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L'éditorial de Paul Amoussou: La vitalité diplomatique continue

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“Seul le Bénin est éternel”, dixit Patrice Talon. Il en va du Bénin comme de la diplomatie : elle est immuable dans le fond, et ondoyante sur ses bords, ses formes... Aussi, le tout nouveau ministre des Affaires étrangères, tout en passant un nouveau cap, sa nomination en soi en est un, devrait s’inscrire dans une certaine continuité et surfer sur les acquis de son prédécesseur tout en posant ses jalons. Car, ce dernier a eu, sept années durant, du mérite au service de la diplomatie béninoise qu’il a portée avec foi, passion et une certaine idée du Bénin, comme dirait de Gaulle. Il suffit, baromètre ô combien important, de prendre le pouls de sa cote près le corps diplomatique accrédité au Bénin pour s’en convaincre.

Par   Paul AMOUSSOU, le 09 juin 2023 à 08h04 Durée 3 min.

Agbénonci aura réussi à faire bouger, sous la férule du chef de l’État, les lignes diplomatiques du Bénin trop longtemps frappées d’immobilisme, voire d’éclampsie. Avec l’entregent melangé à une certaine morgue caractéristique des cadres du moule onusien, le plus grand mérite d’Aurélien Agbénonci (AA) reste d’avoir décomplexé la diplomatie béninoise débarrassée de ses oripeaux et désormais sortie de ses starting-blocks pour véritablement aller à la conquête du monde, pour surtout révéler le Bénin au monde, petit pays de par sa superficie mais grand par sa forte identité depuis 2016 mieux affirmée et ses ambitions plus grandes et mieux portées. Pour cela, il mérite d’être salué, sans qu’il ne soit nécessaire d’épiloguer sur les raisons de sa sortie inattendue du gouvernement, et sans devoir non plus spéculer sur la pointe d’amertume notée dans son discours de passation de charges. Faiblesse ou expression tout humaine. D’autant plus qu’il bat un record de longévité du fait d’un bail qu’on pourrait juger trop long d’Aurélien Agbénonci à la tête d’un département usant car exigeant. Le renouvellement prononcé et le rajeunissement de son cabinet faits en 2021 en sont les témoignages les plus vibrants, mais n’auront pas suffi à donner un nouveau souffle au désormais ex-chef de la diplomatie béninoise, dans un monde non pas en perpétuelle mutation mais mutant en soi depuis l’épreuve Covid-19, avec des considérations chaque fois renouvelées. D’où une nouvelle dynamique s’imposait-elle. Est-il resté en phase avec ces exigences très actuelles ? L’entendre parler avec conviction d’intelligence artificielle et des pièges que recèlent les réseaux sociaux, laisse croire que oui. Mais a-t-il encore l’énergie pour opérer autrement que de se mirer, autre faiblesse humaine, dans ses bons résultats qu’il a rappelés en quittant ses fonctions ? On ne le saura jamais. Place à la jeunesse, dirait-on. Shegun Akadiri Bakari (SAB), le nouveau chancelier est appelé à faire ses preuves, sans aucun soupçon de jeunisme. Au nom du Bénin. Déterminant pour lequel le chef de l’État et son ami de trente ans débarqué pour la cause, trinqueront sous peu, pour se satisfaire tous deux que le casting fut bon. Ne serait-ce que pour le repos du vieux guerrier Agbénonci. Pour le Bénin. A SAB de jouer.