Editorial de Paul Amoussou: La ligne

Chroniques

Une pièce de théâtre, du même nom : la ligne, qui a fait sensation à une époque donnée au Bénin. Et dont le souvenir est tombé dans l’oubli. Ceux qui en ont encore souvenir, se rappellent que sa trame repose au fond sur la propension des Béninois à vouloir être à la tête plutôt que de se mettre en ligne, soit-il derrière un leadership affirmé. D’où la multiplication des associations, car chacun préfère être “président” plutôt que de contribuer à l’atteinte des objectifs d’une cause, la même cause que le Béninois préférerait porter par sa personne, de préférence avec sa propre chapelle, où il exercera son magistère plutôt que d’intégrer un ensemble plus grand dans l’optique bien connue selon laquelle l’union fait la force.

C’est là un travers de l’intelligence prêtée aux Béninois, à l’élite béninoise pour être précis. Il n’est pas courant d’entendre dire d’un membre de cette élite qu’un tel est le “meilleur d’entre nous”, à l’instar de Jacques Chirac, qui s’est voulu élogieux à propos d’Alain Juppé qui lui voue pourtant un grand culte ! Au Bénin, chacun se croit plus intelligent que l’autre, qu’il préfère être en tête de pont et voir les autres s’aligner derrière lui. Et ainsi de suite. C’est à croire que plusieurs intelligences ne peuvent, dans cet entendement qui cause cette propension chez les Béninois, cohabiter. Phénomène perceptible dans la vie associative ou dans les feux tricolores avec cette manie chez des motocyclistes à se pointer devant tout le monde, voire devant les feux ! C’est surtout en politique que cette malice égocentrique s’exprime le mieux, car les intérêts y sont encore plus nettement marqués, et autour desquels se cristallisent les égos en plus!

Question d’ego mais aussi d’intérêt, qui constitue le terreau à la multiplication des partis politiques ou ce qui en tenait lieu jusqu’à il y a peu encore, c’est-à-dire des mini clubs électoraux, qui sont au mieux ethniques ou régionaux dans leur représentativité quand ils ne représentent pas que la personne du fondateur. Une espèce de société unipersonnelle en voie de disparition, depuis la mise en œuvre d’une réforme qui a vocation à changer le système partisan béninois dans son ADN même. Et non sans résistance. Le but, clairement affiché par son inspirateur étant d’impulser la création de grands rassemblements politiques, avec en filigrane la germination de creusets politiques plus significatifs, davantage favorables à l’unité nationale. L’unité nationale étant quêtée et consacrée par la Constitution, rien qu’en ce qu’elle fait du mandat du député un mandat national et non impératif. C’est la bonne tendance, qui doit rester sourde aux voix de désapprobation.

Par   Paul AMOUSSOU, le 18 mars 2024 à 06h31 Durée 3 min.

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