Au Bénin, sous le renouveau démocratique, c’est une grande première qu’un ancien chef de l’État opère un tel choix, graduellement descendant. Mais est-ce pour le meilleur ou le pire? La question concerne davantage les militants de ce parti. Mais pour le reste, le devoir ou droit de s’en préoccuper reste entier.
On observe tout de même que Nicéphore Soglo, si opiniâtre pourtant, s’est contenté jusqu’à présent de dire ce qu’il a à dire sans devoir s’encombrer des attaches d’un appareil partisan ! Ce dernier dira, plutôt, sans s’abaisser à s’installer dans le microcosme politique, car en Afrique l’on considère au plus haut niveau qu’on ne peut pas avoir été et être. C’est la voie suivie par Boni Yayi jusqu’à présent, avant qu’il n’opère ce choix récent pour le moins surprenant, passant de président d’honneur à président actif. Appelé à assumer les tâches les plus basiques, à quelle fin?
Telle est la grande interrogation, car Les Démocrates, sous la conduite de leur précédent président, s’en sont bien sortis jusqu’à la consécration aux dernières législatives, sanctionnées pour eux par une percée remarquable. S’il a décroché l’essai, selon le jargon en rugby comme on obtient un pénalty en football, il peut bien le transformer.
De mémoire de journaliste, seuls les dirigeants ayant une fin de règne non aboutie, en tout cas selon leurs convenances, s’illustrent ainsi. C’est le cas en Afrique de Laurent Gbagbo et de feu Henri Konan Bédié. Le premier considère avoir été abusivement dégagé du pouvoir, et le second ne peut que légitimement déplorer le coup d’Etat qui l’avait privé d’aller au terme de son mandat à la tête de la Côte d’Ivoire. L’un et l’autre s’étaient, sans doute de ce fait, engagés dans une aventure ambiguë.
A un âge relativement avancé, et bridés par les épreuves politiques et de la vie, on ne peut pas sérieusement soutenir que ces vieux briscards soient en phase avec leurs dernières prétentions politiques. Cela reste le combat de trop, autant pour Bédié que pour Gbagbo, qui ont péché par leurs manœuvres de vieux revanchards sur le tard, en faisant de l’ombre à la génération montante, montante mais déjà expérimentée en politique. Revanche contre l’histoire, combat de trop. La sagesse aurait dû leur inspirer de passer le flambeau, d’épauler et d’influencer leurs partisans. Ces avis sont aussi valables pour Boni Yayi, qui vient d’intégrer ainsi le cercle des vieux rancuniers qui rechignent à prendre leur retraite, celle à laquelle les astreignent leurs âge et états de service.