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Restitution d’un pan du patrimoine culturel du Nord-Bénin: Faire renaître les vestiges et la technologie de la métallurgie du fer

Culture
Par   Josué F. MEHOUENOU, le 27 nov. 2015 à 04h48

Restitution d’un pan du patrimoine culturel du Nord-Bénin: Faire renaître les vestiges et la technologie de la métallurgie du fer

Sur initiative de l’Organisation non gouvernementale Bénin culture développement et amitié (BCDA) soutenue par Laboratorio art contemporain, il s’est tenu les 21 et 22 novembre derniers à Natitingou, un atelier pour réfléchir et faire renaître de ses cendres, les vestiges et la technologie de la métallurgie du fer au nord du Bénin. Plusieurs professionnels du patrimoine culturel, des universitaires, les communautés de base et autres personnes ressources y ont pris part.

L’activité, organisée les 21 et 22 novembre derniers à Natitingou, porte une perspective principale : mettre en place un cadre scientifique, actif et opérationnel en vue de la valorisation et de la sauvegarde de l’art de la métallurgie à travers la transmission des savoirs à la jeune génération. Une connaissance de vieille date qui tend à s’effacer de la mémoire collective. Raison de cette mobilisation sonnée majoritairement par des acteurs engagés pour la protection du patrimoine. Ainsi, ont-ils rappelé que le Bénin développait avant l’arrivée des colons, le savoir-faire de la métallurgie du fer. «C’est une technologie ingénieusement maîtrisée par certaines classes de la société Waaba, Bétamaribè et Otamari du Nord-Est du Bénin» qui laisse à la communauté béninoise de nos jours, de nombreux vestiges que composent les fourneaux, les scories et ateliers de forge dispersés dans plusieurs communes de l’Atacora. Ces éléments, certifient les professionnels du patrimoine, témoignent de la réalité d’un savoir-faire ancestral mais semble-t-il condamné à la destruction du fait des intempéries, des pressions humaines et de la négligence.

Vite agir

Et c’est pour ne pas en arriver là que l’ONG BCDA et Laboratorio art contemporain se sont donnés la main, pour susciter une prise de conscience des professionnels du patrimoine et des universitaires. Ils étaient une trentaine, venus du Bénin et du Burkina Faso à prendre part à la rencontre tenue à Natitingou et qui a «permis une réflexion profonde sur la pertinence de cette richesse culturelle et la définition des stratégies pouvant favoriser la protection et la valorisation des vestiges».
Trois thèmes principaux ont nourri les débats à savoir l’état des lieux des savoirs et leurs impacts sur les relations intra et inter communautaires, l’expérience Mossi en matière de travail du fer et de l’état des savoirs endogènes en matière de réduction du fer et développement des territoires. Ils ont été présentés, entre autres, par Didier N’dah, Oumarou Guenne et Jacob Bamogo. Deux évidences interdépendantes se dégagent de leurs interventions. La première, c’est que la métallurgie du fer est une réalité de la civilisation béninoise et constitue une pratique sociale à travers laquelle toute une société s’est organisée sur les plans culturel, économique et politique. Secundo, les reliques et éléments de preuve de ce savoir-faire sont en voie de disparition avancée. Une situation plus qu’urgence qui appelle à l'action et face à laquelle les participants de la rencontre sur «les gens du fer et de la forge» promettent de relever le défi.
Après avoir pris connaissance de la situation qui prévaut et suivi avec attention les présentations faites par les experts invités, plusieurs actions ont été décidées par les participants à cette rencontre.

Ressusciter le fer

Ils ont convenu, entre autres, de l’inventaire des sites archéologiques de la métallurgie du fer, de la mobilisation et de la sensibilisation des communautés à la base sur l’importance de ces sites, des recherches archéologiques, la valorisation des sites… Pour joindre la théorie à la pratique, les gens du fer et de la forge ont, au cours de la seconde journée de leurs travaux, effectué une descente dans le village de Tektiboyaou situé dans la commune de Toukountouna. Là, ils ont visité des vestiges d’un site d’extraction et de transformation de fer. Sur le même site, il y avait des ateliers de forge des fourneaux traditionnels dont certains sont en état de détérioration avancée. «Au total, les participants à la rencontre scientifique de Natitingou ont pris conscience en visitant Tektiboyaou, de la réalité des vestiges de la métallurgie primaire et secondaire du fer dans l’Atacora. L’urgence de la protection des sites s’avère une priorité. Et les débats attirent suffisamment l’attention des structures organisatrices de cette rencontre sur les actions urgentes à mener», lit-on dans le rapport final de la rencontre?