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Conférence musicale avec l’ambassade des Pays-Bas: Le Vodun à l’honneur

Culture
La musique contemporaine africaine et même au-delà puise une partie  importante de sa sève dans le Vodun La musique contemporaine africaine et même au-delà puise une partie importante de sa sève dans le Vodun

Quelle relation peut-on établir entre Vodun, esclavage et musique ? C’est à cette question que les participants à la conférence musicale organisée par l’ambassade des Pays-Bas et le ministère en charge de la Culture, ont tenté des réponses, vendredi 1er décembre dernier au palais des Congrès de Cotonou. 

Par   Josué F. MEHOUENOU, le 07 déc. 2023 à 04h58 Durée 4 min.
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La musique contemporaine africaine et même au-delà puise une partie importante de sa sève dans le Vodun. Cette religion, à travers sa pratique, ses rites, chants et danses a eu de nombreuses influences sur certaines musiques. D’abord avec la traite négrière qui a vu déporter outre-Atlantique, une kyrielle de noirs. Parmi eux, une belle brochette d’adeptes qui ont fini, sur leurs terres d’exil et de déportation, par trouver le moyen de se reconnecter à leurs racines. La musique en sera le canal. On cite notamment le jazz comme l’une des émanations de cette pratique et plusieurs grands noms du jazz ont pu le confesser, sans détour.

Ces informations et bien d’autres ont fait l’objet de révélations et d’échanges à l’occasion de la conférence musicale sur le thème « Influence du Vodun sur la musique contemporaine». Plus que d’actualité, la thématique du Vodun focalise actuellement l’attention. « Son intérêt n’est plus à démontrer et le Bénin investit beaucoup dans ces thématiques », révèle le directeur de cabinet du ministre en charge de la Culture, Eric Totah. Avant lui, Joris Jurriens, ambassadeur des Pays-Bas près le Bénin soutenait que les débats qui se font aujourd’hui n’ont pas pour but de pleurer ou de faire pleurer sur la traite et tout ce qui a un lien avec. Il s’agit plutôt d’une quête d’un monde meilleur. « Il faut passer de douleurs aux honneurs», préconise l’ambassadeur. Les échanges se sont focalisés pour une large part sur l’ouvrage de Leendert van der Valk qui  voyage de la Nouvelle-Orléans à Haïti, au Suriname, au Togo et au Bénin, à la recherche de la relation entre le vaudou et la musique moderne. « Le jazz de Louis Armstrong, l’afrobeat de Fela Kuti, le Kaseko de Lieve Hugo, le blues de Robert Johnson ne seraient pas arrivés sans le Vodun », soutient sans ambages l’auteur. « Ne pensez pas aux aiguilles et aux poupées: le vaudou est une ancienne croyance ouest-africaine apparue avec les esclaves dans le nouveau monde, qui a été interdite, mais qui a survécu dans la musique que nous écoutons encore aujourd’hui », nuance-t-il par ailleurs.

Cet auteur dont la publication a connu un franc succès s’est fait l’apôtre du Vodun dont il raconte une histoire qui n'a pas pu être racontée pendant des siècles. Il fait voyager le lecteur à travers les rituels, les fêtes de rue, des concerts… Ce qu’il découvre surtout en voyageant à la quête de matières pour son livre et qu’il partage avec ses lecteurs, c’est « la grande et grise histoire de l’esclavage, de la résistance et de la fierté culturelle et comment les dieux africains sont encore vénérés chaque jour par des millions de personnes dans le monde ».

La compagnie de danse Walô, Harmony's Brass Band ainsi qu’un percussionniste et un danseur Dan ont partagé la scène à l’occasion de la conférence pour faire parler le Vodun à travers des danses et sonorités, le tout accompagné des explications de Léopold Messan qui lui, a été investi de la mission de conter le livre du néerlandais Leendert van der Valk avec qui il a étroitement travaillé. Il va d’ailleurs à l’occasion, révéler que les appellations autour du Vodun sont une preuve de l’unicité de cette religion. Santeria, Elegba, papa Legba… sont aujourd’hui des noms connus dans d’autres contrées du monde et qui se rapportent au vocabulaire du Togo, du Bénin…