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Afrique de l’Ouest et du Centre: Un coup d’accélérateur à la transition numérique

Economie
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A l’issue du sommet régional tenu, les 17 et 18 novembre derniers, les ministres du Numérique d’Afrique de l’Ouest et du Centre ont marqué leur accord pour accélérer la transformation numérique et bâtir un marché intégré d’ici 2030. La Déclaration de Cotonou souligne la volonté de garantir l’accès au haut débit, développer les capacités en intelligence artificielle et créer des emplois.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 21 nov. 2025 à 19h08 Durée 3 min.
#Afrique de l’Ouest et du Centre

Les ministres en charge du Numérique des pays d’Afrique de l'Ouest et du Centre ont adopté, mardi 18 novembre, la Déclaration de Cotonou, une feuille de route ambitieuse visant à faire du numérique un levier de croissance inclusive, de création d'emplois et d’intégration régionale. Cet engagement historique a été pris à l’issue d’un sommet régional de deux jours, coorganisé par le gouvernement béninois et le Groupe de la Banque mondiale.

La Déclaration porte une vision commune, celle de bâtir d’ici 2030 un Marché numérique africain unique, fondé sur une connectivité universelle, l’innovation et une intelligence artificielle (IA) éthique.

« Le numérique n’est plus un choix, c'est une obligation économique, sociale et stratégique », a affirmé Aurélie Adam Soulé Zoumarou, ministre béninoise du Numérique et de la Digitalisation. Elle a souligné la nécessité d’une «alliance forte entre Etats, secteur privé, société civile et jeunesse » pour réussir cette transformation.

Les engagements se déclinent en objectifs mesurables à court et moyen termes. D’ici 2028, les pays signataires s’engagent à réduire de moitié le coût moyen des données et étendre la couverture haut débit à 90 % de la population, à assurer une identité numérique sécurisée à au moins 50 % des citoyens et déployer des systèmes de paiement interopérables dans 15 pays. 

IA et emplois au cœur des priorités


Le texte accorde une place centrale au développement des talents et des technologies de pointe. Il prévoit la création de trois centres régionaux d'excellence en intelligence artificielle (IA) et le déploiement de programmes d’application de l’IA dans au moins dix pays pour des secteurs prioritaires. Concrètement, il est question de créer 2 millions d’emplois ou d’opportunités d'entrepreneuriat numérique pour les jeunes, les femmes et les personnes en situation de handicap, de former 20 millions de personnes aux compétences numériques de base et d’héberger 40 % des données gouvernementales critiques dans des centres de données régionaux.

Pour Sangbu Kim, vice-président du Groupe de la Banque mondiale pour le numérique et l'intelligence artificielle, la région est à un moment décisif. « L’ère de l’intelligence artificielle ne nous attend pas. Les choix que les pays font aujourd'hui en matière d'investissement, de gouvernance et d'inclusion détermineront qui bénéficiera de cette transformation », a-t-il déclaré.

« L’Afrique n’est plus seulement consommatrice: elle devient créatrice, innovante et influente dans l'économie numérique mondiale », s’est réjoui, pour sa part, Abdoulaye Bio Tchané, ministre béninois du Plan et du Développement, soulignant que le numérique est devenu « un accélérateur majeur de productivité, un levier de compétitivité, un espace infini d’innovation ».

Pour concrétiser ces ambitions, la Déclaration mise sur une coordination régionale accrue et des financements innovants. Un mécanisme régional de suivi, un Forum numérique annuel et des Pactes numériques nationaux à adopter d'ici 2028 seront mis en place.

Impératifs à satisfaire

 

« La réussite de la Déclaration de Cotonou dépend de deux impératifs : mieux coordonner l'action des bailleurs et partenaires (…) et mieux communiquer, ensemble, les succès et progrès obtenus», a indiqué Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour la région Afrique de l’Ouest et du Centre. Il a précisé que les Pactes numériques serviront de «plateformes stratégiques d'engagement de tous les partenaires, publics et privés, autour d’une vision commune».

Il s’agit de mobiliser des investissements publics et privés via des mécanismes de financement mixtes et de s’appuyer sur des programmes régionaux comme la « Mission 300 », initiative panafricaine visant à connecter 300 millions d’Africains à l’électricité d’ici 2030 afin de soutenir la transformation numérique et économique et connecter les zones mal desservies du continent.

Le sommet de Cotonou qui a rassemblé plus de 200 participants de marque une étape clé pour aligner les stratégies nationales sur l’Agenda 2063 de l’Union africaine et les Objectifs de développement durable. La Déclaration se veut le point de départ d’une synergie d’action en vue d’une Afrique numérique souveraine et prospère