Daagbo Hounan Tomadjlèhoukpon à propos du Vodun: « Je comprends les craintes et les hésitations, mais… »

97000 participants en deux jours de festivités, artistes béninois et étrangers sur scène pour des shows inoubliables, des fidèles Vodun en communion avec leurs divinités, des touristes et visiteurs comblés… La première édition des Vodun days, nouveau format de célébration de la fête de la religion Vodun, a tenu ses promesses. En attendant l’heure du bilan, l’actif de cette célébration fait la satisfaction des dignitaires. Daagbo Hounan Tomadjlèhoukpon Houwamènou Mètogbokandji II, le Pontife du Vodun, installé au trône depuis 2006 en a vu des fêtes du haut de ses 73 ans. Mais cette édition porte un sceau particulier, révèle le dignitaire au détour d’un entretien.

« C'est une joie pour nous que les autorités aient pensé à une telle innovation. Ce n’est plus une célébration entre nous, mais une fête à laquelle le monde a été convié », se réjouit-il. L’aspect festif et culturel développé autour de la célébration fait également la satisfaction de la communauté Vodun. « Tout ce qui relève du sacré, tout ce qui est cultuel se fait désormais dans les couvents, là où il ne devrait jamais quitter. Ce que nous avons vu, c’est le culturel », indique-t-il. Pour lui, le Vodun est spirituel et réunit également plusieurs arts. Il est temps, précise le Pontife, que « Ouidah profite réellement de toutes les richesses culturelles et cultuelles dont elle regorge et si c'est le Vodun qui permet d'activer ce potentiel, c'est encore plus intéressant ». L’ambition du gouvernement avec les Vodun days sur la plage de Ouidah, berceau du Vodun et ville hôte de la première édition, c’est de rendre accessible cet héritage distinctif aux Béninois et aux étrangers, proposer des éléments de compréhension et de lecture, et déconstruire les stéréotypes péjoratifs, négatifs diffusés sur le Vodun qui, selon les organisateurs, n’est ni magie noire, ni animisme, ni fétichisme. « Le Vodun c'est la tolérance, le partage, l'amour, la générosité, la paix. Nous sommes des gardiens de notre patrimoine et nous ne permettrons jamais qu'il soit désacralisé », prévient Daagbo Hounan Tomadjlèhoukpon Houwamènou Mètogbokandji II. Aussi, invite-t-il les Béninois à se joindre à lui pour « qu'ensemble nous puissions mettre davantage en avant le Vodun ». Pour lui, « nous avons besoin de prouver au monde que le Vodun n'a rien de satanique, de méchant et ce nouveau format de célébration en donne l'opportunité». Il dit comprendre « les craintes et les hésitations», mais reste convaincu que « nous ne perdons rien à nous laisser entraîner ». Son discours ne s’éloigne pas de celui du chef de l’Etat béninois. Patrice Talon est lui dans la logique de faire en sorte que ce que véhicule le Vodun comme art et culture intéresse de plus en plus le monde entier. « Le Vodun a pour nous un intérêt économique », autant que le tourisme, révèle-t-il. C’est pourquoi, investir dans le Vodun lui semble impérieux pour en faire un secteur de développement économique.

Le Bénin vient de vivre deux jours intenses et des moments inoubliables de communion autour des arts, culture et spiritualité Vodun, note pour sa part le ministre en charge de la Culture au terme des 48 heures. Conformément aux engagements pris par le gouvernement, note-t-il, la dynamique de révéler le Bénin aux Béninois et au monde entier, se construit avec méthode et rigueur. « L’écho inédit et la grande mobilisation observée au cours des festivités témoignent de la cohérence de l’action publique et de l’adhésion du peuple béninois à gagner le pari de l’affirmation des valeurs identitaires », souligne Jean Michel Abimbola dans un communiqué de presse.