La Nation Bénin...
Portée
par la reprise de la consommation, la décrue de l’inflation et la résilience de
ses économies, l’Afrique subsaharienne conserve un rythme de croissance
soutenu. Le rapport Africa’s Pulse d’octobre 2025 confirme une dynamique
robuste, malgré les incertitudes politiques et économiques à l’échelle
mondiale.
La
machine économique africaine continue de tourner à bon rythme. Selon les
dernières projections, la croissance en Afrique subsaharienne a atteint 3,8 %
en 2025, contre 3,5 % en 2024, avant de s’accélérer à 4,4 % en moyenne entre
2026 et 2027. Une performance qui témoigne de la solidité du tissu économique
de la région, malgré un environnement mondial marqué par la volatilité des
prix, le ralentissement des échanges et la prudence des investisseurs. Cette
révision à la hausse, de 0,3 point de pourcentage par rapport aux prévisions
d’avril 2025, concerne 30 des 47 pays de la région. Les économies majeures
telles que l’Éthiopie (+0,7 point), le Nigéria (+0,6 point) et la Côte d’Ivoire
(+0,5 point) enregistrent des améliorations notables, portées par des
politiques de stabilisation et une meilleure gestion des finances publiques.
L’accélération prévue de la croissance repose en grande partie sur
l’amélioration des termes de l’échange dans plusieurs pays, favorisant la
stabilisation, voire l’appréciation des monnaies locales. Dans la foulée, la
désinflation observée dans de nombreux États a permis un assouplissement progressif
des politiques monétaires. Le résultat est que le pouvoir d’achat des ménages
se renforce, la consommation redémarre et les investissements reprennent.
Cependant, les politiques d’assainissement budgétaire menées dans plusieurs
économies pour réduire le déficit pourraient freiner la reprise. Dans certaines
capitales africaines, la consolidation budgétaire se traduit par une réduction
des dépenses publiques, affectant parfois la qualité des services sociaux et
les projets d’infrastructures. L’Afrique subsaharienne tire également profit de
sa faible exposition commerciale directe aux États-Unis, qui la protège
partiellement des effets des nouvelles barrières tarifaires américaines. Mais
les incertitudes entourant la durée et la portée de ces mesures pèsent toujours
sur les perspectives globales. À cela s’ajoutent un resserrement des conditions
de financement extérieur et un appétit limité des investisseurs internationaux,
qui continuent de privilégier les marchés jugés moins risqués. Dans un contexte
où le surendettement reste une préoccupation majeure, la capacité de plusieurs
États à faire face à de nouveaux chocs extérieurs demeure limitée.
Croissance et pauvreté
Si la croissance régionale affiche une tendance haussière, sa traduction sociale reste modeste. Mesuré par habitant, le produit intérieur brut (Pib) devrait croître de 1,3 % en 2025, contre 1,0 % en 2024, et atteindre 1,9 % en 2027. Une amélioration graduelle, certes, mais encore insuffisante pour réduire significativement la pauvreté ou améliorer la répartition des revenus. Selon les projections, le taux de pauvreté défini à 3 Usd par jour et par habitant passerait de 50 % en 2024 à 48,4 % en 2027. En chiffres absolus, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté devrait même augmenter, passant de 576 millions en 2022 à 671 millions en 2027. Ces données illustrent la difficulté de transformer la croissance économique en progrès social durable. Après avoir culminé à 9,3 % en 2022, l’inflation médiane a chuté à 4,5 % en 2024 et devrait se stabiliser autour de 4 % entre 2025 et 2026. Près de 60 % des pays africains ont enregistré une baisse du taux d’inflation en 2025. Toutefois, certaines économies dont l’Angola, l’Éthiopie, le Ghana, le Nigéria, la Zambie ou le Zimbabwe continuent de subir des taux à deux chiffres. Cette embellie s’explique par la baisse des prix mondiaux des matières premières, notamment ceux du pétrole et des denrées alimentaires. Sur le plan budgétaire, les efforts de consolidation se poursuivent. Le déficit primaire régional est passé de 2,5 % du Pib en 2020 à 0,3 % en 2024, et devrait devenir excédentaire (+0,1 %) d’ici 2026-2027. Cette amélioration reflète une gestion plus rigoureuse des dépenses et une meilleure mobilisation des recettes internes. Cependant, le poids croissant du service de la dette continue de grever les budgets nationaux. Entre 2,9 % et 3,3 % du Pib sont désormais consacrés au paiement des intérêts, souvent au détriment des investissements sociaux. Dans près de 80 % des pays, ces paiements dépassent les budgets de la santé ou de l’éducation, accentuant la vulnérabilité sociale. Malgré les défis, l’Afrique subsaharienne démontre une résilience remarquable. Les perspectives restent positives, à condition de poursuivre les réformes structurelles, de stimuler la productivité et de renforcer la discipline budgétaire. Car au-delà des chiffres, c’est la capacité des États à transformer cette croissance en bien-être pour leurs populations qui déterminera à terme, la véritable réussite du continent.
Afrique subsaharienne