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Exposition « Eclats d’âmes, regards croisés »: Ode à la reconquête des cultures et valeurs africaines

Culture
Charbel Coffi Houadjèto et Dodji Efoui, à travers leurs œuvres dénoncent la perte progressive des valeurs traditionnelles Charbel Coffi Houadjèto et Dodji Efoui, à travers leurs œuvres dénoncent la perte progressive des valeurs traditionnelles

Les sociétés africaines sont de plus en plus en mal de repères. Le continent connu pour ses valeurs en perd chaque jour. L’identité se meurt, s’efface.  Les plasticiens Charbel Coffi Houadjèto (Bénin) et Dodji Efoui (Togo) observent cette situation de près. Ils y plongent leurs inspirations et pinceaux à travers une série d’œuvres en exposition à la galerie « Les ateliers Coffi » jusqu’au 24 janvier 2024. 

Par   Josué F. MEHOUENOU, le 03 déc. 2023 à 23h50 Durée 4 min.
#Eclats d’âmes, regards croisés #Ode à la reconquête des cultures #valeurs africaines

Charbel Coffi Houadjèto et Dodji Efoui, à travers leurs œuvres exceptionnelles, dénoncent la perte progressive et profonde des valeurs traditionnelles qui maintenaient l’ordre social et la cohésion familiale, tout en assurant la pérennisation de la mémoire familiale. Ils donnent un bel exemple d’union sacrée, indispensable à la restauration de ces valeurs perdues sous la guillotine de la modernité et/ou de la religion, pense la curatrice de l’exposition. « Nos valeurs et nos traditions disparaissent les unes après les autres », retiennent les deux artistes. Pour éveiller les consciences à ce propos, l'un y va à travers de géants portraits, l’autre à travers les masques. Charbel Coffi, artiste peintre autodidacte avec son style hors du commun, hybride sur fond d’écartelages, de couleurs vives et moins appelle à une reconnexion entre le continent et ses sources ancestrales.  Son autre atout, une écriture singulière qu’il fait apparaitre sur la plupart de ses toiles, et qui se laisse lire dans différentes langues, selon l’origine du spectateur qui scrute son art.

Peintre multidimensionnel, Charbel Coffi plonge dans des royaumes au-delà du visible et utilise ses peintures comme un moyen de transmettre un attachement profond à sa vision unique du monde. « Chaque coup de pinceau est une exploration délibérée des profondeurs de son imagination, alors qu’il cherche à transcender les limites de la perception conventionnelle». Grâce à sa maîtrise des couleurs, des formes, des textures et des pigments naturels, il construit un langage visuel qui va au-delà de la simple représentation. Il invite ainsi les spectateurs à pénétrer dans un univers où la réalité se mêle à l’impalpable, le visible à l’invisible.  « Ses œuvres sont autant de fenêtres ouvertes sur ses pensées, ses émotions et ses croyances les plus intimes, offrant un aperçu des subtilités de sa vision du monde ».  S’inspirant des mystères de l’existence, des jeux d’ombre et de lumière et de la relation symbiotique entre l’Homme et la nature, il tisse des récits complexes sur ses toiles. Chacune de ses œuvres se veut in fine, une tapisserie de symboles et de métaphores qui en dit long sur la relation de l’artiste avec le monde qui l’entoure. 

Reonstituer le monde

Dodji Efoui, de nationalité togolaise, apporte sa part à cette ode à la reconquête du patrimoine culturel à travers quelques masques et d’autres réalisations. Ses œuvres allient toile et éléments de récupération, du métal aussi, pour reconstituer le monde que les deux artistes appellent de leurs vœux. Sa touche artistique consiste à mettre en action des éléments composites, « en vue de faire surgir du quotidien des corps-paysages, des corps-écritures, des corps sonores, des entités vibratoires, des humains dans leurs dimensions charnelle et spirituelle. Il s’agit pour lui de rendre visibles les lignes de force qui traversent les corps, portés par le courage de vivre».  Tout son travail, « est un long poème hybride où la couleur est un son et le son, une couleur », témoigne la curatrice de l’exposition, Dénadi Carole Sagbo. En quête d’équilibre et de souplesse dans un monde mouvant, le jeune artiste togolais conçoit un univers « où les mots heurtent les oreilles et où les images crèvent les yeux. Un monde où l’on tue et meurt par manque d’imagination», note la curatrice.

L’exposition dont le vernissage a eu lieu, il y a quelques jours, à Cotonou est baptisée « Éclats d’âmes, regards croisés ». EIle part du manque d’union et de la déconfiture des sociétés pour s’étendre à une collaboration artistique comme on n’en trouve plus beaucoup. Par leur travail, les deux artistes se sont donné pour mission de présenter un bel exemple d’union sacrée et d’œuvrer à la restauration de ces valeurs perdues. Leurs œuvres, résonnant tel un plaidoyer, sont à découvrir jusqu’au 24 janvier 2024 dans les locaux des Ateliers Coffi à Togbin.