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Richard Akodandé à propos de l’opération de contrôle de port de ceinture de sécurité: « Ce ne sera pas une occasion pour rançonner les populations »

Droits et Devoirs
Par   LANATION, le 22 juin 2016 à 23h17

Après s’être positivement illustrée dans les opérations de port de casque à moto et de confinement des motocyclistes dans les couloirs de trafic local entre Cotonou et Abomey-Calavi, la Police nationale s’apprête à lancer une nouvelle opération d’envergure. Il s’agit du contrôle du port de ceinture de sécurité dans les véhicules. Le Commissaire Richard Honman Akodandé, porte-parole du commissariat central de Cotonou et chef du service des accidents et constats, expose ici les motifs de cette action envisagée.

La Nation : La Police nationale lancera incessamment une opération de contrôle du port de la ceinture de sécurité dans les véhicules en circulation sur les routes. Qu’en est-il en réalité ?

Commissaire Richard H. Akodandé : Effectivement la Police nationale ambitionne, après les opérations de port de casque et du respect de la circulation dans les couloirs indiqués, de minimiser les risques encourus par les citoyens à l’occasion des accidents de route. Eu égard aux statistiques que révèlent les accidents de route notamment en ce qui concerne les usagers à quatre roues, la Police a pensé qu’il est urgent d’inviter les populations à se conformer aux prescriptions du code de la route. Et ce, en invitant conducteurs et usagers de la route à mettre la ceinture de sécurité. Cette ceinture est un dispositif qui permet de maintenir l’usager sur son siège en cas d’accident. Lorsqu’un accident de circulation survient en voiture, les usagers sont souvent projetés vers l’avant ou au-delà du véhicule. Dans ces cas, il peut survenir en conséquence des fractures et des traumatismes crâniens.

Cette campagne ne risque pas d’être aisée…

Dans le contexte béninois, la ceinture de sécurité n’est pas encore ancrée dans les habitudes des usagers de la route alors que dans les pays limitrophes, cela est même prescrit. Tout citoyen, qu’il soit en taxi ou en véhicule privé, doit exiger le dispositif de ceinture de sécurité qui assure la protection du chauffeur et de l’usager contre les chocs subis en cas d’accident. Evitant de rester inactif et de regretter les conséquences du non port de ceinture de sécurité, la Police béninoise s’est donc résolue à une option proactive qui consiste à sensibiliser les citoyens sur l’importance du port de la ceinture de sécurité par les chauffeurs ou conducteurs et les usagers de ces engins à quatre roues. La ceinture de sécurité représente pour le conducteur de véhicule, ce qu’est le casque pour l'usager à moto.

Si vous visez aussi bien les véhicules privés que ceux des transports publics, les taxis, n’est-ce pas pour faire de la répression dans leurs rangs ? La Police nationale ne vise-t-elle pas, par cette action, à soulager la ville de véhicules encombrants, qui n’ont rien à faire dans la circulation ?

L’œuvre d’assainissement du secteur des taxis, puisqu’étant utile, personne ne peut empêcher la Police de la poursuivre. Nous savons tous que ce secteur regorge de beaucoup de véhicules dont la preuve reste douteuse pour ce qui est de leur visite technique à jour. Il est fréquent de constater que le dispositif de ceinture de sécurité est quasiment absent dans ces genres de véhicule. L’absence de ce dispositif est une porte ouverte aux surcharges. Car si chaque usager doit mettre sa ceinture de sécurité, la clientèle de surplus sait immédiatement que c’est elle qui sera en difficulté face aux forces de l’ordre lors du transport en commun. Mais en toute franchise, la Police n’a pas pour ambition de stigmatiser quelque conducteur de taxi que ce soit. Cette opération peut, à la longue, permettre de désengorger nos grandes villes qui n’ont pas ce dispositif de sécurité mais la Police étant un service public dont le principe fondamental est l’intérêt général, l’objectif premier actuel est plutôt de rendre service à la majorité des Béninois qui empruntent les engins à quatre roues pour se déplacer. Il n’y a pas une catégorie de voitures qui sera privilégiée à d’autres. Le moment venu, cette opération sera même lancée de façon officielle par les autorités en charge de la sécurité.

C’est une opération de grande envergure. Mais quand on regarde l’effectif de la Police nationale comparé à la densité des véhicules à quatre roues dans nos villes, est ce que la Police nationale a effectivement les moyens de mener ce combat sans causer beaucoup de désagréments aux populations ?

Nous sommes à l’ère des réformes. Et lorsqu’on parle de réformes, cela concerne tous les citoyens. Dans ces conditions, la Police doit bénéficier de l’appui des pouvoirs publics pour que toutes les forces de l’ordre soient mises à contribution. Etant donné qu’aucune commune du Bénin n’est dépourvue de structure en charge de la sécurité, l’application de cette opération est en mesure de couvrir tout le territoire national. Toutefois, il est à signaler que le problème actuel relatif au port de la ceinture de sécurité ne se pose pas avec la même acuité à Cotonou qu’à Zè, Pobè ou à Abomey. Ce qui implique qu’au moment idéal, il sera étudié l’applicabilité de cette opération en fonction des réalités de chaque milieu, de sorte à équilibrer les droits et les libertés publiques de chaque citoyen afin qu’il n’y ait aucun remous. Car l’objectif de cette opération, ce n’est pas de déranger les populations mais de les protéger en les mettant à contribution pour la concrétisation du pacte citoyen de réduction des accidents de route.

En clair, vous venez simplement rappeler aux uns et aux autres la prescription du code de la route, à savoir que le port de ceinture de sécurité au volant comme en position de passager est une obligation ?

Exactement, c’est un rappel ! C’est une opération fondamentalement préventive. Il est vrai que dans un Etat de droit, lorsque la prévention ne porte pas ses fruits, les autorités se voient obligées de réprimer. Mais nous n’en sommes pas encore là pour ce qui est du port de la ceinture de sécurité.

Le défaut du port de ceinture de sécurité peut donc être considéré comme une contravention. Le cas échéant, quelle est la sanction à laquelle s’exposent les contrevenants ?

A l’étape actuelle de notre législation, en attendant son actualisation et sa conformité à la réalité, lorsque vous êtes interpellé parce que vous conduisez sans ceinture de sécurité, vous êtes convoyé vers une unité de Police pour être verbalisé. La verbalisation exige du contrevenant le versement d’une somme de 6.000 FCFA dans les caisses de l’Etat. Et je précise que ce n’est pas une occasion de rançonner les populations car, rassurez-vous, plus rien ne sera comme avant !

Dans combien de temps faut-il s’attendre au déclenchement de cette opération ?

Seules les autorités officielles compétentes sont habilitées à procéder au lancement de cette opération d’envergure nationale. Le moment venu, la population en sera largement informée.

Justement, quel appel auriez-vous à l’endroit de la population pour qu’elle comprenne l’opération le moment venu ?

Je demanderais aux usagers de nos grandes routes, aux populations de Cotonou et du pays en général de porter la ceinture de sécurité. Le faire, c’est s’assurer qu’en cas d’accidents, les dégâts ne seront pas incommensurables. C’est le gage de notre sécurité. Et la meilleure façon d’être en sécurité, c’est de veiller à sa propre sécurité.?