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Akym Brym, ancien international de football: Un colosse avant-centre au destin singulier

Société

Attaquant retors, l’ancien international de football Akym Brym, a marqué de son empreinte le football des années 90 au Bénin. Footballeur polyvalent qui allie technique et force physique, il a traîné sa silhouette de catcheur dans beaucoup de clubs. Parcours d’un sportif volontariste, adulé et respecté, dont la carrière n’a malheureusement pas été à la hauteur de ses ambitions.

Par   Sabin LOUMEDJINON, le 27 avr. 2023 à 12h25 Durée 3 min.

Véritable armoire à glace ! Akym Brym, aujourd’hui sexagénaire épanoui, n’a rien perdu de sa jeunesse. Visage d’ange, le colosse à la démarche altière et au physique agréable autant qu’imposant nourrit (malgré tout) sa passion. Du haut de ses 1,80 cm, l’âge n’a presque rien altéré chez ce passionné de football, qui continue de rouler sa bosse sur les aires de jeux. Certes, pas pour y taper encore dans le cuir rond. Il est devenu encadreur technique aux fins de partager son capital-expérience, avec les plus jeunes.
Titulaire d’une licence (C) de la Confédération africaine de foot (Caf), Akym, l’ex-avant-centre dossard n°15 des Etoiles Rouges du Bénin (devenues Ecureuils et aujourd’hui Les Guépards) a contracté le virus du football dans la fleur de l’âge et refuse d’en guérir. « Le football, c’est tout pour moi », aime-t-il à répéter pour signifier le degré de son affection pour ce sport.
Deuxième d’une fratrie de quatre enfants, Akym est né à Djougou d’une mère commerçante et d’un père mécanicien diéséliste aux Travaux publics. Comme tous les jeunes de son âge, Akym a commencé à taper dans les ballons de fortune dans les cours de récréation et dans les rues du quartier Taïfa et environs à Djougou. Volontiers taquin, le petit costaud et belliqueux, mettait souvent en avant sa force physique ainsi que son caractère brut dans les parties de jeu pour, finalement, toujours avoir le dessus sur ses camarades et autres adversaires. « Akym nous brime », s’amusent à lancer ses camarades. « Akym est adepte des jeux brutaux », se souviennent certains amis d’enfance qui, néanmoins, insistent sur le côté sympathique et surtout justicier de « Tarzan » comme certains aiment à l’appeler.
Progressivement, le temps a affermi la passion du jeune Akym, surtout avec sa présence régulière au stade pour y suivre des rencontres de football. Son géniteur Latif Brym, teigneux latéral gauche du mythique club Asso Cotonou, ne se rendait jamais aux séances d’entrainement et/ou à un match de foot, sans son garçon aîné à califourchon sur les épaules. Autant de choses qui ont fortifié davantage la passion du gamin pour la discipline et ont nourri en lui un rêve : « jouer comme mon père, me faire acclamer au stade ».

