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Lutte contre la cybercriminalité: Le ministère des Affaires sociales en parle avec les parents

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Le ministère des Affaires sociales et de la Microfinance aborde la question de la cybercriminalité avec les parents d’élèves du Collège d’enseignement général 2 de 
Godomey. Les échanges s’inscrivent dans le cadre de l’initiative ‘’Ecole des parents’’.

Par   Maryse ASSOGBADJO, le 05 mai 2023 à 07h31 Durée 2 min.

Le ministère des Affaires sociales et de la Microfinance en bon pédagogue devant des parents d’élèves du Collège d’enseignement général 2 de Godomey à Dèkoungbé pour une séance de sensibilisation à la cybercriminalité. Face à la recrudescence de ce phénomène, le ministère déploie sa stratégie de veille pour discuter de la question à cœur ouvert avec sa cible.
« Parce que nous avons tous des enfants et des jeunes autour de nous, nous devons comprendre ce qu’est la cybercriminalité et agir pour son éradication », introduit Véronique Tognifodé, ministre des Affaires sociales et de la Microfinance.
Le choix du thème, objet de la séance, est motivé par l’actualité. « Nous avons constaté que le gouvernement a pris l’initiative de sécuriser la population, et d’apporter la paix au sein des communautés en neutralisant la cybercriminalité », enchaîne Nadège Ahoga, directrice départementale des Affaires sociales et de la Microfinance de l’Atlantique.
La séance de ce mercredi, dernière d’une série démarrée depuis novembre 2022 et qui s’inscrit dans l’initiative « Ecole des parents », s’est déroulée sans langue de bois. « A travers la séance de ce jour, nous avons mis l’accent sur le rôle des parents en matière de lutte contre la cybercriminalité. Nous leur avons donné les clés du suivi de leurs enfants et de la promotion des valeurs », poursuit-elle.
Véronique Tognifodé décrit un pan du modus operandi des cybercriminels communément appelés ‘’gaymans’’. « Ils empruntent les canaux de la microfinance pour dépouiller les victimes et les rendent vulnérables», révèle-t-elle.

Nous sommes tous responsables

Si ce phénomène s’est ancré dans notre pays, c’est parce que certaines valeurs fondamentales ont déserté la société. « L’argent ne définit pas la valeur d’un homme. Nous devons revenir à nos valeurs et les remettre au centre de l’éducation des enfants. Il s’agit des valeurs humaines intrinsèques, qui concernent le travail et le mérite et non les solutions de facilité. Nous devons leur apprendre que le travail libère l’homme et qu’ils ne doivent pas se comparer aux autres », insiste-t-elle.
Face à l’ampleur de l’arnaque aujourd’hui, elle estime que la responsabilité est collective. « C’est notre faute à tous. C’est parce que nous avons failli à l’éducation de nos enfants qu’internet a pris le relais. Nous voyons nous-mêmes aujourd’hui les conséquences », pointe-t-elle du doigt.
C’est pour arrêter la saignée que son ministère a opté pour la présente rencontre au profit des parents. « En étant informés, nous pouvons l’implémenter dans l’éducation de nos enfants pour éviter qu’ils tombent dans des travers. En tant que parents, nous devons chercher à connaître la source de certains objets de valeur que nos enfants ramènent à la maison sans notre soutien financier. C’est une manière de les maintenir sur le bon chemin », recommande-t-elle.
Pour la ministre, le ‘’gay man’’ n’est ni plus ni moins qu'un voleur. « Le cybercriminel est de la même trempe qu’un voleur qui fait chanter physiquement sa victime ou un dealer de drogue. C’est un fléau que nous devons éradiquer. Pour y arriver, nous devons tous en prendre conscience », insiste-t-elle.
Elle relève quelques dégâts qu’engendre la cybercriminalité. « Les conséquences de l’arnaque rendent les victimes vulnérables. Lorsque vous êtes retraité et qu’un cybercriminel met en place un système pour pomper votre pension, c’est qu’il vous tue prématurément », se désole Véronique Tognifodé.
Sur la question, psychologues et Cps rivalisent d’astuces pour ‘’éduquer’’ à leur tour, les parents d’élèves. « Nous visons l’intérêt supérieur des enfants. Nous rencontrons des enfants qui nourrissent des ambitions démesurées parce qu’ils veulent imiter leurs pairs. Nous devons sensibiliser les parents à la cybercriminalité parce que ça touche les enfants », conçoit-elle.
Le Ceg 2 de Godomey, l’hôte du ministère des Affaires sociales est chanceux de suivre ces échanges. « Par le passé, j’ai failli entraîner mon enfant dans cette mauvaise voie. Aujourd’hui plus que jamais, je sais à quoi m’en tenir et comment sensibiliser mon entourage », promet Clémence Vodounon Houédo, parent d’élève.

Application sans faille de la loi

Une certitude, l’Etat ne fléchira pas. « L’Etat appliquera la loi sans état d’âme. Il n’est pas normal que nous laissions cet état de choses se poursuivre. Quelle relève préparons-nous ? Un nid de cybercriminels où l’intelligence humaine ne sert qu’à faire des arnaques derrière les écrans des ordinateurs ? » s’interroge Véronique Tognifodé.
Riches ou pauvres, tout le monde est exposé à ce fléau. La bonne nouvelle est qu’à l’heure actuelle, la justice est à pied d’œuvre sur la question. Mais les parents doivent être en amont et en aval de la lutte. « Votre rôle en faveur de la lutte contre la cybercriminalité fait la consistance de cette séance », argumente Bebette Fanou, chef du Centre promotion sociale de Godomey.
Pour la cause, le ministère des Affaires sociales et de la Microfinance ne prendra point de répit. « Nous sommes prêts à aller au cœur des communautés et des ménages afin de faire les échanges nécessaires sur ce phénomène longtemps banalisé. On ne peut pas banaliser un acte négatif, un acte criminel. Ce n’est bien ni pour nous-mêmes, ni pour les prochaines générations », se convainc Véronique Tognifodé. La bataille contre la cybercriminalité ne sera pas vaine au Bénin avec l’engagement de son ministère.