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Suite à la promulgation du Code électoral: Quelle marge de manœuvre pour les partis ?

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La récente relecture du code électoral n’est pas sans provoquer du remous au sein des états-majors politiques. Qui pour se féliciter de l’avènement de cette loi, qui pour indiquer qu’elle est trop exigeante, qui pour la rejeter. Dura lex, sed lex, diront les juristes. Mais incontestablement, est venue l’heure pour tous les partis de faire leurs preuves sur le terrain.

Par   Ariel GBAGUIDI, le 09 avr. 2024 à 06h31 Durée 4 min.
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Dura lex, sed lex: la loi est dure, mais c’est la loi. Cette locution latine, de nature juridique, sous-entend que, bien que la loi soit sévère, il faut la respecter, parce qu’elle est la loi. Elle exprime un certain légalisme, c’est-à-dire un attachement rigoureux au respect de la loi. De ce fait, les nouvelles exigences du code récemment voté par l’Assemblée nationale s’imposent à tous les partis, y compris ceux qui ont voté contre. C’est même un principe démocratique basique, qui veut que la minorité s’incline face aux choix de la majorité, quand bien même ce choix implique des exigences nouvelles qui ne sont pas de son goût.   

Ainsi, à partir des élections générales de 2026, les compteurs seront-ils remis à zéro pour tous les partis. C’est à qui de prouver qu’il est le plus grand, qu’il a su s’implanter sur l’ensemble du territoire national. Et pour cause, aux élections législatives passées, aucun des partis actuellement au Parlement n’a pu obtenir le minimum de 20 % désormais requis dans toutes les circonscriptions électorales. Or, il s’avère que c’est la condition à remplir désormais pour pouvoir siéger au Parlement. C’est dire que même les partis de la mouvance sont exposés au péril que le nouveau code pourrait représenter aux élections générales de 2026. Mais c’est loin d’être la mer à boire, à en croire la réclame de tous les partis qui se convainquent chacun d’avoir le peuple acquis à leur cause. Vu que chaque parti revendique le leadership politique, est venu plus que jamais le moment de le prouver, le tout ne suffit pas de prétendre dans ses discours parler au nom du « peuple » qui décidément a bon dos. Deux ans pour relever ce défi, travailler à renforcer les bases partisanes.

Investir le terrain : l’impératif !

Mais d’ici 2026, les partis politiques doivent investir le terrain, avec en ligne de mire de relever le défi de s’imposer en parti national; outre le seuil de 10 % au plan national qui reste en vigueur, de réunir les 20 % de suffrages exigibles désormais par circonscription électorale pour pouvoir participer à la répartition des sièges.  

Stratégies diverses

Toutefois, si Moele Bénin, qui n’est pas aujourd’hui représenté au Parlement se bombe le torse, se targue de n’être pas un « petit poucet » du landerneau politique et tient à le prouver, tel n’est pas le cas pour tous les partis.

Pour le parti Les Démocrates, par exemple, le nouveau code électoral serait mauvais. Et il s'échine à le faire savoir à qui veut l’entendre. Au-delà du fait qu'il soit un parti d'opposition, de quelle autre marge de manœuvre dispose-t-il légalement pour aller contre une loi votée et promulguée?

Plutôt que de retenir le choix, plus simple, d’aller par monts et par vaux pour enrôler les citoyens et élargir sa base électorale, le président du parti Les Démocrates choisit de manœuvrer autrement. A cet effet, outre mobiliser les chefferies traditionnelles et leaders religieux à emboucher la même trompette de rejet dudit code, il s’investit, selon des indiscrétions, à solliciter certaines chancelleries étrangères représentées au Bénin.

Aussi, les diplomates sollicités par les soins du président dudit parti le sont-ils afin d’user de leur influence en vue d’un retrait du code en vigueur. Selon ces diplomates pourtant, attachés à la légalité, ce code ne présente aucun signe d'instabilité ni de menaces à la paix dans le pays. Voté et promulgué suivant les règles, de quelle alternative autre que la légalité dispose dès lors le président du parti Les Démocrates qui ne veut pas entendre parler dudit code, pour le combattre ? Cette interrogation doit préoccuper tous les Béninois, qui ont encore en mémoire le sinistre épisode de 2019. Il était alors question de dispositions législatives dénoncées, mais qui se sont avérées plus tard abordables, car en définitive, les mêmes qui les avaient combattues, au motif qu’elles étaient trop exigeantes, ont réussi à les adopter.