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Didier Nassègandé sur l’acte 2 de ‘’Connecter les territoires’’: « Toute l’entité du zémidjan constitue une matière artistique »

Culture
Didier Nassègandé (au milieu) et la directrice de l’Institut français de Cotonou  échangent sur ‘’Connecter les territoires’’ Didier Nassègandé (au milieu) et la directrice de l’Institut français de Cotonou échangent sur ‘’Connecter les territoires’’

Une installation artistique qui raconte l’histoire du zémidjan au cœur de l’initiative ‘’Connecter les territoires’’ de l’association culturelle Le Tout Gran Théâtr Djogbé sera en exposition en novembre prochain à Ouèdo, dans la commune d’Abomey-Calavi. Didier Nassègandé met en lumière les acteurs et donne un aperçu de l’initiative. 

Par   Arnaud DOUMANHOUN, le 18 oct. 2023 à 23h45 Durée 4 min.
#Didier Nassègandé #Connecter les territoires #l’entité du zémidjan #une matière artistique

Démarrée en août 2022, l’initiative ‘’Connecter les territoires’’ est dans sa seconde phase. Au cœur de ce projet artistique de l’association culturelle Le Tout Gran Théâtr Djogbé, les conducteurs de taxi-moto communément appelés Zémidjan. « Les Zémidjan, parce qu’ils sont des animateurs de territoires, des agents de connexion des territoires. Il s’opère avec les Zémidjan, consciemment ou inconsciemment, l’action de la connectivité des territoires dans leur forme géographique mais aussi dans leur forme immatérielle qu’est l’information, qu’est l’histoire, qu’est le patrimoine », explique Didier Nassègandé, metteur en scène, promoteur de l’initiative ‘’Connecter les territoires’’ soutenue par l’Institut français de Cotonou. L’objectif de départ dans la mise en œuvre de ce projet, était de faciliter l’ancrage territorial de l’association Le Tout Gran Théâtr Djogbé dont l’espace culturel B’az est implanté à Ouèdo, dans la commune d’Abomey-Calavi. Selon Didier Nassègandé, il s’agissait d’abord de travailler avec les territoires qui n’ont pas accès à l’offre culturelle, de travailler avec ses habitants, par eux et pour eux. Au cours de la première phase, dix agents de médiation ont été formés à l’action culturelle.  « Ces dix médiateurs qui ont été formés ont pour mission de proposer de nouvelles idées qui pourraient nous permettre de mettre en activité culturelle et artistique, les habitants des territoires de Ouèdo, Hêvié, et Togba dans la commune d’Abomey-Calavi », indique le promoteur de l’initiative. 

Tout lui dire

A ces médiateurs se sont ajoutés les zémidjan comme matière artistique du projet ‘’Connecter les territoires’’. Et le choix de ces acteurs n’est pas anodin. Cela relève de leur capacité à rallier les territoires, en déplaçant leurs clients ou passagers d’un point à un autre. Aussi, souligne Didier Nassègandé, l’intérêt d’avoir à travailler avec les zémidjan, réside dans le fait qu’ils sont totalement ancrés dans la culture du Béninois. « Nous avons pour plaisir de les appeler les Gps naturels, parce qu’il est très rare qu’un zémidjan ne sache pas l’endroit où le client lui demande de l’amener. Ils se retrouvent très vite et se perdent très rarement », a-t-il ajouté. Pourtant ces personnes sont bien souvent victimes de braquages, de mépris à tous égards. C’est en cela que le projet culturel ‘’Connecter les territoires’’ qui établit des échanges avec et entre les Zémidjan pour l’intérêt de la communauté, trouve tout son sens. « Quand ils prennent un passager femme par exemple, ils sont à même de l’amener à confesser tout ce qu’elle vit dans sa vie, son commerce, voire son intimité. Toute l’entité du zémidjan constitue une matière artistique », a insisté Didier Nassègandé. Les médiateurs formés étaient allés à la rencontre des zémidjan, échanger avec eux, afin de dénicher des histoires passionnantes, des anecdotes, apprendre sur leur joie et leurs peines. « L’ensemble de ces histoires nous a permis de composer une pièce avec les zémidjan. Cette pièce a commencé à être jouée depuis 2022. Cette année 2023, cette pièce sera reprise mais nous y ajoutons une création d’arts plastiques, que nous nommons : Installation pour raconter l’histoire du zémidjan, vecteur de transmission d’information, de connexion des territoires », fait savoir Didier Nassègandé. La collecte des données sera, cette fois-ci, enregistrée dans des casques. « Tout visiteur de l’exposition pourra écouter les anecdotes sur place. L’installation sera faite en novembre à l’espace B’az et circulera chez les habitants de la cité de Ouèdo, pour migrer ensuite vers l’Institut français et autres lieux partenaires », a conclu le promoteur de l’initiative.