Le président Patrice Talon se rend bientôt au Burkina Faso, au Mali et en Guinée Conakry. Mandaté par la troïka présidentielle de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le chef de l’Etat béninois effectuera ces déplacements pour relancer la machine du dialogue entre les militaires au pouvoir dans ces trois pays et la Cedeao.
En effet, suite à leur dernière conférence en Guinée-Bissau, les chefs d’Etat et de gouvernement de la communauté ont mis en place une troïka présidentielle constituée des présidents Patrice Talon du Bénin, Bola Ahmed Tinubu du Nigeria et Umaro Sissoco Embaló de la Guinée-Bissau. Ce trio est chargé de réfléchir et proposer des actions immédiates et concrètes pour répondre à la double problématique de la transition politique dans les trois pays et sécuritaire dans le Sahel. Au cours de sa séance de travail élargie à Mohamed Bazoum, président du Niger et président en exercice de l’Uemoa, la troïka a pris la pleine mesure de la situation au niveau de la sous-région et a formulé des actions concrètes sur les plans politique et sécuritaire qui aboutiront à la mise en œuvre d’un plan d’action prioritaire.
« Les chefs d’Etat, après une analyse approfondie de la situation politique de la sous-région, ont décidé de renouer le dialogue et les discussions avec les autorités de chacun des trois pays qui sont en transition dans une optique de fraternité, parce que finalement nous sommes une communauté de destin au sein de la Cedeao et il est important qu’il y ait une main tendue vis-à-vis de ces gouvernements », a fait savoir Olushegun Adjadi Bakari, ministre des Affaires étrangères, ce mercredi, lors de la présentation du compte-rendu du sommet à la presse. Pour concrétiser cette décision, la troïka a choisi le président Patrice Talon qui ira à la rencontre des autorités maliennes, burkinabè et guinéennes afin d’échanger avec elles et rétablir le contact le plus rapidement possible.
Les chefs d’Etat ont également réaffirmé leur volonté de voir des transitions politiques rapides et un retour à l’ordre constitutionnel dans chacun de ces pays conformément au protocole de la Cedeao mais aussi et surtout dans le cadre des chartes de transition adoptées par les pays et qui ont été approuvées et présentées par les autorités. « La troïka a enfin réaffirmé l’engagement de la Cedeao à soutenir des processus de transition crédibles et des processus électoraux inclusifs parce qu’il est important que les différentes forces politiques en présence dans chacun des trois pays puissent participer au processus et qu’on s’assure que la transition qui aura lieu soit une transition acceptée par tous », a ajouté le ministre des Affaires étrangères.
Les contacts sont déjà en cours et le président Patrice Talon devrait entamer sa mission le plus tôt possible. Olushegun Adjadi Bakari a aussi souligné le fait que cette mission présidentielle vient en complément des actions des différents médiateurs de la Cedeao auprès des trois pays.
Ecomog
L’autre proposition formulée durant ce mini-sommet est que la Cedeao affronte le défi sécuritaire de la sous-région avec ses propres forces et ses propres moyens. A ce titre, les chefs d’Etat ont proposé de réactiver l’Ecomog, la force armée de la communauté. Pour la troïka, il est important d’agir de manière simultanée sur les questions politique et sociale mais aussi sécuritaire.
Il est difficile d’organiser des élections dans un pays qui est en guerre, en proie au terrorisme. Là-dessus, les chefs d’Etat ont réaffirmé l’engagement de la Cedeao de mettre à jour le plus rapidement possible, le plan d’action prioritaire sécuritaire. Un comité technique composé des différents collaborateurs des présidents de la troïka a été mis en place. Son rôle est d’élaborer rapidement et mettre à la disposition des chefs d’Etat de la troïka et de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao, un plan de réponse sécuritaire qui s’appuiera sur les forces des pays membres et surtout une intervention financée par des ressources propres. « Un plan de mobilisation de ressources pour financer cette réponse à la crise sécuritaire sera élaboré par le comité technique et soumis à la troïka avant d’être adopté par la conférence des chefs d’Etat…», a précisé Olushegun Adjadi Bakari, ajoutant que c’est l’option phare choisie par la Cedeao pour répondre à la double crise dans la sous-région.
D’après le ministre, le comité technique va démarrer ses travaux dès la fin de cette semaine avec comme objectif de tenir dans le délai de 60 jours fixé au récent sommet tenu en Guinée-Bissau. L’effectif des forces à déployer découlera des travaux détaillés du comité technique. Le montant qui sera mobilisé pour la mise en œuvre du plan d’action existant est estimé à 2,3 milliards de dollars Us. Ce montant pourrait grimper au terme des travaux du comité technique ■