Tournée de la Cour suprême dans l’Ouémé-Plateau : des dysfonctionnements relevés dans l’œuvre de justice
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Thibaud C. NAGNONHOU, A/R Ouémé-Plateau, le 21 déc. 2021
à
09h18
L’insuffisance de moyens tant humains, matériels que financiers plombe l’œuvre de justice au niveau du Tribunal de première instance de première classe de Porto-Novo, du Tribunal de première instance de deuxième classe de Pobé et des Officiers de police judiciaire (Opj) opérant dans les commissariats. La Cour suprême a fait l’amer constat lors de sa tournée d’inspection, du 13 au 17 décembre dernier, dans les juridictions du fond, les centres de garde à vue et de détention des départements de l’Ouémé et du Plateau.
Se rendre sur le terrain, échanger avec les acteurs de la justice et leur apporter un accompagnement pédagogique devant leur permettre de rendre mieux que par le passé les décisions de justice. Tel est l’objectif de la tournée d’inspection de la Cour suprême qui s’est rendue, du 13 au 17 décembre dernier, dans les juridictions du fond, les centres de garde à vue et de détention des départements de l’Ouémé et du Plateau. Pour le président de la Cour suprême, Victor Dassi Adossou, au terme de la mission, cette descente sur le terrain lui a permis de relever que tout ne tourne pas rond sur le terrain. Il y a des dysfonctionnements. La délégation de la haute juridiction a relevé notamment un manque criant de magistrats au niveau du Parquet du Tpi de Porto-Novo qui n’a que deux membres à savoir le procureur de la République et son substitut. Selon Victor Dassi Adossou, ce nombre est insuffisant par rapport au volume du travail à abattre. C’est carrément un déficit de juges qui a été noté au niveau du Tribunal de Pobé. Le ratio nombre de juges par rapport à la population est minable, relève le président de la Cour suprême. La situation est le même au niveau des Opj. Victor Dassi Adossou dit avoir constaté dans un commissariat de Police seulement deux Opj, le commissaire et un policier pour faire face au lourd travail de constat et de constatation des infractions qui se perpètrent tous les jours.
Le président de la Cour suprême salue, tout de même, le professionnalisme, l’assiduité, la compétence et l’expertise avec lesquelles, ses collègues magistrats ou les Opj exécutent la mission sur le terrain en dépit de l’insuffisance des moyens. « Les Opj sont en amont de la chaîne pénale. Lorsqu’une enquête judiciaire est faussée, elle impacte négativement l’œuvre de justice », a fait remarquer le premier juge béninois. Victor Dassi Adossou fait observer que la justice n’intervient que lorsque les autres formes de l’organisation sociale ont échoué dans leur mission.
Solutionner les problèmes
Cette tournée d’inspection est placée sous le thème : « Le temps de la justice ». Laquelle justice est le pilier de l’édifice démocratique et le socle de l’Etat de droit. « Il y a quelque chose qui ne va pas lorsque le justiciable va attendre deux ans, cinq ans, 10 ans voire 20 ans pour trouver solution à un problème préoccupant qui l’aura amené devant le juge. Il faut mettre fin à cela », indique Victor Dassi Adossou. Sa mandature, à l’en croire, veut faire en sorte que la justice qui est un service public éminent soit rendue dans des délais raisonnables depuis le tribunal jusqu’à la Cour suprême. « Que celui qui va devant le juge n’attend pas de mourir avant que ce dernier ne se prononce sur l’affaire qu’il a porté devant la justice », ambitionne-t-il. Le président de la Cour suprême se dit rassuré d’avoir obtenu de ses collègues magistrats des engagements nécessaires pour qu’il en soit ainsi désormais.
« Le temps de la justice doit être un temps bref, raisonnable, un temps qui permet de donner un sens et un contenu à la justice qui doit être réparatrice des contentieux et des torts causés à nos semblables », explique Victor Dassi Adossou qui a visité aussi les prisons civiles d’Akpro-Missérété et de Porto-Novo. Il promet de rendre compte au président de la République, Patrice Talon et au président de l’Assemblée nationale, Louis Vlavonou, conformément aux dispositions de la loi, de tous les dysfonctionnements relevés sur le terrain pour que des solutions y soient apportées.