La Nation Bénin...
Les pays de la Cedeao
doivent changer de fusil d’épaule face à l’insécurité dans la sous-région.
C’est à cette conclusion qu’ont abouti les échanges du panel organisé, jeudi 15
février dernier au Chant d’oiseau. initié par l’Institut des artisans de justice
et de paix, ce panel avait pour principaux invités, les anciens ministres
Rogatien Biaou et Arifari Bako Nassirou, et le député Célestin Hounsou.
« Il faut travailler à une
nouvelle coopération sous-régionale ». Le panel de l’Institut des artisans de
justice et de paix (Iajp) s’est voulu clair quant aux actions à mener contre le
terrorisme. La réalité sécuritaire dans la sous-région est symptomatique des
difficultés qu’éprouve la coopération entre les pays pour venir à bout de la
situation. Il y a donc nécessité de repenser les mesures de lutte et de
prévention. De façon spécifique, l’Iajp dresse un bilan très peu reluisant de
la sécurité pour ce qui est du Bénin. L’institut fait observer que le pays
autrefois réputé pour sa stabilité, est confronté à une montée alarmante de
l’insécurité prenant sa source dans le nord, notamment avec la menace
grandissante de groupes extrémistes violents et terroristes dans la sous-région
ouest-africaine. Ses frontières avec le Nigeria et les autres pays limitrophes
devenues poreuses ont exposé le pays à des attaques et enlèvements, témoignant
de l’urgence de la coopération sous-régionale et internationale efficace dans
la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontière.
Pour le panel du jeudi 15
février, l’Iajp a lancé le débat en engageant des discussions interactives
visant à identifier et à élaborer des solutions novatrices et pragmatiques pour
répondre aux défis sécuritaires et économiques, en tenant compte du contexte
démocratique qui est le nôtre. Ainsi, l'ancien ambassadeur et ancien ministre
des Affaires étrangères et de la Coopération, Rogatien Biaou, les honorables
Arifari Bako et Célestin Hounsou, tous deux députés à l'Assemblée nationale 9e
législature, ont été conviés pour débattre de la question. Pour Arifari Bako,
les causes des crises sous-régionales sont diverses et multiformes. Il évoque
notamment les cas du Nigeria, du Mali, du Tchad et de la Guinée, et ajoute que
dans certaines de ces crises, les sapeurs-pompiers sont parfois les pyromanes.
«Tout ceci est renforcé par des politiques de développement qui ne prennent pas
bien en compte les enjeux de la coopération sous-régionale », poursuit Rogatien
Biaou. L’ancien ministre des Affaires étrangères de Mathieu Kérékou confie que
ceci est également dû aux barrières linguistiques et autres, qui se dressent
entre des pays de la sous-région. Se voulant plus catégorique, le député à
l’Assemblée nationale, Célestin Hounsou dira sans ambages que « les
organisations sous- régionales ont tout simplement démissionné ». Les
panélistes s’accordent à reconnaître que la Communauté économique des Etats de
l’Afrique de l’ouest (Cedeao) manque de leadership. L’institution
sous-régionale a manqué de solidarité à un moment clé de la montée des crises.
« C’est la plus grande erreur historique que nous avons commise », déplore
Rogatien Biaou.
Au demeurant, le panel
pense qu’il y a nécessité de refondre la Cedeao, même si tout n’est pas
mauvais. « Il y a de grandes avancées réalisées ; donc, attention à ne pas
jeter le bébé avec l’eau du bain », avertit Arifari Bako.