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Excellence en milieu scolaire: Dans les coulisses des lycée et prytanée militaires

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Au Nord du Bénin, à l’abri de tout facteur d’influence négative, les meilleurs élèves de leur génération poursuivent leur cursus secondaire dans la rigueur militaire. Ce système fournit à l’Etat béninois l’élite dans plusieurs domaines. Immersion dans l’univers exceptionnel des enfants de troupe à Natitingou et Bembèrèkè.

Par   Dossier réalisé par Ariel GBAGUIDI & Isidore GOZO, le 09 mai 2023 à 07h07 Durée 3 min.

« Savoir pour mieux servir la Patrie ». C’est la devise des écoles militaires. Le Bénin en possède deux. Le Lycée militaire de jeunes filles Général Mathieu Kérékou de Natitingou (Lmjf-Gmk) et le Prytanée militaire de Bembèrèkè (Pmb). Situés à plus de 520 kilomètres de Cotonou au Nord du pays, ils accueillent les meilleurs cerveaux fraichement sortis des écoles primaires du pays, à la suite d’un concours bien corsé. Ces écoles militaires fonctionnent en régime d’internat. De la sixième en terminale, il n’y a que des élites, la crème des crèmes en perpétuelle émulation intellectuelle.
Les apprenants des deux établissements ne font pas d’office partie de l’Armée béninoise mais ils vivent jour et nuit dans un cadre régi par la rigueur militaire. Ils y sont moulés loin du grand monde et du bruit pour servir plus tard de cadres au sein de l’administration militaire ou civile du Bénin et d’autres pays africains.
Lundi 5 décembre 2022, 6 h 39 min. Le traditionnel harmattan de la fin d’année se fait déjà sentir ici au Lycée militaire de jeunes filles Général Mathieu Kérékou de Natitingou. Il est l’heure pour les pensionnaires de cette école de rallier les salles de classe avant le démarrage des cours à 7 h. Mais certaines filles marchent encore à pas de tortue vers leur salle de classe. L’Adjudant-chef école Noël Bekouana, qui fait office de surveillant général, hausse le ton. Celles qui sont à la traine pressent aussitôt le pas.
7 h 30 min, direction la place d’armes pour la traditionnelle cérémonie des couleurs. Le médecin-lieutenant Gloria Dake est aux commandes. A sa suite, le Commandant-école, Lieutenant-colonel Didier Dindin, prend le commandement et passe la troupe en revue. S’ensuit l’exécution de l’hymne national. Ce jour est particulier pour le Lycée, car il accueille son premier Commandant en second, la Capitaine Silifatou Bouari. Elle est aussi la première femme à avoir accédé à ce niveau de commandement pour une école d’enfants de troupe avec le galon de Capitaine. Au mât, le Commandant-école dresse le parcours inspirant de cette ancienne enfant de troupe très brillante afin qu’elle serve de modèle pour ses jeunes sœurs. La cérémonie des couleurs est suivie de l’exercice traditionnel de défilé militaire. A la fin, les enfants rejoignent leurs classes respectives. Au Prytanée militaire de Bembèrèkè, par contre, ce lundi était simplement marqué par la cérémonie des couleurs.
Le Lycée militaire de jeunes filles Général Mathieu Kérékou de Natitingou est bâti sur une superficie de 11 ha. Le Prytanée militaire de Bembèrèkè s’étend quant à lui sur des terres à perte de vue. Les deux écoles militaires ont la même configuration : salles de classe, bloc administratif, zone vie (logements), terrain de sports et d’instruction militaire, formation sanitaire, réfectoire, salle informatique et résidences (privées) des cadres militaires.
Un enfant de troupe est d’office reconnaissable par son habillement. «Les filles sont en tenue treillis vert armée les lundis. Les autres jours de classe, elles sont en tenue claire kaki. Elles portent le béret kaki, la chemise kaki à deux épaulettes et ayant quatre poches. La jupe descend jusqu’aux genoux et les chaussures basses doivent être de couleur noire. Les trois premières filles ou majors de chaque classe ou groupe pédagogique portent des galons. Elles sont d’emblée les porte-paroles de leurs camarades mais en même temps les premières responsables de la discipline au sein du groupe », détaille le Lieutenant-colonel Didier Dindin. « Au Prytanée militaire de Bembèrèkè, nous nous habillons par rapport aux activités. Nous avons la tenue treillis que nous portons pour les activités militaires. Nous portons la tenue kaki pour les autres activités. Principalement pour la classe de seconde qui a un examen militaire, on leur exige de rester dans les conditions militaires en portant la tenue treillis. Au premier cycle, ils portent la tenue kaki plus culotte courte. Pour le second cycle, c’est la tenue kaki plus pantalon », ajoute le Lieutenant-colonel André Dokoui Fofo, Commandant-école du Pmb.
L’enfant de troupe se distingue aussi par sa discipline corporelle et comportementale. Il a des valeurs telles que la solidarité, la cohésion et la discipline qui le différencient nettement des autres enfants. « Quand vous voyez un groupe d’enfants de troupe, vous lisez forcément ces valeurs en eux. Si vous avez dans votre famille, un enfant de troupe qui se retrouve avec d’autres enfants de troupe, vous allez penser que vous n’êtes pas de sa famille. A l’international, lorsqu’ils se retrouvent, c’est la même chose », explique le premier responsable du Prytanée.
La journée des enfants de troupe commence à 5 h. Elle s’achève à 22 heures et parfois 23 heures pour certaines classes d’examen.

