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Editorial de Paul AMOUSSOU: Les Couards

Chroniques
Editorial de Paul Amoussou Editorial de Paul Amoussou

Où sont les intellectuels béninois ? Ils sont devenus illisibles et invisibles, sur les débats sociétaux et politiques. De ce lot, il faut bien entendu exclure les vieux combattants qui ont tout donné, mené presque tous les combats et qui méritent bien le repos du guerrier si tel est leur choix. Mais il faut croire que ces derniers n’ont pas fait beaucoup d’émules. Des têtes bien faites, sans doute le Bénin en compte encore beaucoup, seulement que cette génération n’a pas le courage de ses ainés, et brille par sa couardise !  

Il se refusent, en effet, à prendre part courageusement aux débats sociopolitiques de leur temps. Chose étonnante, quand on intègre la large palette de possibilités qu’offrent les technologies avec les réseaux sociaux. Aujourd’hui, point nécessaire de se faire ou d’être invité par un organe de presse. Sur twitter, Facebook, TikTok, etc. on peut disposer de sa propre tribune d’expression, qui peut devenir rapidement virale et disposer d’une audience considérable pour peu qu’on y fasse preuve de sérieux…

Plutôt que d’exploiter cet atout maitre, indéniable, pour faire prospérer avec pertinence et pourquoi pas avec impertinence les débats qui se posent avec acuité à la société béninoise, nos chers intellectuels, les universitaires en premier, préfèrent donner leur langue au chat, briller par leur absence et laisser le champ libre aux neuneus de toutes sortes, à des énergumènes qui ont mieux compris qu’eux l’avantage qu’offrent les réseaux sociaux au-delà des médias traditionnels plus codifiés et d’accès limité à cette catégorie d’acteurs.

Le mal est que ceux-là qui ont pris d’assaut les débats et font hélas l’opinion de nos jours ne comprennent pas les sujets dont ils se saisissent en même temps qu’ils ne cernent pas les enjeux. Aussi, biaisent-ils les débats, limités qu’ils sont au grand désespoir d’une opinion qui ne bénéficie plus de l’éclairage des préposés à cette tâche. L’opinion nationale est façonnée à l’image de ceux-là qui l’influencent par défaut. Chose inacceptable sur cette terre qui fut et reste sans doute le Quartier latin de l’Afrique. La faute à nos chers intellectuels qui bottent en touche, arguant d’une loi de l’omerta dont le décret est cherché en vain et dont aucun d’entre eux ne veut nommer l’auteur. Prétextant de ce qu’il ne fait pas bien de se prononcer ‘’ces temps-ci’’, y compris sur des sujets dont on peut revendiquer l’expertise, la plupart préfèrent, disent-ils, faire carrière, plutôt que de se faire taper sur le doigt !  Qui voudrait leur taper dessus ? Qui retient la parole, pour peu qu’elle soit responsable de même impertinente ? On évolue presque dans ‘’Le mystère de la chambre jaune’’.

Par   Paul AMOUSSOU, le 27 nov. 2023 à 05h53 Durée 2 min.
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