La Nation Bénin...
Le livre « Droit pénal spécial» de Dr Edouard Cyriaque
Dossa, éclaté en deux tomes, apporte des éléments nouveaux dans la maîtrise des
infractions traditionnelles et contemporaines. Ce document de près de 1 000
délits et crimes permet aux législateur, théoriciens, praticiens ainsi qu’aux
justiciables de mieux connaitre les contours du droit pénal spécial de type
nouveau. L’ouvrage a été lancé, samedi 14 octobre dernier, à l’Université
d’Abomey-Calavi.
Le secteur de la justice s’enrichit d’un nouvel ouvrage. Un
livre pas comme les autres, car il apporte des éléments nouveaux pour une
meilleure maitrise des infractions traditionnelles et émergentes. «Droit pénal
spécial », Tomes 1 et 2, est un essai de Dr Edouard Cyriaque Dossa, président
de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet).
Son document se veut à la fois un creuset de regroupement de toutes les
infractions à diverses sources textuelles et un catalogue de près de 1 000
délits et crimes. Ainsi, le tome 1, 810 pages, est consacré aux infractions
traditionnelles et le tome 2 qui s’étale sur 651 pages, est dédié aux
infractions émergentes et particulières. L’ouvrage est préfacé par le
Professeur Joseph Djogbénou et paru à Star Editions.
« Le premier tome (…) s’articule d’abord autour des notions
de complicité et de tentative d’infraction exposées par l’auteur avant
d’aborder ensuite les crimes et délits contre les personnes, contre les biens
et ceux contre la sûreté de l’Etat dont il dresse le panorama vu depuis le Code
pénal du Bénin en indiquant pour chacune des infractions composant les trois
grandes catégories sus citées, les éléments constitutifs de celles-ci à savoir
les éléments légal, matériel et moral; et pour certaines infractions
particulières comme les crimes de guerre, l’élément contextuel ; et les
éléments de leur répression organisés autour de la pénalité, des circonstances
aggravantes ou atténuantes éventuelles, de la complicité et de la tentative
s’il y a lieu », informe Me Hugo Omontèlé Koukpolou, avocat au Barreau du Bénin
et présentateur de l’ouvrage.
Les infractions émergentes et particulières évoquées dans
le tome 2, ne sont pas encore assez familières aux acteurs de la justice. Le
livre leur permet de bien cerner ces délits et crimes contemporains. « On y
découvre les infractions cybernétiques et informatiques (…) et les infractions
relatives à la protection de la sécurité et de l'économie avec une loupe
pertinente sur le terrorisme et le blanchiment de capitaux, lesquelles
infractions qui, elles-mêmes, ont précédé les infractions relatives à la
protection de l'environnement qui intéressent tant la faune et la flore que les
atteintes à l'eau et à l'air. Toutes choses qui concourent à la protection de
l'environnement et à l'hygiène publique dont les infractions ont également été
scrutées. », renseigne le présentateur du livre. D’après Me Hugo O. Koukpolou,
l'appropriation du livre conduit à quelques découvertes très instructives
notamment sur certaines infractions en matières maritime, foncière et douanière
et sur celles portées par la loi 2022-04 du 16 février 2022 sur l’hygiène
publique en République du Bénin.
Outil de travail pour tous
Qu’il s’agisse du législateur, des théoriciens et
praticiens du droit, des étudiants ou du citoyen lambda, ce livre est utile
pour tous. Il est écrit dans un style clair et digeste qui allie intelligemment
pragmatisme et approfondissement théorique et reste un outil de travail au
quotidien même pour des praticiens chevronnés, reconnaissent plusieurs acteurs
et sommités universitaires du droit au Bénin et en Afrique.
« C’est un document de référence auquel l’on doit se porter
en toute circonstance dans la pratique du droit… », témoigne le député
Mahougnon Kakpo, ajoutant qu’il est effectivement utile pour le simple citoyen
car, comme le dit l’adage, « nul n’est censé ignorer la loi ». Pour l’ancien
ministre, ce livre porte aussi une réflexion authentique et ce, dans une
perspective de décolonisation dans la mesure où il pourra être cité dans des
travaux de recherche. A en croire Victor D. Adossou, président de la Cour
suprême, l’auteur a rendu un service aux magistrats en mettant à leur
disposition des éléments constitutifs à rechercher dans plusieurs des
infractions concernées. « Le livre constitue un répertoire, procède à des
analyses au risque de prendre position par endroits… », ajoute Victor D.
Adossou qui, au nom de la magistrature, félicite l’auteur. Les témoignages et
félicitations de plusieurs spécialistes africains à l’endroit de l’auteur et
son œuvre, ont été également présentés à l’assistance.
3e chef-d’œuvre
« Droit pénal spécial » Tomes 1 et 2 est le troisième essai
de Dr Edouard Cyriaque Dossa, après « L’extradition passive au Bénin (Textes et
pratique à l’épreuve du temps) » et « Introduction thématique au Code de
procédure pénale et autres textes complémentaires en République du Bénin »
parus respectivement en 2008 et 2015.
Trois raisons ont poussé le président de la Criet à publier
ce nouvel ouvrage dont la rédaction a commencé en 2016. Parmi elles, la
soi-disant ‘‘présence musclée du pouvoir Talon derrière la Criet’’, selon une
bonne partie de l’opinion publique béninoise. Pour Dr Edouard Cyriaque Dossa,
cette analyse est une injure à l’endroit des animateurs de la Criet. «
Autrement dit, c’est qu’on ne sait pas dire le droit… D’où la nécessité de
démontrer avec la réserve qu’il faut, que nous connaissons la matière et qu’on
n’a pas besoin d’être manipulés», a-t-il souligné. L’autre raison, c’est qu’au
prétoire, il est facile pour des praticiens du droit, de s’écarter, dit-il, des
faits et de convoquer la doctrine occidentale qui ne cadre pas souvent avec les
réalités législatives nationales. C’est « une mésintelligence intellectuelle
très souvent entre le poursuivant et la défense », explique-t-il. En gros,
selon l’auteur, il est récurrent d’observer que le législateur, les théoriciens
ainsi que les praticiens maîtrisent difficilement les contours du droit pénal
spécial de type nouveau. Il en découle une inadéquation entre les décisions
rendues et les faits incriminés, des critiques et des maladresses législatives.
Magistrat de profession, Edouard Cyriaque Dossa est nanti
d’un doctorat en droit privé fondamental et sciences criminelles. Il est,
depuis 2015, expert au Groupe intergouvernemental d’actions contre le
blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (Giaba) et à l’Institut des droits
de l’Homme et l’Etat de droit (Iij) basé à Malte sur les questions de
blanchiment de capitaux, du terrorisme, y compris son financement. Depuis août
2018, il dirige la Cour de répression des infractions économiques et du
terrorisme, en qualité de président?