L’excellence au quotidien

Le mécanisme de sélection pour l’accès aux écoles militaires a évolué dans le temps. On n’y rentre que par concours. «Il faut être Béninois, avoir eu son Certificat d’études primaires (Cep) à moins de 13 ans, être classé parmi les 50 meilleurs admis du département dans lequel vous avez composé. A l’issue de cette première sélection, vous êtes autorisé à passer un concours sous la direction des examens et concours en collaboration avec l’Etat-major général », rappelle le Lieutenant-colonel André Dokoui Fofo. Au terme de ce concours très relevé, les trois meilleurs candidats par département d’origine sont sélectionnés, soit un total de 36 filles et 36 garçons. Sous réserve de la visite médicale, ces 72 enfants retenus seront autorisés à intégrer leurs écoles respectives.
Aussi, il existe des échanges d’enfants de troupe dans le cadre de la coopération entre le Bénin et certains pays amis du continent tels que le Burkina Faso, le Mali, le Sénégal, le Togo, la Côte d’Ivoire, la Centrafrique, le Congo Brazzaville, le Niger, la Guinée, le Cameroun et le Tchad. Ainsi, le pays envoie chaque année de nouveaux enfants de troupe suivre leur cursus dans ces pays. A son tour, il reçoit lui aussi des enfants de troupe en provenance de ces pays amis.
Les écoles militaires du Bénin sont un haut lieu de l’excellence scolaire. En exemple, ces cinq dernières années, elles ont obtenu un taux de réussite de 100 %
aux examens nationaux du Brevet d’études du premier cycle (Bepc) et du Baccalauréat (Bac). Elles figurent aussi dans les tops 5 et 10 des meilleures écoles du Bénin à ces examens.

