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Lutte contre la pollution plastique: Cap sur les emballages végétaux

Environnement

Le Bénin envisage de promouvoir les emballages végétaux comme une alternative aux sachets plastiques non biodégradables. Le ministère du Cadre de vie et des Transports, en charge du Développement durable annonce des initiatives pilotes à Togbin, Sèmè-Podji et Dangbo. 
 

Par   Fulbert Adjimehossou, le 06 juin 2023 à 06h02 Durée 2 min.

La bataille contre la pollution plastique passe aussi par des solutions locales. L'idée d'un retour aux emballages végétaux est envisagée à travers une initiative pilote visant à reproduire des plantes dont les feuilles sont traditionnellement utilisées comme des emballages de produits alimentaires. « Cette expérience qui couvre les localités de Togbin, Sèmè-Podji et Dangbo a pour but d’encadrer et de former des groupements d’intérêt économique sur la reproduction, le traitement et l’utilisation des feuilles pour l’emballage des produits alimentaires », dévoile le 5 juin 2023, Prof. Constant Houndénou, conseiller technique du ministre du Cadre de vie. Les emballages végétaux sont en réalité des moyens simples et séculaires de protection des aliments contre les influences externes telles que les microorganismes, l'air et l'humidité. Ils sont principalement convoyés du département de l'Ouémé vers le marché Dantokpa. Marie Affanougbo, une sexagénaire, brave 35 km par voie lagunaire depuis Dangbo pour proposer des feuilles de Thalia geniculata appelées "Afléman" au prix de 200 F Cfa le lot à Cotonou. «Il y a des clients qui n’utilisent que ces feuilles parce qu’ils apprécient l’odeur et le goût qu’elles transfèrent à l’akassa. Ce sont des emballages qui conservent bien la chaleur », vante la sexagénaire.

Du potentiel

Une trentaine d'espèces d'emballages végétaux ont été recensées dans une étude conduite par le Professeur Paulin Azokpota, spécialiste en technologies et microbiologie alimentaires, en 2013. Parmi elles, on trouve l'Afléman (Talia geniculata), le Zaman (Daniellia oliveri), le Teckiman (Tectona grandis), le Toungoman (Lasiomorpha senegalensis), l'Agbégbéman (Icacina trichanta), le Kokoéman (Musa sapientum), le Loba man (Manihot glaziovii) et le Plokissa man (Pouteria alnifolia). Certaines feuilles sont spécifiques à certaines zones. Des organisations ont compris l'enjeu et se sont lancées dans la production d'emballages végétaux. « Nous avons pu acquérir un espace pour produire Afléman. Il faut de grands espaces pour faire la production de ces emballages végétaux. Si l’État peut aider les producteurs à avoir de grandes surfaces de marécages, ce serait bien. Il le faut dans tous les départements »,
confie Marie Odile Comlanvi née Hountondji, présidente du Groupe d'Actions pour la Justice et l'égalité sociale (Gajes).

Des avantages

Les travaux menés sur les caractéristiques physico-chimiques, phytochimiques et la toxicité de quatre de ces espèces végétales ont abouti à des résultats plus ou moins rassurants. Il a été constaté que les teneurs en protéines, lipides totaux et cendres totales sont respectivement de 6,0 %, 4,6 %, 8,7 % pour Tectona grandis ; 16,0 %, 4,3 %, 9,1 % pour Musa sapientum ; 12,5 %, 4,6 %, 7,0 % pour Thalia geniculata ; et 13,4 %, 2,0 %, 7,2 % pour Manihot esculenta. Le fer est présent dans toutes les espèces avec une légère diminution après emballage des produits. La teneur en vitamine C n'est présente que dans les feuilles de Manihot esculenta, avec une quantité d'environ 0,4 %.
Ces avantages doivent être pris en compte dans la promotion des emballages végétaux comme alternative aux sachets plastiques non biodégradables. « Ils présentent beaucoup d’avantages sanitaires (bienfaits thérapeutiques), économiques (création d’activités génératrices de revenus, écologiques (leur culture entrainerait la création de puits de carbone) et esthétiques (diminution de la prolifération des sachets dans les rues et autres espaces publics », martèle Professeur Constant Houndénou.