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Villa Karo à Grand-Popo: Une galerie des signes du fâ ouverte au public

Culture
A l’image de ce tableau, les signes qui font l’objet d’œuvres d’art à Villa Karo, sont le fruit d’une dizaine d’années de recherche de Jean de Dieu Hanou, artiste plasticien A l’image de ce tableau, les signes qui font l’objet d’œuvres d’art à Villa Karo, sont le fruit d’une dizaine d’années de recherche de Jean de Dieu Hanou, artiste plasticien

La villa Karo, centre culturel finno-africain situé à Grand-Popo, a procédé dans la soirée du samedi 2 décembre, à un double vernissage : la galerie des signes-mères du Fâ et une nouvelle version de l’exposition dénommée « le retour de mami wata », une divinité associée à la mer.

Par   Désiré C. VIGAN A/R Mono-Couffo, le 06 déc. 2023 à 05h54 Durée 4 min.
#Villa Karo à Grand-Popo #Une galerie des signes du fâ

Une nouvelle collection d’œuvres d’art s’ajoute aux attractions que Villa Karo propose à ses visiteurs. Il s’agit de quelque dix-sept tableaux présentant les signes majeurs, « doumèdji » ou « dougan », du fâ et leur accompagnateur « tchè toula ». « Le travail a consisté à réaliser les configurations des 16 signes-mères et le tracé indiciaire sur un support coloré », explique Jean de Dieu Hanou.

Le fâ est un art ancestral répandu notamment dans l’espace ouest-africain où il permet d’annoncer une chose à venir. Ses signes qui font l’objet d’œuvres d’art sont le fruit d’une dizaine d’années de recherche de l’artiste plasticien basé à Cotonou. Chacune des œuvres est accompagnée des textes en anglais et en français pour faciliter quelque peu leur compréhension aux diverses nationalités qui fréquentent le centre culturel.

Le vernissage a eu lieu dans la soirée du samedi 2 décembre où l’équipe dirigeante a voulu faire de cet évènement un coup double en y associant le dévoilement du nouveau visage de l’exposition « retour de Mami wata ». Celle-ci ayant subi un tri qui a réduit de façon drastique le nombre des statuettes précédemment exposées. L’opération de désencombrement a eu pour conséquence positive, l’aération, voire l’amélioration de tout le décor de l’exposition. Le visiteur retrouve désormais les deux expositions dans deux salles différentes, mais qui sont des cadres rendus conviviaux grâce à l’intervention d’Anne Lahtinen, la curatrice finlandaise en résidence à Villa Karo depuis plusieurs semaines.

Les efforts qui ont été déployés visent, au dire de Georgette Singbé, le manager culturel du centre, à s’arrimer aux dynamiques nouvelles des sous-secteurs des arts et de la culture. Elle poursuit que Villa Karo a décidé de s'adapter à cette évolution tout en restant fidèle à sa démarche de promotion des valeurs ancestrales en vue de faciliter la compréhension de leurs aspects culturel et cultuel, surtout par la jeunesse. 

Compréhension interculturelle

Bâtiment portant au fronton l’inscription en latin, « pro meliore inter homines consensione », ce qui signifie en français "pour une meilleure compréhension entre les hommes", le petit musée est le cadre qui accueille les deux expositions. Richard Tandjoma et Julia Ojanen, respectivement directeur général et directrice exécutive renseignent que son choix n’est pas anodin. A les en croire, ce choix renforce le credo de leur équipe. « Nous encourageons la compréhension interculturelle par nos expositions et particulièrement celles-ci », ont-ils souligné. Les statistiques indiquent que ce petit musée a déjà enregistré quelque 18 000 visiteurs en 20 ans d’existence. De façon globale, en résidence à Villa Karo, ce sont quinze artistes de diverses nationalités qui sont reçus en moyenne par an. Des données que devront améliorer l’ouverture de la galerie, l’exposition sur Mami wata et l’assistance sollicitée du gouvernement.

Le vernissage placé sous la coupole du ministre du Tourisme, de la Culture et des Arts, représenté par Rock Gnassounou-Akpa, directeur départemental, a connu la participation d’une délégation du conseil communal qui a tenu à reconnaître les efforts de Villa Karo, un centre culturel finno-africain créé il y a 23 ans pour servir de résidence d’artistes et contribuer aux activités de recherche et de promotion de la diversité culturelle. Rock Gnassounou-Akpa a transmis les encouragements du ministre de tutelle et exhorté à ne pas baisser les bras. Selon lui, en décidant de faire la promotion du fâ et de mami wata, divinité associée à la mer qui, dit-il, est la plus vénérée à Grand-Popo, Villa Karo a trouvé un bon centre d’intérêt pour accrocher les communautés locales mais aussi promouvoir la destination Bénin. Le fâ mérite d’être promu et ses vertus restaurées, encourage-t-il. L’héritage ancestral a trouvé grâce également aux yeux des artistes, slameur et poète, qui ont agrémenté le vernissage. Gratien Ahouanmènou, alias le p’tit poète, appuie qu’il faut le pratiquer, le consulter, avant de porter des jugements de valeur. Puisque, retient-il, en matière de présage, le fâ ne peut jamais se tromper sauf son interprète. Et de soutenir que « le fâ est mère des mathématiques et ordinateurs».  Le vernissage ayant coïncidé avec le spectacle culturel mensuel qu’offre gracieusement Villa Karo, les populations n’ont pas boudé leur plaisir. Elles ont été tenues en haleine par le spectacle « verticho » du groupe de création de danse patrimoniale venu  de Porto-Novo.