La Nation Bénin...
Le
charbon de bois par carbonisation et loin des méthodes traditionnelles
polluantes. Le Bénin s’adjuge une technologie inspirée par un expert belge avec
un nouveau système de production efficace et simple de charbon. Une vingtaine
de carbonisateurs ont été mis à la disposition de bénéficiaires pour une
implémentation de cette approche, innovante et surtout non polluante.
Le
Belge Marc Moons a développé dans son jardin une technologie « conviviale pour
une production plus efficace de charbon de bois, inspirée par la production
traditionnelle de charbon de bois au Bénin et soutenue par l'expertise en
pyrolyse en Belgique ». Il est question d’obtenir du charbon de bois ou biochar
avec un réacteur à haut rendement d’une capacité de 1,4 m3 à une température
au-delà de 400 degrés. L’obtention du charbon dure trois à quatre heures
d’horloge. Aucun élément électronique n’intervient dans le processus. Pas de
ventilation, ni de pompe et le remplissage et la vidange sont manuels.
Le
processus pour en arriver là suit son cours depuis 2021, avec les acteurs
majeurs du secteur agricole, soutient Prosper Agossou Sagbo, directeur général
de l’Agence territoriale de développement pôle 7. Il fait suite, pour la
filière ananas, à une situation de détresse avec la suspension de l’exportation
de ce fruit vers les pays de l’Union européenne et la nécessité pour le Bénin
de se conformer aux exigences à lui faites. C’est donc en quête de solutions
alternatives que le Bénin a expérimenté une première solution artisanale
importée du Ghana pour éviter l’utilisation du carbure dans les champs
d’ananas. Mais la recherche d’une solution meilleure a abouti à l’option
développée par Marc Moons. « L’objectif principal de ce développement était
d'améliorer la production en la rendant plus efficace, tout en la maintenant
simple, ce qui se traduit par des émissions moins nocives et une consommation
de bois réduite pour la même quantité de charbon de bois produite ».
L’installation
développée répond à ce défi, avec moins de bois et d'émissions. Elle se révèle
bénéfique pour le climat et l'environnement. L’autre chose, c’est d’avoir
obtenu une technologie simple et utilisable dans les zones rurales, sans
commande, ni pompes ni ventilateurs. La transformation se produit dans le
réacteur par une réaction automatique.
Avantages majeurs
Au
total, vingt carbonisateurs ont été mis à la disposition du Bénin et seront
distribués dans plusieurs localités du pays. Il s’agit d’un don de la Belgique
géré par la direction du Soutien financier à l'exportation du Service public
fédéral des Affaires étrangères, du commerce extérieur et de la coopération au
développement, ainsi que par l'Administration des Affaires financières
internationales et européennes. L’Atda est le contractant et a déterminé les
emplacements pour la mise en place des installations. «En plaçant quelques
paniers grillagés dans le réacteur, les installations peuvent également être
utilisées pour la production de biochar et de charbon de bois à partir de
résidus agricoles tels que les coques de noix de cajou, les balles de riz, les
vieux plants d'ananas », renseigne l’agence.
L’ambassadrice
Sandrine Platteau apprécie bien le modèle de partenariat Nord- Sud au profit du
secteur privé, qui a permis d’en arriver à cette solution dont l’un des
avantages majeurs est de permettre une préservation des forêts. Pour y
parvenir, cinq cent mille Euros ont été engagés par le gouvernement belge,
révèle-t-il. Au-delà des avantages écologiques, c’est surtout le secteur
agricole qui se sent soulagé du fait de cette technologie. Elle permet un
meilleur rendement. Au-delà de l’ananas, les filières riz, anacarde et même le
maraîchage seront impactés par l’avènement de ces carbonisateurs, explique le
directeur de cabinet du ministère en charge de l’Agriculture.
Dossa
Aguêmon apprécie autant la diminution des émissions nocives que le court délai
de cuisson et l’utilisation dans les zones rurales sans difficulté. Dans les
jours à venir, dans les départements du Borgou, des Collines, du Mono, de
l’Ouémé… ces nouveaux carbonisateurs seront déployés, assure-t-il. Gildas
Zodome, directeur de Biophyto, dont le site a permis de faire la démonstration
de cette technologie, au nom des bénéficiaires, indiquera tout le soulagement
qui est le leur. Ces équipements apporteront un plus à la production des
engrais organiques et du charbon actif, une matière première indispensable pour
une floraison collective par exemple des champs d’ananas. Les bénéficiaires des
équipements présents ont eu droit à une remise symbolique. S’ensuivront le
déploiement et les formations.