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Dette publique au 2e trimestre 2025: Un ratio contenu dans les normes régionales

Economie
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Le ratio dette/Pib s’établit à 51,5 % au 30 juin dernier au Bénin, un niveau d’endettement qui reste inférieur au plafond de 70 % fixé par l’Uemoa et ce, malgré une hausse de l’encours à 7 303,2 milliards F Cfa. 

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 19 août 2025 à 07h48 Durée 3 min.
#UEMOA #dette publique

A fin juin 2025, l’encours de la dette de l’administration centrale atteint 7 303,2 milliards F Cfa au Bénin (contre 7 256,5 milliards F Cfa à fin mars), soit 51,5 % du produit intérieur brut (Pib) projeté. Il comprend 5 565,8 milliards de dette extérieure (39,2 % du Pib) et 1 737,4 milliards de dette intérieure (12,3 %), détaille le Bulletin statistique de la dette publique - Deuxième trimestre 2025 publié par la Caisse autonome de gestion de la dette (Cagd, juillet 2025).

Le taux d’endettement reste à un niveau inférieur au plafond de 70 % fixé par le pacte de convergence de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa).

La structure de la dette reste ainsi largement extérieure avec 76,2 % de l’encours total. Elle est majoritairement détenue par des non-résidents à hauteur de 87 %. L’euro reste la principale devise d’endettement avec 58,2 % du portefeuille, devant le franc Cfa (23,8 %) et le dollar américain (10,2 %).

Au deuxième trimestre, le Bénin a confirmé sa capacité à mobiliser des financements et à honorer ses engagements. En avril 2025, l’agence internationale de notation financière Standard and Poor (S&P) a confirmé la note souveraine BB- du pays, avec une perspective positive pour le pays. En juin, la sixième revue du programme de Mécanisme élargi de crédit et Facilité élargie de crédit (Medc/Fec) et la troisième revue du Fonds de résilience et de durabilité (Frd) avec le Fmi se sont conclues par un décaissement de près de 90 millions de dollars. Sur le premier semestre, le service de la dette s’élève à 569,1 milliards F Cfa. Aucun arriéré n’a été enregistré, signe d’une discipline budgétaire préservée, assure la Cagd chargée de l’amortissement de la dette.

Tirages et nouveaux  engagements 

Les tirages sur emprunts en devises atteignent 697,3 milliards F Cfa à fin juin 2025, indique le Bulletin. Ces décaissements proviennent à hauteur de 216,6 milliards des institutions multilatérales, de 12,9 milliards des créanciers bilatéraux, de 158 milliards des banques commerciales internationales et de 309,8 milliards pour l’eurobond émis en janvier. En monnaie locale, ils sont chiffrés à 16,3 milliards, principalement auprès de la Banque ouest-africaine de développement (Boad).

Sur le marché régional Uemoa, le Bénin a mobilisé 100,1 milliards, dont 94,5 milliards en obligations et 5,6 milliards en bons du Trésor pour financer le budget. Les nouveaux engagements signés au premier semestre s’élèvent à 650 milliards F Cfa en devises et 50 milliards en monnaie locale. Parmi eux figurent un financement auprès de Deutsche Bank de 328 milliards sur quinze ans et un eurobond de 500 millions de dollars équivalant à 290,1 milliards F Cfa,  ainsi que des prêts du Fonds koweïtien pour le développement économique arabe (Fkdea) et de la Banque européenne d'investissement (Bei).

Le portefeuille compte 78 titres en circulation pour un encours global de 1 432,6 milliards F Cfa, dont 72 obligations pour 1 404 milliards et 6 bons du Trésor pour 28,6 milliards.

Partenariats public-privé

Quatre projets de partenariat public-privé sont recensés pour un montant global de 91,2 milliards F Cfa. Ils concernent l’approvisionnement en eau potable en milieu rural, l’assainissement des boues de vidange, quatre centrales solaires d’une capacité totale de 50 MW dans le Nord et le Centre, ainsi qu’un terminal mixte au port de Cotonou mis en service en juillet 2025. Aucun de ces projets ne bénéficie de garantie de l’État ni de contrepartie budgétaire directe.

Au total, la situation de la dette publique du Bénin à mi-2025 apparaît globalement maîtrisée. Le niveau d’endettement reste conforme aux normes régionales, sans arriérés de paiement. Le pays conserve un accès soutenu aux financements internationaux et régionaux. La structure du portefeuille, très largement à taux fixe et avec des maturités allongées, contribue à réduire les risques.

Toutefois, la forte exposition extérieure, en particulier vis-à-vis de l’euro, demeure un point de vigilance, de même que la concentration des échéances à court terme sur le marché domestique.

La stratégie pour le second semestre devrait consister à poursuivre la diversification des bailleurs, à consolider les financements concessionnels, à mieux gérer l’exposition de change et à encadrer les engagements des entreprises publiques et les projets en Ppp. Ces orientations apparaissent essentielles pour préserver la soutenabilité de la dette tout en renforçant l’ambitieux programme d’investissements publics du Bénin.