Bon sang ne saurait mentir

Bouillant garçon au caractère trempé, Akym figurait toujours au premier rang des adolescents à courir derrière un ballon dans les cours de récréation, au Collège d’Enseignement général I de Djougou. Talent technique et athlétique en herbe, le petit collégien dont les résultats scolaires ont fléchi à cause du foot, s’est fortuitement révélé lors d’un tournoi de détection de jeunes. Au cours des Championnats scolaires, il confirme tout le bien dit sur le talent somnolant en lui, tout en affichant insouciance mêlée à la naïveté, comme la plupart des adolescents de son âge. Pour nombre de ses camarades, Akym était vu, à l’époque, comme un gamin heureux dans la cour des grands. Alors que l’intéressé se fichait royalement de ses mauvaises notes en classe, les évènements sportifs s’enchaînaient pour lui. Le club de la commune de Djougou tombe sous le charme des qualités sportives du costaud avant-centre. Il le sollicite. Elève en classe de 5e, voilà Akym en sélection communale. « A peine adolescent et enfiler le maillot de sa commune, n’était pas donné à tout le monde, à cette époque… », confie l’intéressé.
Rapidement, le génie du fils de l’ancien latéral gauche du club Asso Cotonou dépasse le cadre scolaire et communal. Epaté par le talent précoce du jeune élève-footballeur, Charles Ali Kpara, frère aîné de l’emblématique capitaine du Onze national : Ludovic Ali Kpara, décide de parrainer le petit. Akym est confié à Elie Dabli, coach du club du District de Djougou pour désormais évoluer sous « les ailes protectrices d’un grand coach ». Peu de temps après, le jeune homme se bonifie. Son jeu aussi prend de l’envergure. Et il ne cesse d’éblouir tout le monde par ses prouesses. Pour ses aînés, l’unanimité est désormais faite sur le talent du jeune élève à qui il est prédit un « avenir prometteur ». Sans faire la grosse tête, l’intéressé trace progressivement son chemin et assure, chaque weekend, au stade, sous le hourra du public qui le lui rend si bien en le soulevant, à chaque but marqué.
Informé des prouesses du jeune homme au talent précoce de Djougou, le coach Issa Babachene des Lions Fc de l’Atacora bondit sur l’occasion. « Le jeune Akym devient la priorité ». Il se déplace, en personne, à Djougou pour le convaincre et l’intégrer, sans coup férir, dans son effectif. Akym Brym, à peine âgé de 18 ans, ‘’ ex-élève goleador’’ du Ceg 1 de Djougou se retrouve au sommet en enfilant la très convoitée tunique de sa Province (département). Au fil du temps, le jeune homme au sourire franc et communicatif deviendra, un renard des surfaces de réparation et buteur patenté. Pour le gamin, ce n’était pas loin d’un rêve que de s’entrainer avec ses aînés; des célébrités nationales de l’époque dont il entend les noms sur les ondes de la radio nationale. « Lorsque le coach m’a présenté : Georges Pongou, Affo Aske Mohamed, Gounou Ikililou, Tègbandji Tairou, Baba Dendere, Sylvain Béhanzin, Eusèbe Tiando comme étant mes nouveaux coéquipiers, je ne tenais plus sur mes jambes », se rappelle l’actuel entraîneur de foot dont les vieux souvenirs sont restés vivaces.
Entre autres souvenirs, Akym souligne également qu’en 1984, sa génération a réussi, contre toute attente, à offrir le titre de champion du Bénin aux Lions de l’Atacora. C’était l’apothéose. Malheureusement, la campagne africaine qui a suivi, n’a pas été fructueuse. Les ambitions du modeste et inexpérimenté club du septentrion ont été raccourcies par le mythique club du Ghana : Hearts of Oak d’Accra. Akym Brym et ses coéquipiers ont été éliminés dès le premier tour.

Consécration…les couleurs nationales !

Pas du tout frileux, Akym Brym, totalement libéré, a vite pris la mesure des choses. Soutenu par ses parents et coéquipiers, le dossard n° 15 des Bleu et Blanc de l’Atacora, s’explose. Il enchaîne les buts. Rapidement, le ‘’futé avant-centre’’ conquiert le cœur des aficionados. De son tout premier match du Championnat national avec les Lions, il rappelle avec force détails que son club était opposé aux Dragons de l’Ouémé ; champion en titre. ‘’Excentré droit, j’avais pour vis-à-vis, l’international Adolphe Ogouyon ; coriace latéral gauche. Ce jour, je lui ai créé assez de misères’’, se souvient-il, large sourire en coin empreint d’une certaine condescendance dans la voix. Cette rencontre gagnée face aux Dragons Fc, l’un des géants du Championnat national de l’époque, revigore le jeune et lui dope le moral.
A bon vin point d’enseigne. Akym Brym, dans une forme éblouissante, dans le septentrion, la nouvelle a vite fait le tour dans la famille sportive du pays. Le coach national, le Russe Barnabas n’a pas fait la sourde oreille. Akym Brym, jeune fougueux débordant d’énergie, débarque en sélection nationale: les Etoiles Rouges du Bénin, à l’âge de 20 ans. Sans y évoluer longtemps, il y a, tout de même, laissé ses empreintes. C’était la glorieuse époque des Noumahangnan, Ali Kpara, Koukoui, les frères Zèvounou, Gormashe, Tadjin, Edjèkpoto, Sossa. Court mais « enrichissant séjour en sélection nationale », Akym en garde, tout de même, un souvenir agréable et en parle, à chaque fois, avec excitation. La rencontre éliminatoire zone Afrique d’Afrique des Nations opposant le Bénin au Mali a été le match qui l’a le plus marqué, au cours de cette période. « Nous avions les moyens de gagner cette équipe », regrette l’ancien avant-centre des Etoiles Rouges du Bénin.
Virevoltant « danger des surfaces de réparation », devenu l’attraction de tous les grands clubs du pays, Akym a finalement atterri aux Requins de l’Atlantique, en 1985. Le tout puissant président Frédéric Affo avait fait de " sa priorité la pépite du nord ". L’intéressé y a évolué seulement quelques saisons. Puis il s’est expatrié. Il pose ses valises au Burkina Faso. " Le taureau de Djougou " désormais sociétaire de Rails club Kadiogo, pour "une nouvelle expérience, un nouveau défi". De lui, Euloge Adda, fanatique et ancien dirigeant des Requins Fc, garde de bons souvenirs au sein du club phare de Cotonou.