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L'éditorial de Paul Amoussou: Petite leçon de démocratie

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Une démocratie sans développement n’a pas de sens, et manque de substance. Récemment, dans l’histoire politique du Bénin, le président Boni Yayi a eu la bonne inspiration de s’interroger à haute voix à ce propos. Mais sans plus. Son successeur à la tête de l’Etat béninois a conceptualisé cette grande interrogation et en a fait un leitmotiv de son action à la tête du pays.

Par   Paul AMOUSSOU, le 05 juin 2023 à 09h29 Durée 2 min.

La démocratie, telle qu’impulsée au Bénin comme un peu partout en Afrique, s’est voulue davantage un rite initiatique qu’il fallait honorer. On dirait un vaudou qu’il faut sortir à ses jours convenus, et à qui il faut faire des libations saisonnières, a travers la tenue (régulière) des élections et l’alternance au sommet de l’Etat…Tant que les rendez-vous électoraux sont régulièrement honorés, on passe pour être un bon élève de la démocratie en Afrique, a fortiori lorsque le fétiche, disons le verrou de limitation de mandat (fixé à deux) n’est pas sauté ! Alléluia !
Mais on ne saurait se contenter de ces principes de la démocratie, fondamentaux il est vrai, pour prétendre à un processus démocratique abouti. Il faut que suive l’action de développement, c’est-à-dire la garantie de sécurité, de bien-être et d’un certain épanouissement des populations. C’est quelque chose d’organique.
A cela, il faut ajouter une certaine maturation des mêmes cibles, à savoir les populations qui doivent internaliser non seulement les fondamentaux de la démocratie mais aussi ses déterminants, ses implications, son fonctionnement… De cela va découler la maturité démocratique qui fait, trente ans après, encore défaut sous les tropiques.
Une chose importante que beaucoup ignorent ou n’intègrent pas encore et qui pourtant lui est intrinsèque, est que le socle de la démocratie est la loi, rien que la loi. Un déterminant qui prend vie à travers l’action de la justice. Mais alors, quelle justice ? Celle qui traite de tous les cas, parait intéressante dans une démocratie mature, et qui ne fait aucun discernement selon que vous vous appelez Dominique Strauss-Kahn, Jacques Chirac, Alain Juppé, Roland Dumas, Nicolas Sarkozy, Donald Trump, Ousmane Sonko ou tutti quanti…Et quand vient l’heure du jugement, une chose qu’on ne saurait occulter est qu’autant Dominique Strauss-Kahn était trop porté sur la chose et n’a eu besoin de l’aide de personne pour foutre en l’air une carrière politique très prometteuse, autant Ousmane Sonko n’a eu besoin de personne pour son petit passage coquin chez sa petite masseuse…Petite leçon de démocratie : les faits sont sacrés, et les spéculations libres, mais la position politique ne doit pas servir de vaccin, de paravent à l’action judiciaire dans une démocratie. Accéder à ceci serait un pas de géant de consenti, pour l’avancée démocratique.