des gages d’une relance à moyen terme.

Le milieu des affaires avait grand espoir d’une amélioration du climat des affaires avec l’élection d’un des leurs à la tête du pays. Mais cent jours après la prise de pouvoir de Patrice Talon, les signaux d’une relance économique ne pointent pas encore à l’horizon. La faute, en grande partie aux difficultés économiques du Nigeria qui enrhument l’activité commerciale du Bénin dont l’essentiel est tourné vers ce marché de près de 200 millions de consommateurs. Du coup, le pays vit une morosité ambiante qui se traduit au niveau de l’Etat par un tassement des recettes fiscales. Mais la sérénité retrouvée après la présidentielle du 6 avril dernier et la dynamique d’assainissement entreprise par les nouvelles autorités gagent d’une relance à moyen terme de la croissance du pays. Le collectif budgétaire voté, beaucoup de prestataires de l’Etat attendent impatiemment l’apurement de la dette intérieure promise par l’Exécutif. Sa concrétisation apportera déjà de l’oxygène aux entreprises et dopera sans doute la consommation.

Mais s’il y a un segment de l’économie qui a réellement bénéficié de l’attention de l’Etat, c’est sans doute la filière cotonnière. Plusieurs décisions du Conseil des ministres ont permis de remettre ce secteur à flot, à travers notamment les remboursements des arriérés de paiement aux cotonculteurs et égreneurs, le retour du secteur privé dans la gestion de la filière, avec l’objectif d’atteindre un record de production lors de la campagne cotonnière 2016-2017. Bien qu’il ait affiché sa volonté de lancer de nouvelles filières, l’anacarde et l’ananas notamment, des actions fortes en direction de ces spéculations ne sont pas perceptibles après les cent jours du gouvernement Talon. La politique de promotion industrielle manque de visibilité et personne ne sait encore la nouvelle orientation que le nouveau régime entend donner à ce secteur en proie à d’énormes difficultés. Toutefois, il est rassurant que le gouvernement ait pris le pari de booster le processus de partenariat public-privé. La commission créée pour faire l’inventaire et proposer des nouvelles pistes a remis, cette semaine même, son rapport au ministre d’Etat en charge du Développement.

Booster l’investissement !

Lors de son investiture, le président de la République a exprimé une volonté forte de créer les conditions pour mobiliser l’investissement dans les infrastructures. Pour l’instant, aucun projet structurant n’est encore lancé. Mais les 200 milliards de francs CFA mobilisés à l’issue du premier emprunt obligataire du nouveau régime, permettent au gouvernement de disposer de ressources propres pour lancer certains programmes d’investissement, en attendant de grands travaux placés sous le sceau du partenariat public-privé.
Mais au-delà de ses cent jours, le gouvernement Talon sera surtout jaugé à l’aune des indicateurs Doing Business de la Banque mondiale, attendus pour le mois de septembre prochain. A ce titre, le «Nouveau départ» peut revendiquer une série d’initiatives tendant à faciliter l’accès au foncier, ainsi que la suppression des barrières policières qui pourrait le créditer d’une bonne note sur l’indicateur commerce frontalier. Dans le même temps, certains observateurs redoutent un recul du Bénin dans ce classement, à cause de la remise en cause de certaines réformes entreprises pour apporter la célérité de la transparence dans les opérations au port de Cotonou.
Dans l’ensemble, la volonté d’assainir l’environnement et le discours économique en général rassurent. Il ne reste qu’à traduire les déclarations de bonnes intentions en actions concrètes au profit des acteurs économiques. 100 jours ne suffisent pas pour apprécier à juste titre les actions d’un gouvernement. Mais ils peuvent indiquer le ton de la vision économique des nouvelles autorités. Là-dessus, les signaux semblent au vert.