La Nation Bénin...
Quelle relation peut-on établir entre Vodun,
esclavage et musique ? C’est à cette question que les participants à la
conférence musicale organisée par l’ambassade des Pays-Bas et le ministère en
charge de la Culture, ont tenté des réponses, vendredi 1er décembre dernier au
palais des Congrès de Cotonou.
La musique contemporaine africaine et même
au-delà puise une partie importante de sa sève dans le Vodun. Cette religion, à
travers sa pratique, ses rites, chants et danses a eu de nombreuses influences
sur certaines musiques. D’abord avec la traite négrière qui a vu déporter
outre-Atlantique, une kyrielle de noirs. Parmi eux, une belle brochette
d’adeptes qui ont fini, sur leurs terres d’exil et de déportation, par trouver
le moyen de se reconnecter à leurs racines. La musique en sera le canal. On
cite notamment le jazz comme l’une des émanations de cette pratique et
plusieurs grands noms du jazz ont pu le confesser, sans détour.
Ces informations et bien d’autres ont fait
l’objet de révélations et d’échanges à l’occasion de la conférence musicale sur
le thème « Influence du Vodun sur la musique contemporaine». Plus que
d’actualité, la thématique du Vodun focalise actuellement l’attention. « Son
intérêt n’est plus à démontrer et le Bénin investit beaucoup dans ces
thématiques », révèle le directeur de cabinet du ministre en charge de la
Culture, Eric Totah. Avant lui, Joris Jurriens, ambassadeur des Pays-Bas près
le Bénin soutenait que les débats qui se font aujourd’hui n’ont pas pour but de
pleurer ou de faire pleurer sur la traite et tout ce qui a un lien avec. Il
s’agit plutôt d’une quête d’un monde meilleur. « Il faut passer de douleurs aux
honneurs», préconise l’ambassadeur. Les échanges se sont focalisés pour une
large part sur l’ouvrage de Leendert van der Valk qui voyage de la Nouvelle-Orléans à Haïti, au
Suriname, au Togo et au Bénin, à la recherche de la relation entre le vaudou et
la musique moderne. « Le jazz de Louis Armstrong, l’afrobeat de Fela Kuti, le
Kaseko de Lieve Hugo, le blues de Robert Johnson ne seraient pas arrivés sans
le Vodun », soutient sans ambages l’auteur. « Ne pensez pas aux aiguilles et
aux poupées: le vaudou est une ancienne croyance ouest-africaine apparue avec
les esclaves dans le nouveau monde, qui a été interdite, mais qui a survécu
dans la musique que nous écoutons encore aujourd’hui », nuance-t-il par
ailleurs.
Cet auteur dont la publication a connu un franc
succès s’est fait l’apôtre du Vodun dont il raconte une histoire qui n'a pas pu
être racontée pendant des siècles. Il fait voyager le lecteur à travers les
rituels, les fêtes de rue, des concerts… Ce qu’il découvre surtout en voyageant
à la quête de matières pour son livre et qu’il partage avec ses lecteurs, c’est
« la grande et grise histoire de l’esclavage, de la résistance et de la fierté
culturelle et comment les dieux africains sont encore vénérés chaque jour par
des millions de personnes dans le monde ».
La compagnie de danse Walô, Harmony's Brass
Band ainsi qu’un percussionniste et un danseur Dan ont partagé la scène à
l’occasion de la conférence pour faire parler le Vodun à travers des danses et
sonorités, le tout accompagné des explications de Léopold Messan qui lui, a été
investi de la mission de conter le livre du néerlandais Leendert van der Valk
avec qui il a étroitement travaillé. Il va d’ailleurs à l’occasion, révéler que
les appellations autour du Vodun sont une preuve de l’unicité de cette religion.
Santeria, Elegba, papa Legba… sont aujourd’hui des noms connus dans d’autres
contrées du monde et qui se rapportent au vocabulaire du Togo, du Bénin…