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Première édition de la soirée « Fierté et reconnaissance »:Quand la culture s’impose comme le pilier de la visibilité du Bénin

Culture
Par   Josué F. MEHOUENOU, le 02 avr. 2015 à 07h16

La Fondation MTN Bénin a célébré 20 personnalités, samedi 21 mars dernier à Cotonou, au cours d’une soirée riche en couleurs et dénommée «La soirée Hall of farme célébrons nos héros». Celles-ci, estime la fondation, ont marqué soit leur temps, soit leur secteur d’activités. Curieusement, sur la vingtaine de récipiendaires, onze émanent du secteur culturel, ce qui n’est pas passé inaperçu.

Au cours de «La soirée Hall of farme célébrons nos héros», la Fondation MTN Bénin a récompensé 20 personnalités avec un trophée, un certificat et une toge. La cérémonie s’est déroulée en présence de nombreux invités de marque, des responsables au plus haut niveau de cette société de téléphonie mobile et d’une délégation gouvernementale conduite par le ministre d’Etat, François Abiola. Une audience bien constituée pour une soirée de révélations que personne n’a vu venir. Même les organisateurs de l’évènement n’ont pas aperçu entre les lignes, la forte présence des acteurs culturels parmi les distingués. Plus de la moitié, soit onze acteurs culturels sur 20 héros célébrés. Le pourcentage est à la fois élevé et impressionnant. Et si besoin en était, il illustre à merveille combien le Bénin doit à sa culture. Musiciens, auteurs, cinéastes, actrices… Ce sont là, les personnalités dénichées et primées par la fondation MTN, un peu comme pour dire à ces vaillants messieurs et dames, qu’ils n’y ont pas travaillé en vain.
Suppléant ainsi à la patrie pas toujours reconnaissante, un opérateur privé vient ainsi montrer le chemin et ceci à double titre. D’abord, la fondation MTN invite les pouvoirs publics à reconnaître les mérites des citoyens qui se distinguent par leurs contributions au développement et à la visibilité du pays. Ensuite, elle leur montre la voie de la valorisation de la culture et de ses composantes. Et comme si ces deux raisons ne suffisaient pas, le directeur général de MTN Bénin, Malik Melamu embraye dans son mot introductif qu’«il nous revient de les honorer, de les célébrer, d’exprimer notre gratitude à ces hommes et femmes qui ont posé des actes exceptionnels dans leurs domaines respectifs…»

Des tresseurs de corde oubliés, puis dépoussiérés

Gnonnas Pedro, l’abbé Gilbert Dagnon, Gustave Gbénou Vikey, Marcelline Aboh, Wally Badarou, Olympe Bhely Quenum, Jean Pliya, Djimon Hounsou, Angélique Kidjo, Pascal Abikanlou, Pierre Dassabouté. Ce sont là, les onze acteurs culturels distingués le samedi 21 mars dernier, sur les 20 personnalités retenues à cet effet. Pour le directeur général de MTN, ce catalogue des 20 nominés non exhaustif se veut être une mémoire inoubliable pour la jeunesse, tandis que le ministre d’Etat chargé de l’Enseignement supérieur y voit, au-delà d’une récompense, «une invite à la culture de l’excellence».
Jean Pliya demande pour sa part de considérer «les nominés comme une catégorie de citoyens», mais comme des gens ordinaires qui ont cru à ce qu’ils ont entrepris.
Mais au-delà de la joie suscitée au sein du monde culturel par ce témoignage vivant du travail bien accompli, des grincements de dents existent aussi. «Depuis bientôt 55 années de souveraineté nationale dont 25 de renouveau démocratique, deux constats s'imposent. Le premier, c’est que notre système éducatif public n'a pas mis en place la moindre institution de formation (Conservatoire ou Institut) dans les métiers d'art. Le second, c’est que notre système institutionnel est incapable d’ériger, d’animer et de gérer une seule infrastructure (médiathèque ou salle de spectacle dûment équipée) dédiée à la culture», déplore l’acteur culturel Gratien Ahouanmènou. Estimant ainsi comme bien d’autres que la culture est délaissée au profit d’autres secteurs qui visiblement n’en rapportent pas pour autant à la visibilité et même au développement du pays, il suggère de revoir la copie. «Nos cadres extravertis ont manqué tous les rendez-vous du développement culturel, pourtant cardinal», poursuit-il enragé. Ces mêmes cadres qui, visiblement manquent le rendez-vous d’écrire ou du moins d’accompagner l’histoire culturelle du pays ont même récemment fait l’objet d’une chronique écrite par le journaliste et écrivain Jérôme Carlos. Lequel estimait que ceux-ci sont «omniprésents sur le terrain du paraître». Ils mènent, souligne-t-il, «un train de vie sans commune mesure avec leur salaire. Aussi cherchent-ils à gagner de l'argent à tout prix ou à n'importe quel prix. Le service des autres, sous l'angle de leur utilité sociale, peut attendre ». Les mêmes, retient cette chronique, «sont absents des chantiers du développement… et de la scène de l'histoire».