La Nation Bénin...
L’introduction de la danse sur bambous aux Vodun days
2025, redonne vie à cette performance artistique spectaculaire en voie de
disparition. Originaire de Ouidah, elle avait permis au Bénin, en 1962, d’être
le premier pays africain à remporter le prix du challenge du théâtre des
nations.
‘‘Dawetin’’ (fongbé), ‘‘Akpanoutin’’ (goungbé),
‘‘Agbéhoun’’ (xwéda) ou la danse sur bambous est un spectacle fascinant
caractérisé par une performance de danse sur des bambous plantés en terre sous
forme de piquets et mesurant jusqu’à 14 mètres de hauteur. Cette performance a
été l’un des tableaux artistiques présentés lors de l’inauguration de l’arène
de Ouidah, au dernier jour des Vodun days 2025.
Ce jour-là, devant le chef de l’Etat, Patrice Talon, G.
Anagonou Hounsa, acrobate, s’est déployé sur l’un des cinq bambous, tel un chat
pourchassant sa proie, pour se hisser au sommet de la tige. Il brandit le
drapeau national en guise de salutations et de fierté, avant de migrer de tige
en tige. Un spectacle à couper le souffle. Au cours de sa prestation, G.
Anagonou Hounsa a donné de la frayeur à pas mal de spectateurs qui avaient peur
de le voir chuter des hauteurs, en raison de ses acrobaties spectaculaires sur
les cinq bambous plantés au milieu de l’arène. Mais c’était sans compter avec
la dextérité et les gestes de précision du jeune homme.
Ce spectacle exceptionnel et unique est originaire de
Ouidah au Bénin. Il a fait la gloire du Bénin dans les années 60. « Si notre
pays a pu gagner le prix mondial du théâtre en 1962 en France, c’est grâce au
‘‘Agbéhoun’’. A l’époque, ils avaient utilisé un seul bambou et c’était déjà
surprenant pour les jurys… », se rappelle Hermas Gbaguidi, patron de la troupe
de ‘‘Agbéhoun’’ ayant presté aux Vodun days.
Mais ce spectacle est rare sur la scène nationale, et
depuis l’exploit de 1962 qui a propulsé le Bénin sur le toit du théâtre
mondial, la danse sur bambous est en baisse totale de régime. Malgré les
efforts des acteurs comme Hermas Gbaguidi, le ‘‘Dawétin’’ peine à reprendre sa
place. Mais la programmation de ce spectacle lors de l’inauguration de l’arène
de Ouidah dans le cadre des Vodun days 2025, donne espoir aux acteurs qui croient
fortement en la renaissance de cet art.
Spectacle à risques
Les risques liés au ‘‘Dawétin’’ sont les premières causes
de son déclin. Cet art parait très contraignant, voire dangereux à première
vue, si bien que peu de gens s’y intéressent. Selon G. Anagonou Hounsa, le
monteur du ‘‘Dawétin’’ est exposé, entre autres, aux attaques mystiques, au
glissement de main ou de pied qui peuvent provoquer sa chute mortelle.
« Il faut avoir un véritable physique pour le faire. J’ai commencé par pratiquer cette performance depuis 2000. Je me suis déjà retrouvé avec des tiges cassées. Mais je n’ai jamais fait de chute de hauteur parce que quand la tige se brise, je fais de mon mieux pour migrer sur une autre tige », confie l’acrobate, qui assure n’avoir jamais fait recours aux pratiques occultes pour effectuer la danse sur bambous.