Formation académique

Au plan académique, la formation des enfants de troupe n’est vraiment pas différente de celle des élèves des Collèges d’enseignement général (Ceg) du Bénin. Les écoles militaires ont le même programme scolaire que les Ceg. Les neuf mois de cours sont répartis en deux semestres ; ils ont le même nombre de devoirs surveillés, le même type de congés et les mêmes jours fériés. La moyenne d’admission en classe supérieure est de 10 contre 12 il y a quelques années. Ce qui différencie les écoles militaires des collèges et lycées civils, c’est le système d’encadrement des apprenants. Aux Lycée et Prytanée militaires, le régime d’internat, la discipline et l’emploi du temps des enfants de troupe permettent à l’administration de les encadrer comme cela se doit.
En général, les enfants ne partent voir leurs parents que lors des vacances et des congés de fin d’année. Pour le reste du temps, ils sont sur place et travaillent à maintenir ou relever leur niveau d’excellence.
« Ça nous permet d’avoir la main sur les enfants. Le professeur est en même temps son père, sa mère, son répétiteur… Si par exemple, l’enseignant finit son cours à midi, l’enfant peut lui dire : monsieur, je n’ai pas encore compris telle chose. L’enseignant est obligé de trouver un créneau pour réexpliquer le cours ou travailler avec l’enfant », explique Rachel Aïnan Avocegamou, directrice des études (De) du Lmjf-Gmk. « Les soirs après la restauration, ajoute son collègue du Prytanée militaire de Bembèrèkè, Na-Harou Daouda, les enfants retournent dans leur classe pour étudier de 20 h à 23 h. Les chefs de section qui sont une équipe d’encadreurs militaires désignés par le Bureau instructions et opérations (Bio), restent sur place pour le suivi des enfants, et il y a une équipe de professeurs, chaque soir, pour surveiller les enfants pendant leurs études ».
Face aux professeurs, Rachel Aïnan Avocègamou ne cesse d’insister sur le fait que les enfants, surtout ceux en classe d’examen, doivent sortir des cours avec zéro difficulté en tête. Sinon, il vaudrait mieux pour l’enseignant de rendre le tablier. Ainsi, pour toute forme d’exercice, l’enseignant doit être présent, prêt à aider les apprenants. « Entre 12 h et 15 h, ils (les enseignants) sont là, à l’approche des devoirs, ils sont également là et ils travaillent dans l’une des trois salles des profs, pour accompagner vraiment les enfants qui doivent repartir avec zéro difficulté », souligne la directrice des études du Lmjf-Gmk. A tout ceci, s’ajoutent les séances gratuites de travaux dirigés (Td). « L’Etat dégage des fonds pour renforcer le niveau des enfants à travers des séances de Td. Les travaux dirigés débutent en janvier et nous les organisons les vendredis soir et les samedis matin », informe Na-Harou Daouda.
Les enseignants sont déployés dans les écoles militaires par le ministère des Enseignements secondaire, technique et de la Formation professionnelle, suivant des critères bien précis. Compte tenu de leur investissement, ils bénéficient de plusieurs avantages. Avec l’aide du gouvernement, un arrêté a été pris pour fixer des primes d’encouragement dites « primes de sédentarisation » pour ces enseignants. « Ce mécanisme vise à fidéliser nos enseignants… », explique le Lieutenant-colonel Didier Dindin, ajoutant qu’il est heureux d’avoir un corps enseignant motivé sur qui il peut compter pour mieux booster le niveau des enfants de troupe. En plus de ces primes, les deux écoles ont institué des prix destinés aux meilleurs enseignants et enfants de troupe.
Le Prytanée, par exemple, dans l’optique d’inciter les professeurs à donner le meilleur d’eux-mêmes, a initié le ‘‘ Prix du commandant du Pmb ’’ qui récompense l’enseignant de la matière dans laquelle les apprenants ont le plus excellé à l’issue des examens de fin d’année.
L’autre chose qui participe aussi à l’excellence dans les écoles militaires est que les interrogations et devoirs surveillés internes sont renforcés.
« Nous essayons de relever le niveau des sujets d’évaluations formatives parce que depuis la sixième, les enfants qu’on nous met à disposition sont les meilleurs de ce pays. Nous ne devons pas les former au rabais. C’est pourquoi déjà au niveau des évaluations nous faisons vraiment attention… », témoigne Romain Hounsinou, professeur de Physique Chimie et Technologies au Lmjf-Gmk.
« Le niveau des élèves est bien corsé dans les évaluations. Ce qui fait qu’arrivés à l’examen, ils s’en sortent brillamment… »,
appuie Firmin Fagla Houndonougbo, enseignant d’anglais et lauréat du ‘‘ Prix du commandant du Pmb ’’ édition 2022.
Le défi au niveau des écoles militaires est d’obtenir davantage de meilleures places aux examens nationaux prochains. Main dans la main, encadreurs militaires et civils s’emploient à atteindre cet objectif. « Si cette année, le premier du Bénin ne vient pas du Pmb, ça veut dire qu’on aurait échoué ». Arracher la première place au Bac et au Bepc, c’est le challenge que se lancent une fois encore le commandant école du Prytanée, Lieutenant-colonel André Dokoui Fofo, et ses collaborateurs. L’objectif est le même au Lmjf-Gmk. Ce duel à distance illustre aussi la forte émulation intellectuelle entre les écoles militaires qui se mesurent l’une à l’autre de façon perpétuelle.

