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L'éditorial de Paul Amoussou: Panache démocratique

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Alternance ! C’est le mot qui fâche le plus sur la scène politique en Afrique. Là où le bât blesse, un véritable goulot d’étranglement de la vitalité démocratique. Inéluctable, l’alternance est la substance même du système démocratique, comme l’attestent les exemples en la matière.

Par   Paul AMOUSSOU, le 07 juil. 2023 à 07h20 Durée 2 min.
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Beaux clichés ! Ces images de Chirac et Mitterrand sur la cour de l’Elysée, l’un y prenant ses marques, tout heureux de l’occurrence, l’autre sur le départ, sans une once de regret, s’en allant d’un pas leste. Inutile d’insister sur le détail suivant lequel les acteurs de ce cliché idyllique étaient de farouches adversaires politiques, et d’avoir traité Chirac « d’agité, inapte à la fonction » n’aura pas empêché Mitterrand de partir à l’occasion le sourire aux lèvres et de laisser la présidence de la République française entre les mains de ce dernier. Chirac, portant les mêmes réflexions que Mitterrand sur son successeur, aura passé le témoin à Sarkozy qui, à son tour, passe avec panache le témoin à Hollande, qui aura peut-être oublié de le raccompagner à l’instar de ses prédécesseurs, encore sous l’euphorie de sa victoire. En Allemagne, comme Helmut Kohl avec lui, Gerhard Schröder a procédé de même avec Angela Merkel, dans une forte symbolique de continuité de l’Etat…
En Occident, sauf si l’on s’appelle Trump, dans les pays qu’on qualifie de démocraties établies, l’alternance au sommet de l’Etat ne se passe pas pour le sortant comme si on lui arrachait les ongles des pieds à la tenaille ! Tout le contraire, à quelques nuances près, sous les tropiques où la règle serait plutôt à la contestation des résultats et aux manœuvres visant à s’accrocher au pouvoir. Pour le peu d’alternances qui y ont eu cours, beaucoup ne se sont pas déroulées sans accroc !  
Ceci ne donne pas pour autant raison à ceux qui veulent attester que les bons procédés démocratiques sont incompatibles avec les usages en Afrique. Seulement, la passation de charges à la tête de nos Etats relève pour ses acteurs d’une épreuve de torture. Cela tient-il de quelque fond culturel comme certains avis laissent à le croire, prétextant que le roi ne connait pas de son vivant son successeur ? Les dauphins sont dans la mer, a ironisé Mathieu Kérékou. Il en va pourtant du monarque africain comme des monarques du monde entier.
Des monarchies d’hier aux républiques d’aujourd’hui, les mutations et modèles institutionnels ont suivi quasiment le même cheminement, d’un pays à l’autre, d’un continent à l’autre, avec plus ou moins de heurts et de bonheurs. Ce qui présage de lendemains meilleurs pour la démocratie en Afrique où viendra le temps d’alternance sans contrainte…Un tel printemps ne saurait être sans un personnel politique au diapason de l’enjeu.