La Nation Bénin...

Didier Samson, ancien journaliste à Rfi: « La radio est d’une efficacité rarissime »

Culture
Didier Samson Didier Samson

La radio n’a rien perdu de son charme depuis un siècle.  Cette beauté, elle entend bien la conserver sur des générations, tant qu’elle peut compter sur l’évolution technologique. Didier Samson, enseignant formateur en journalisme et en communication, directeur du site d’histoire et info, révèle les atouts de ce média, à l’occasion de la Journée mondiale de la radio, célébrée le 13 février. 

Par   Maryse ASSOGBADJO, le 16 févr. 2024 à 02h44 Durée 3 min.
#Didier Samson #ancien journaliste à Rf #La radio est d’une efficacité rarissime

La radio a 100 ans ce 13 février. Quelle lecture faites-vous du parcours de ce média ?

Le parcours de la radio est formidable. Elle a effectué un pas de géant. Avant, la radio s’appelait «Transmission sans fil » (Tsf). On se servait de l’électricité et de l’air pour passer des informations. Personne ne peut se prévaloir d’être le père fondateur de la Tsf. On l’attribue à l’Italien Marconi, parce que ce jeune physicien, alors âgé de 22 ans, très doué, avait rassemblé les travaux qui ont existé avant lui pour faire de la radiodiffusion, de la diffusion par les ondes. On utilisait les rayons de l’air, les rayons magnétiques autour de nous pour faire de la transmission sans fil, la transmission sur les ondes à travers un poste mobile assez lourd à l’époque. La radio évolue avec son temps. Aujourd’hui, on ne dit plus seulement que la radio est une transmission sans fil. On rajoute également la transmission par internet. Le système internet permet de diffuser par les rayons des émissions, de porter des voix, des messages. La radio est un média qui s’adapte à tout. Avec le système radio data système (Rds), on ne met plus le nom des stations, mais on envoie des valeurs numériques dans un système qui affiche les noms des radios lorsqu’on les capte. Avec les téléphones portables, on transporte la radio partout. On l’écoute même à la carte. La radio est d’une efficacité rarissime. C’est un puissant média, un média de l’immédiateté.  Elle est dans l’originalité permanente. C’est la raison d’être des flash info, des journaux parlés. Les auditeurs l’apprécient parce que c’est un média qui nous accompagne partout. 

Cette année, l’Unesco met l’accent sur l’histoire indélébile de la radio, son utilité et sa valeur démocratique. A votre niveau, quel lien faites-vous entre ces trois facteurs ?

L’information, ce n’est pas seulement le journal parlé. L’information passe aussi par les magazines, par les musiques qu’on diffuse. La radio, c’est le média le plus populaire. On peut se former, s’éduquer juste en l’écoutant. N’oubliez pas qu’on s’est servi des radios au début des années 1960 pour faire de la radio rurale. Ça continue aujourd’hui sous d’autres formes qu’on appelle des radios communautaires. Les messages que les pouvoirs publics voulaient diffuser à l’intérieur du pays parce que ne pouvant pas passer de village en village, étaient relayés sur les chaînes de radiodiffusion. La radio forme sur les questions des droits des femmes, de l’égalité des chances. La mission de la radio, c’est de donner l’information vraie et non faire de la propagande. Dans les écoles de formation, on dit souvent que c’est mieux de se fâcher avec une source d’information que d’avoir à dos son auditeur. Il y a une confiance qui s’établit entre ce média et les auditeurs, parce que les animateurs de la radio sont des compagnons de tous. 

Nous sommes à une ère où les jeunes sont plus portés vers les smartphones. A cette allure, ne craignez-vous pas une désaffection par la nouvelle génération ?

Ah non ! Pas du tout. Bien vrai que les jeunes bougent beaucoup. Mais ils ont toujours leur smartphone. La radio doit percer ce système et y entrer afin d’être toujours avec eux et leur apporter des informations. Les chaînes de radiodiffusion déclinent leurs programmes aujourd’hui de sorte à dédier des programmes entiers aux jeunes. Que les jeunes possèdent des smartphones aujourd’hui, cela va de soi parce que la radio s’invite chez eux et déculpe son grand public. C’est le seul média qu’on écoute en faisant autre chose. 

Le centenaire de la radio est célébré sous l’angle de l’information et du divertissement. Comment entrevoyez-vous son prochain siècle ?

Ce bien mobile a encore de grands jours devant lui parce que tant que la technologie évolue, la radio prendra de l’ampleur parce que c’est le média le plus populaire et qui accompagne tout le monde partout. Le prochain siècle est celui des innovations et des réussites, celui de la grandeur de la radio. Je n’ai aucun doute à ce sujet. La radio fait rêver. Derrière les ondes, on ne voit pas les journalistes de la radio, mais on entend leurs voix. Ils passent des messages qui nous touchent. Les mots, la voix, la parole des journalistes de la radio créent une image dans nos têtes. L’auditeur suit le journaliste sportif qui diffuse une émission de football comme s’il vivait l’évènement en direct. Sur les ondes de la radio, on entend l’eau qui coule des chutes de Tanougou, on vit l’ambiance dans un marché comme si on y était. La radio, c’est le média gratuit qui évoluera avec le temps. La radio est plus populaire que jamais. Elle se renouvelle à chaque fois.