Formation militaire

Au Lycée comme au Prytanée, l’instruction militaire théorique et pratique se déroule tous les mercredis, vendredis et parfois les samedis. Mais les classes de troisième et terminale sont épargnées pour des raisons d’examens académiques. Les autres classes reçoivent les cours militaires tels que le Combat, l’Ordre serré (Os), l’Instruction sur le tir, la Topographie, l’Hygiène et le secourisme, le Règlement militaire.
« L’éducation physique et sportive se déroule les samedis matin ainsi que les séances de tirs aux armes légères d’infanterie. Pendant les congés de pâques, nous les emmenons en bivouac en brousse afin qu’ils puissent mettre en pratique ce que nous leur avions appris en classe », détaille le Capitaine Christian Porimate qui fait office de commandant en second du Pmb.
En plus de l’instruction militaire, le Bio dispense l’éducation civique et le patriotisme aux enfants de troupe à travers des séances de sensibilisations sur différents thèmes dont celui des maladies sexuellement transmissibles.
Autre point important, les membres de l’encadrement des écoles militaires se montrent exemplaires (comme l’exige d’ailleurs la discipline militaire en général). Ce qui constitue une source d’inspiration pour les enfants. Dans l’Armée, le respect de la hiérarchie est un principe indiscutable. Les enfants de troupe sont aussi éduqués à respecter leurs aînés. En cas de désobéissance à un aîné ou d’abus de pouvoir de la part d’un aîné, l’encadrement militaire applique la sanction correspondant à la faute commise. La punition peut aller jusqu’au
‘‘poste de police’’, expression interne aux écoles militaires, qui désigne la prison, l’arrêt de rigueur. « Nous avons trois niveaux de sanctions prévus à savoir : les consignes, les arrêts simples et les arrêts de rigueur. Nous avons aussi les renvois temporaires. Lorsque ça devient assez grave, l’élève peut écoper de deux semaines de renvoi temporaire chez ses parents. Si tout ceci n’a pas marché, on va au conseil de discipline, dirigé par le commandant école, qui peut aboutir à un renvoi définitif », explique le Lieutenant Samuel Dakpè.
Les cours militaires sont programmés par le Bio composé exclusivement d’hommes en uniforme. L’Os est le premier cours que les enfants de troupe reçoivent dès leur entrée en classe de sixième. Ce jeudi 8 décembre 2022, les nouvelles recrues du Prytanée exécutent des tableaux en rangs serrés à la place d’armes. C’est un cours qu’ils suivent depuis plusieurs semaines déjà. Les chants et pas exécutés par la trentaine d’enfants de troupe donnent la chair de poule aux passants qui s’étaient amassés le long de la route pour admirer l’exercice de loin. « Alignement !
Alignement !... », lance tout d’un coup l’instructeur principal pour exiger des rangs bien droits. « Regardez la nuque de celui qui est devant vous ! », ajoute un autre instructeur. Ce dernier ordonne aux classes supérieures de rejoindre leur emplacement à la place d’armes pour la première répétition de la traditionnelle cérémonie de port d’attributs aux enfants de troupe de la sixième. L’événement a souvent lieu en présence des parents des nouvelles recrues. Capitaine Christian Porimate et Lieutenant Samuel Dakpè, respectivement chef Bio par intérim et commandant de la deuxième compagnie d’élèves appuient les instructeurs dans cet exercice d’ensemble. Il s’agit d’un tableau au cours duquel les terminales ont simulé le port d’attributs à leurs jeunes frères de la sixième. Ce moment solennel est clôturé en apothéose par un exercice de défilé militaire d’ensemble à commencer par les terminales, suivies des premières, ainsi de suite. L’exercice sera repris en présence du commandant école avant le jour J de la cérémonie proprement dite de port d’attributs, informent les encadreurs.
L’instruction militaire dans les deux écoles est sanctionnée par le Brevet de préparation militaire supérieur (Bpms), un diplôme réservé aux classes de seconde, et qui donne droit au galon de Sergent lorsque l’enfant de troupe est recruté dans l’Armée. Il y a deux ans, le Bpms était précédé du Brevet de préparation militaire élémentaire (Bpme) qui équivaut au galon de Caporal. Cet examen se déroulait en classe de quatrième et celui du Bpms en classe de première. « Suite aux nouvelles réformes, seul le Bpms a été retenu, et est désormais réservé aux enfants de troupe de la classe de seconde », soulignent les membres des commandements des deux écoles militaires.
Pour décrocher le Bpms, l’enfant de troupe doit réussir en premier l’épreuve physique et sportive appelée Parcours d’obstacles (Po). Cette évaluation est une succession de 20 obstacles étendus sur 500 mètres. Certains obstacles sont en hauteur comme « l’échelle de corde » ou « le mur d’escalade ». D’autres sont en profondeur à l’instar de la « fosse aux ours ». Le candidat doit franchir les 20 obstacles en 3 minutes au maximum pour espérer obtenir la note 20 sur 20 à l’examen. A chaque 15 secondes de plus, il perd des points. Les filles sont exemptées de certains obstacles lors de l’examen : « la table irlandaise » par exemple.
Vendredi 9 décembre 2022. Il est 12 h 30. Les enfants de troupe des classes de seconde du Prytanée militaire de Bembèrèkè arborent leur tenue bleue militaire. Ordre serré, direction le Po sous les ordres du moniteur, Sergent-chef Jules T. Nahouan. « Cet après-midi, ils feront certains obstacles dont l’échelle de corde, l’aire de ramper (réseau de barbelés à franchir en rampant), la poutre d’équilibre à franchir en courant et la table irlandaise », informe-t-il. La quinzaine d’enfants de troupe se met à l’œuvre. Samwil Wiston Loko a 15 ans. Sa petite taille ne lui facilite pas la tâche. « Je trouve les exercices assez faciles mais ma taille ne me permet pas de m’en sortir… », reconnaît le jeune garçon presque essoufflé après avoir tenté en vain d’escalader la table irlandaise qui semble être sa bête noire. « Pour réussir l’examen, poursuit-il, le chef de section m’a conseillé de pomper davantage et de faire les exercices d’extension de jambe ».

