La Nation Bénin...
Capitulation. A bien des égards, cela en a tout l’air. La Cedeao, sous l’égide de la conférence des chefs d’État, vient de lever les sanctions contre le Niger. Pliant de ce fait, face à la détermination de l’axe des putschistes dénommé prosaïquement ‘’Axe des Etats du sahel’’, il n’est pas pour l’heure certain que la Cedeao ait obtenu des contreparties chez des putschistes transgressifs, outrecuidants à souhait, qui ont fait preuve d’une rare décomplexion. Au point de fragiliser par égoïsme un organe d’intégration envié pour sa bonne constance, et qui gagnerait à progresser plutôt que de voir se retirer certains de ses membres. Mais de cela, ces putschistes, qui semblent avoir le dos au mur n’en ont cure. Et, à l’évidence, ont réussi à avoir à l’usure la ligne de fermeté observée par les chefs d’État de la Cedeao contre les coups d’État dont ils se sont rendus coupables !
Qui blâmer dans ce dossier ? La Cedeao? L’opinion, qui a mordu à toutes les manipulations ? Ces putschistes qui ne veulent pas entendre raison et qui se refusent à l’idée d’un retour à l’ordre démocratique? Rappelons qu’aucun d’entre eux ne propose d’agenda électoral, significatif de la fin de la transition et de retour à l’ordre constitutionnel.
D’évidence, et pour qu’il soit clair pour tout le monde que l’église demeure au centre du village, on ne saurait reprocher à l’instance sous-régionale de défendre ses normes. Et si les sanctions prises contre le Niger ont pu paraître excessives, c’est bien parce qu’il y est intervenu le putsch de trop à la suite de ceux perpétrés au Mali puis au Burkina Faso. De fait, le Mali n’aura reçu que des blâmes quand le Burkina n’a subi lui aucune sanction.
Nettement contre ces sanctions pourtant, l’opinion africaine a manqué de faire corps avec ses dirigeants, cédant on ne sait à quelle pulsion ainsi qu’à des amalgames véhiculés à propos de cette situation. Et voilà la Cedeao dans de beaux draps, un cocktail explosif chevillé au corps.
Les dirigeants de la communauté ont-ils, pour autant, bien fait de céder à l’opinion, soit-elle populaire ? Ce faisant, quel cap pour la Cedeao ? Quelle boussole pour la Communauté ?
Il est loisible de noter que c’est la même opinion, si on lui prête oreille, qui se veut intransigeante avec le report récemment de la présidentielle au Sénégal, décision prise par un président et un parlement élus démocratiquement ! Que le Conseil constitutionnel sénégalais rétoque cette option, est un autre débat.
En ce qui concerne l’option retenue à Abuja ce week-end, disons que l’abolition de la peine de mort en France s’est faite contre l’opinion, de même que la consécration de l’Interruption volontaire de la grossesse. Des progrès salvateurs. Mais c’est vrai que c’est en France, où le Général de Gaulle soutenait qu’on ne gouverne pas en faisant échos à ce que murmure la rue !