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Obtentions végétales: « Aucune variété béninoise n’est protégée »

Environnement

Dr Marius Sinha, spécialiste en génétique et amélioration des plantes, met en évidence la vulnérabilité des ressources phytogénétiques au Bénin. Selon lui, plus de 150 variétés créées au Bénin ne bénéficient pas de protection.

Par   Fulbert Adjimehossou, le 23 mai 2023 à 09h29 Durée 2 min.

Dr Marius Sinha est inquiet. « Aucune variété béninoise n’est protégée», révèle-t-il lors de la conférence organisée par le réseau Jinukun, samedi 20 mai à Cotonou. Une semaine plus tôt, lors de la sensibilisation des enseignants chercheurs au système de protection des obtentions végétales, il tenait le même discours. «Aucune variété végétale créée, sélectionnée ou développée au Bénin depuis les années 1960 jusqu’à nos jours n’a été encore protégée », insiste-t-il. Cette situation entraîne la possibilité pour n'importe qui qu'il soit Togolais, Japonais ou Suisse en séjour au Bénin, de prendre une variété, de la mettre dans sa valise, puis de revenir quelques mois plus tard en affirmant qu'il a créé cette variété. »; je n’ai pas le droit de revendiquer parce qu’il a procédé à la protection du matériel. Il dessaisit le peuple béninois ainsi de ce qu’il a », déplore Sinha.
En 2008, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest a adopté une réglementation régionale harmonisée sur les semences. Selon cette réglementation, seules les semences de variétés inscrites au Catalogue national ou au catalogue ouest-africain des espèces et variétés végétales peuvent être multipliées en vue de la certification. Ces catalogues comprennent trois listes de variétés. La liste A est constituée de variétés homologuées, dont les semences peuvent être multipliées et commercialisées sur le territoire. La liste B comprend les variétés homologuées, dont les semences peuvent être multipliées sur le territoire en vue de leur exportation. La liste C prend en compte des variétés anciennes utilisées, des variétés traditionnelles ou locales à qualités reconnues et caractérisées par les services nationaux de recherche agricole.
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Vulnérables

Dans la deuxième édition du Catalogue béninois des espèces et variétés végétales publiée en 2016, on recense 159 variétés appartenant à 15 spéculations, notamment le maïs, le riz, le sorgho, le mil, le niébé, l'arachide, le soja, le manioc, l'igname, la tomate, le piment, l'oignon, la grande morelle, le cotonnier et le cocotier. « Lorsque j’ai 159 variétés dans mon catalogue et quelqu’un prend et le protège, ça devient sa propriété privée. Faut-il continuer par investir et mettre les ressources phytogénétiques crées à la disposition de la piraterie ? Or, nous sommes dans l’espace Cedeao, Oapi où une variété protégée dans l’un de ces pays peut faire objet de commercialisation chez nous. Réveillons-nous », déclare Marius Sinha.
L'amélioration d'une variété végétale nécessite des investissements importants. Il faut plusieurs années pour développer une nouvelle variété.

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Cependant, les variétés déjà présentes dans le catalogue des variétés du Bénin ne peuvent plus être protégées, car elles ne sont plus considérées comme nouvelles et sont déjà commercialisées. « Tous ceux qui ont l’intention de créer de nouvelles variétés doivent, avant de les mettre en circulation, les protéger », insiste-t-il. Les démarches, dit-il, peuvent être effectuées au niveau du point focal Oapi du Bénin. Des examens sont effectués avant la délivrance du certificat d'obtention végétale. Pour qu’une variété soit protégée, elle doit être homogène lorsqu'elle est semée. Si cela n'est pas le cas, elle ne peut pas prétendre à la protection. De plus, si une variété ne présente pas de stabilité d'une année à l'autre, elle ne pourra pas être protégée.