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Théodore Holo: Tout aussi drôle que rigoureux !

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Par   Anselme Pascal AGUEHOUNDE, le 11 juin 2018 à 06h08

Son allure fière et imposante à l’instar des princes d’Abomey et sa mine souvent neutre et serrée en disent long sur sa personnalité. Tous ceux qui l’observent s’accordent à le dire : « C’est un homme de principe. C’est un homme de rigueur ». Mais une incursion dans la vie privée de cette victime manquée de la Révolution laisse apercevoir une autre facette de l’homme.

Il n’est pas rare de le voir en photo ou lors des réunions, le pouce au menton, l’index et ou le majeur de la main droite sur la joue. Pour ceux qui se demandent la raison, le professeur Théodore Holo répond : «  Ecoutez, c’est une vieille habitude. C’est ma manière de me concentrer. Je suis souvent en réflexion ». Il a de quoi cogiter. Sa vie est une série de responsabilités et pas des moindres. Un des tout premiers professeurs titulaires de Droit public et de Sciences politiques au Bénin, il s’est vu très tôt sollicité dès son retour au terroir. A l’heure du Renouveau démocratique, son profil le fait bon candidat au sein du présidium de la Conférence nationale de 1990, puis membre du bureau du Haut Conseil de la République. Ses compétences ne font pas l’ombre d’un doute. « Au plan professionnel, c’est un enseignant accompli. Tout le monde le reconnaît », assure Me Abraham Zinzindohoué. Son professionnalisme, il l’a aussi révélé à la tête de la Cour constitutionnelle. « Il a été un bon président de la Cour et a contribué à garantir ce à quoi nous sommes tous attachés : la liberté et la démocratie », témoigne le constitutionnaliste Joël Aïvo dont il a été le directeur de thèse. Idem pour son prédécesseur Robert Dossou qui affirme : « C’est un monsieur compétent et il l’a prouvé dans son travail. On peut ne pas être d’accord avec lui sur tout, mais il a accompli sa mission et s’en est sorti de façon impeccable ».

Homme de grande rigueur mais…

Si vous avez rendez-vous avec le président Holo et qu’il vous prend la tentation d’être en retard, vous pouvez croiser deux doigts, vous risquez de ne pas le voir. Que vous soyez, directeur, entrepreneur ou même tête couronnée, personne ne fait fléchir ses principes. « J’aime être ponctuel », affirme-t-il avec un ton qui traduit son attente légitime que l’on soit ainsi à son égard. « En dehors de l’espace privé, c’est un homme de grande rigueur. De loin, quand on l’observe, on voit le juriste rigoureux. Parfois, les gens le voient très renfermé. Ce qui n’est pas faux quand il est dans son travail de juriste, d’homme d’Etat », admet le professeur Joël Aïvo.
Dans les manifestations officielles, il est rare de le voir sourire. D’aucuns se demandent à raison s’il a de ces moments de détente ! Même sa fille, enfant, a pu lui demander s’il sait sourire. Mais il a le secret de faire rire en amusant la galerie. Me Abraham Zinzindohoué laisse entendre : « Mais il vous fait rire à mourir. Quand vous êtes avec lui dans un cadre détendu, il vous sert de ces anecdotes, de ces histoires qui vous amusent. C’est un très bon compagnon. Il vous fait rire. Sur ce plan, sincèrement, il est imbattable », fait-il savoir. Le professeur Joël Aivo confirme : « Dans l’espace privé, c’est un homme très agréable à vivre, très respectueux des gens quels que soient le rang, l’âge, la fonction…Il faut aller à sa table lors d’un déjeuner ou le voir en famille, pour le constater ». Et Théodore Holo corrobore, lui-même sans ambages : « J’adore raconter des histoires, j’adore faire des blagues. Quand on est proche de moi, on le remarque. Chacun de nous a sûrement ces deux facettes », dixit Théodore Holo.

De ces souvenirs inédits !

Le professeur Théodore nous raconte ici un coup de bonne fortune. « Au temps du Parti de la Révolution populaire du Bénin, j’ai échappé à une arrestation. Un lundi de 1985, j’ai pris l’avion, en passant par Lomé pour Libreville où je devais passer le concours d’agrégation. C’était entre septembre et octobre. Ce même jour, nous avions une rencontre du parti à laquelle je devrais être. Vous savez, tous ceux qui y étaient, ont été arrêtés et enfermés pour un mois. Quelle chance pour moi ! », se souvient-il avec la satisfaction d’avoir peut-être manqué le scénario de voyager en express en serviette ou dans la malle d’un véhicule. Cherchant à donner une preuve de la rigidité de ses principes, le professeur Théodore Holo raconte : «  En 1991, pour les élections législatives, j’étais sur la liste de l’Utr et j’étais en deuxième ou troisième position à Cotonou. Sans me prévenir, on m’envoie à Porto-Novo. J’ai renoncé à ma candidature et interdit que mon nom soit inscrit sur la liste. En 1996, le président Soglo a insisté pour que je sois candidat. J’ai cédé à la condition d’être suppléant de Gaston de Souza. Depuis lors, je n’ai plus jamais accepté d’être candidat pour quoi que ce soit parce que j’ai estimé que moi, j’ai eu la chance d’être ministre déjà. Et les autres membres du parti ? », déclare-t-il sur une note qui laisse voir qu’il n’est pas avide de pouvoir.