La Nation Bénin...

Lanting Forum: La modernisation à la chinoise en débat

International

Shanghai, l’une des plus grandes villes de la Chine, centre financier international par excellence, a accueilli, vendredi 21 avril, des personnalités de la haute sphère économique et financière, des acteurs politiques, des universitaires et scientifiques chinois et étrangers, ainsi que des journalistes pour des échanges sur la modernisation à la chinoise.

Par   De Shanghai, Josué F. MEHOUENOU, le 24 avr. 2023 à 05h59 Durée 4 min.

Le modèle de «La modernisation à la chinoise» comporte des éléments communs aux processus de modernisation de tous les pays. Mais il se distingue par des caractéristiques propres telles que la modernisation d’une immense population, la modernisation de la prospérité commune pour tous, la modernisation de l’avancement matériel et culturel-éthique, la modernisation de l’harmonie entre l’humanité et la nature et la modernisation du développement pacifique. Il mérite donc qu’on y consacre des réflexions. Exercice périodique auquel s’adonne le ministère chinois des Affaires étrangères à travers l’un des bras opérationnels, l’Association chinoise de diplomatie publique.
Selon les organisateurs, la modernisation chinoise offre des solutions à de nombreux défis relatifs au développement humain. Elle « brise le mythe selon lequel la modernisation est une occidentalisation, crée une nouvelle forme de progrès humain et constitue une importante source d’inspiration pour le monde, en particulier pour les pays en développement», renseignent-ils. Pour eux, le processus de modernisation de la Chine est un accélérateur de la force de paix, de justice et de progrès dans le monde. Raison pour laquelle, ils ont pensé cette rencontre qui en est à sa septième édition, et la première hors des locaux du ministère. Des panélistes et personnalités de tous ordres y étaient pour croiser les analyses et réflexions. Il était question au terme de la rencontre, de travailler « pour réformer et développer le système de gouvernance mondiale et rendre l’ordre international plus juste et équitable », en vue de faire progresser la modernisation de l’humanité dans un environnement d’égalité des droits, d’égalité des chances et de règles équitables, révèle la documentation sur le forum.

Rechercher des formules contre la pauvreté

C’est en sa double qualité d’ancienne présidente du Brésil et de première responsable d’une institution financière de haut niveau que Dilma Vana Rousseff a été invitée parmi les personnalités de la haute sphère financière au forum sur la modernisation à la chinoise de Shanghai. « En tant qu’ancienne présidente du Brésil, je suis pleinement consciente de ce que différents modèles de modernisation peuvent signifier pour les habitants des pays du Sud… Je note que la principale caractéristique de la modernisation chinoise est qu’elle est centrée sur les personnes, basée sur le principe de la prospérité commune », a soutenu cette économiste expérimentée. La Chine a réussi à sortir plus de 800 millions de personnes de l’extrême pauvreté. « C’est déjà un grand exploit, sans précédent dans l’histoire de l’humanité », reconnait-elle. Malgré cette prouesse, elle trouve que le pays poursuit sur cette lancée avec l’objectif de « créer une société socialiste moderne d’ici 2030 ». Avancer du point de vue scientifique et technologique dans l’industrialisation, en ajoutant plus de valeur à la production et en générant des emplois plus nombreux et de meilleure qualité, est un grand défi, assure-t-elle. La dynamique de modernisation proposée et promue par la Chine, en créant une nouvelle alternative, démontre qu’un autre monde est nécessaire et possible et cela est crucial en cette période de fragmentation accrue causée par le changement climatique, l’intensification des conflits géopolitiques, la perturbation des chaînes de production... dira aussi Dilma Vana Rousseff.
Tout comme elle, Mamadou Tangara, ministre des Affaires étrangères de la Gambie, se pâme d’admiration pour l’effort de redressement économique que connaît la Chine. Il voit à travers ce pays, « une lueur d’espoir pour tous les pays en développement ». Pour l’Afrique, indique-t-il, « la perception du continent comme un lieu synonyme d’appauvrissement effronté est une simple conjecture, une prédiction injuste qui n’est pas devenue réalité ». Ce forum représente d’après ses déclarations, «une bonne plateforme pour nous permettre d’examiner collectivement les questions fondamentales de notre système mondial contemporain et ses effets». Mamadou Tangara indique par ailleurs que «la modernité de la Chine est une inspiration et une preuve que ce siècle offre des options uniques et viables pour ancrer nos objectifs de développement». Elle s’attaque de manière résolue aux déficits mondiaux de développement, de paix, de gouvernance et de confiance, poursuit-il. Aussi, l’assimile-t-il à un « miracle dans l’histoire du développement humain ». Mamadou Tangara insiste aussi pour dire que « la transformation socio-économique de la Chine est sans précédent et témoigne de la grande utilité d’un leadership national compétent, visionnaire et stable.

Un choix

Qin Gang, conseiller d’État et ministre des Affaires étrangères, présente lui, l’option de développement de son pays et la ligne de conduite politique qui s’ensuit comme un choix. « La modernisation à la chinoise est un choix évident de la Chine après cent ans de développement. Ayant traversé de dures épreuves, la modernisation de la Chine connaît des moments difficiles, mais aussi glorieux, et porte un rêve grandiose », introduit-il dans son adresse d’ouverture du forum. « Jadis pauvre et arriérée, la Chine est aujourd’hui la deuxième économie mondiale et le premier pays en termes de commerce de marchandises, de réserve de devises et d’industrie manufacturière », expose-t-il.
Il fera ensuite savoir que le pays a aussi mis en place les plus grands systèmes d’éducation obligatoire, de protection sociale et de santé au monde. «Nous avons accompli en quelques décennies seulement un processus d’industrialisation… en avançant à pas de géant, à rattraper l’évolution de l’époque». Impératif incontournable, selon lui, cette modernisation a permis de promouvoir le renouveau sur tous les plans. Le développement économique accéléré, la stabilité sociale durable, l’éradication de la pauvreté absolue, la construction d’une société de moyenne aisance… constituent des piliers de cette transformation dont Qin Gang ne se sent que trop fier.
« Nous avons accompli une grande transformation, passant d’une nation relevée à une nation riche, puis à une nation puissante, et fait en sorte que le grand renouveau de la nation chinoise entre dans un processus historique irréversible», soutient aussi le ministre chinois. Pour finir, il soutiendra que « la modernisation à la chinoise est un résultat logique des lois du développement de l’humanité… une voie adaptée aux réalités nationales et favorable au développement du peuple ». Tout pays est en mesure de réaliser le rêve de modernisation, en revanche, «toute approche consistant à se rogner le pied pour l’adapter à la chaussure ou à copier mécaniquement le modèle des autres sera contreproductive et pourrait même donner des conséquences désastreuses», prévient Qin Gang. «Réaliser la modernisation était une aspiration constante que poursuivait le peuple chinois depuis les temps modernes, et aussi une aspiration commune de tous les peuples du monde. Pour se moderniser, un pays doit non seulement suivre les règles générales, mais aussi et surtout prendre en compte ses réalités nationales et valoriser ses propres caractéristiques », a par ailleurs indiqué le président Xi Jinping dans une adresse aux participants au forum et lue à l’occasion.