Zone vie

Appelée ‘‘ cabines ’’ ou ‘‘ zone dortoir ’’ dans le jargon civil, la zone vie dans les Lycée et Prytanée militaires est le lieu où crèchent les enfants de troupe. Cette zone respecte une certaine commodité.
Déjà sur pied à 5 heures du matin, l’enfant de troupe se doit d’exécuter ses travaux de nettoyage et autres, avant de se rendre au cours. « L’enfant sait que lorsqu’il se réveille très tôt le matin, il arrange son lit et tout son dortoir. Après cela, il se rend sous la douche pour se mettre au propre. Il se rend par la suite au réfectoire pour prendre son petit déjeuner et ensemble, classe par classe, ils s’alignent pour rejoindre la zone académique »,
explique l’Adjudant-chef école du Prytanée, Damien Houssou qui occupe cette fonction depuis septembre 2017.
Au Lycée militaire de jeunes filles de Natitingou, c’est l’Adjudant-chef Christelle Zonabona qui est chargée de veiller à l’entretien de la zone vie de même que des salles de classe. Centrafricaine, elle a été affectée dans cette école d’excellence depuis 2020 comme cadre par l’Etat-major centrafricain pour servir de tutrice permanente aux enfants de troupe de son pays.
Elle participe activement à l’encadrement de toutes les apprenantes et sert de ‘‘ passerelle ’’ entre les enfants de troupe envoyées par son pays et leurs parents et l’Etat-major centrafricain.
Au niveau des dortoirs, les filles rangent leurs affaires, nettoient les chambres et les toilettes. Quant à l’équipe de surveillance, elle fait la ronde pour s’assurer de la propreté des lieux. « Nous connaissons les secteurs de nettoyage de chacune d’elles. Un secteur mal entretenu équivaut à une séance de corvée à midi pour sa propriétaire », précise l’Adjudant-chef Christelle Zonabona. Noël Bekouana, l’Adjudant-chef école du Lmjf-Gmk est également impliqué dans ce processus de propreté générale ; sauf que lui et tous les cadres de sexe masculin n’ont pas accès à la zone vie. Les mécanismes de protection des filles le proscrivent et cela est rigoureusement mis en application au sein du Lycée. « Celle qui s’en occupe me rend compte régulièrement. S’il y a lieu de réprimer, je le fais », dit-il.

