La Nation Bénin...

L'éditorial de Paul Amoussou: Tour de maître, tour de passe-passe

Actualités

Le peuple ! A tous les coups, il a bon dos !  Dans le champ lexical des politiques, cette terminologie doit s’appréhender comme la masse imprécise, plutôt diffuse, au nom de laquelle les politiques aiment à parler, opportunément, laissant croire qu’ils portent sa cause, défendent ses intérêts. Cela peut être vu comme une stratégie pour gagner sa confiance et son soutien. Existe-t-il des attentes, une demande sociale, des desiderata dans l’air du temps, sur lesquels le peuple fait-il focus ? Les professionnels de la politique avisés s’empressent de s’en saisir, de s’en vêtir et de le défendre comme si leur vie en dépendait. Et partant, leur musicologie ne surfe plus que sur cette vague, jusqu’à épuisement du filon. Ou du moins, jusqu’à ce que la cause soit entendue, autrement dit jusqu’à ce que le gain de la cause soit emporté par qui de droit, par cet homme politique avisé, futé.

Par   Paul AMOUSSOU, le 28 avr. 2023 à 09h02 Durée 2 min.

Lorsque l’on consulte l’histoire politique, de par le monde, il en a été ainsi bien souvent. Exemple de l’inénarrable Jacques Chirac, une encyclopédie politique à lui tout seul des travers politiciens, qui en 1995 a donné aux électeurs français une pomme socialisante à croquer, lui le libéral convaincu, autrefois Thatchériste ! Et que croyez-vous qu’il arriva ?
Abracadabra, faisant sienne une note du sociologue Emmanuel Todd, qui analysait le clivage entre les catégories sociales en France, le terme « fracture sociale » est devenu un slogan de sa campagne et a contribué à sa victoire. Si bien qu’il a fait mouche et lui a ouvert les portes de l’Elysée aux dépens du favori des sondages qu’était alors Edouard Balladur. Inutile d’ajouter que de la réduction de « la fracture sociale », il n’en a pas beaucoup été question lors du septennat de Chirac.
Sur ce registre, on peut multiplier les exemples à foison, y compris sous nos cieux, notamment récemment avec la promesse d’un changement qui n’aura pas excédé le parcours d’une marche verte qui a maculé les premières pages d’une gouvernance qui n’a pas tant que ça transigé avec les travers de tout temps déplorés. Le Nouveau départ et la rupture d’avec lesdits travers ont fait entorse à ce cheminement peu glorieux. Et là-dessus, paradoxalement, le peuple est pris à rebrousse-poil, car la rupture prônée depuis 2016 ne s’opère pas sans le mettre lui-même à contribution, non sans le sortir de ses sentiers battus et zones de confort.
Un tour de maître, renversant, ce qui contraste avec le tour de passe-passe auquel on a été habitué. Preuve que conquête du pouvoir ne doit pas toujours rimer avec quête de strapontin.