Menus alimentaires sains et équilibrés

Pour ce qui est de la restauration dans les écoles militaires, les enfants de troupe n’ont aucun souci à se faire. Ils peuvent se targuer d’avoir de meilleures conditions alimentaires. Les repas sont généralement apprêtés à temps et dans les conditions hygiéniques appropriées. Déjà entre 6 h et 6 h 45 minutes, ils se retrouvent au réfectoire pour prendre leur petit déjeuner avant de rejoindre les classes à 7 h. Pareil à midi pour le déjeuner lorsqu’ils sortent des cours et à 19 h pour le dîner.
A la création des deux écoles, c’était l’Armée qui assurait l’alimentation. Mais aujourd’hui, ce service est externalisé pour une bonne prise en charge des enfants. Cinq années déjà que l’Etat a contracté avec deux prestataires en restauration, pour chaque école, qui s’alternent pour apprêter les trois repas de la journée aux enfants et au personnel d’encadrement. Quant à la programmation des repas, les enfants de troupe sont conviés le 25 de chaque mois à une réunion de choix de menus. La séance se déroule sous les regards du commandant école, de l’Adjudant-chef école et du médecin chef école qui essaient toujours de voir si le choix des enfants est bon pour leur santé. « Ce sont les enfants qui décident des repas qu’elles veulent avoir dans leurs assiettes du petit déjeuner jusqu’au diner », confirme le commandant école, le Lieutenant-colonel Didier Dindin.
Pour éviter des situations d’insécurité alimentaire et autres, les équipes de prestataires veillent à la propreté de l’ordinaire et du réfectoire. Elles portent aussi des gants et des bavettes avant de servir les repas aux enfants. En gros, rien n’est laissé au hasard. Ici au Lmjf-Gmk, c’est le médecin-lieutenant Gloria Dake, médecin chef, et son équipe qui veillent au grain. « Les prestataires en restauration sont sensibilisés aux mesures hygiéniques à prendre pour pouvoir apprêter les repas. Nous faisons des inspections à la cuisine au moins deux fois par semaine pour pouvoir contrôler les conditions dans lesquelles s’effectue la cuisson des repas »,
informe-t-elle. Au Prytanée, le contrôle est aussi strict et le mot d’ordre reste clair : « pas de complications sanitaires dues à la gastronomie ».

Soutien médical au point

Afin d’assurer de bonnes conditions de santé aux enfants de troupe, l’Etat béninois a aussi mis à la disposition de chaque école, un centre de santé. Ces centres travaillent chaque jour à maintenir les enfants en bonne santé.
Au Lycée militaire de jeunes filles de Natitingou, le poste médical est animé exclusivement par un personnel féminin, du médecin-chef aux aides-soignantes en passant par les infirmières. Sa mission principale est d’assurer en toute circonstance, le soutien médical aux enfants de troupe ainsi qu’au personnel d’encadrement. Cette veille passe par la prévention, la sensibilisation et les soins curatifs. « Nous ne soignons pas que les enfants de troupe, nous intervenons aussi lorsqu’il y a un problème de santé au niveau des membres d’encadrement, qu’ils soient civils ou militaires et ceux qui apprêtent les repas », ajoute le Médecin-lieutenant Gloria Dake, médecin chef du poste médical.
La prévention passe par la sensibilisation à l’hygiène individuelle et collective. « Les filles doivent évoluer dans un milieu sain. Donc, on fait en sorte que le milieu soit sain pour qu’elles puissent étudier et atteindre les résultats que l’Etat attend d’elles », souligne la première responsable du poste médical. L’autre cas qui occupe les agents de santé est la prise en charge des pathologies. En la matière, le Lycée dispose de personnel qualifié de même qu’une pharmacie. « L’Etat a fait un effort vraiment louable en mettant en place un fonds santé pour la prise en charge des enfants », informe le médecin-lieutenant Gloria Dake.
Du côté du Prytanée militaire de Bembèrèkè, les jeunes garçons bénéficient aussi des soins adéquats. Ils sont pris en charge au Centre médico-social de la garnison de Bembèrèkè, qui est une formation sanitaire militaire ouverte à la population civile. Les enfants du Pmb sont pris en charge à 100 %, a fait noter le médecin-lieutenant Euphrem Loko, médecin chef adjoint du Centre. Tout comme au niveau du Lmjf-Gmk, les maladies fréquemment traitées sont le paludisme et les traumatismes. A l’approche des examens, les apprenants des classes de troisième et terminale bénéficient d’une attention particulière. Ils sont traités en général deux semaines avant les examens afin de les maintenir en forme.
Au sein des enfants de troupe, les plus fragiles sont ceux de la classe de sixième. C’est pour cette raison, selon le médecin-lieutenant Euphrem Loko, qu’ils effectuent une visite médicale dès leur entrée au Prytanée et à chaque fois pour le contrôle de leur état de santé.