La Nation Bénin...
Le Bénin entend consolider ses acquis en matière de
gestion de la dette sur la période 2026-2028, en misant sur une stratégie
proactive et prudente. Il est question de réduire les risques, diversifier les
sources de financement et maintenir la viabilité de l’endettement à l’horizon
2029.
Le Bénin abordera la période 2026-2028 avec l’ambition de
renforcer la viabilité de sa dette publique. Dans le prolongement des efforts
qui lui ont valu, en octobre 2024, la confirmation par l’agence Standard &
Poor’s de la note souveraine « BB- » assortie d’une perspective relevée de «
Stable » à « Positive », le pays entend poursuivre une gestion proactive et
prudente de son endettement. La notation souveraine continuera d’être évaluée
régulièrement par les agences internationales, tandis que les analyses
conjointes avec le Fonds monétaire international (Fmi) permettront de
surveiller la viabilité globale de la dette.
L’orientation stratégique déclinée dans le Document de
programmation budgétaire et économique pluriannuelle (Dpbep) 2026-2028 mise sur
la réduction des risques, la diversification des sources de financement et la
consolidation de la crédibilité financière du pays. La politique d’endettement
reste alignée sur la Stratégie d’endettement à moyen terme (Sdmt) 2025-2029
dont l’objectif est de maintenir la dette viable tout en soutenant le
financement des priorités nationales.
L’Etat veut réduire sa dépendance aux financements extérieurs en mobilisant davantage de ressources sur le marché régional des titres publics de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), tout en maîtrisant les échéances de remboursement de la dette intérieure.
Privilégier les financements stables et abordables
Sur le plan extérieur, le Bénin continuera de privilégier
les emprunts en devises stables, notamment l’euro, et à taux fixe, pour
contenir le risque de change. Les financements concessionnels et
semi-concessionnels resteront prioritaires, afin de réduire le coût et le
risque de refinancement. En fonction des conditions de marché et des besoins de
financement, le pays pourra également recourir à des prêts commerciaux ou à des
émissions obligataires internationales, en saisissant les opportunités jugées
attractives. Des opérations de reprofilage et de swap seront envisagées pour
ajuster le profil de la dette et contenir les risques.
A l’intérieur, le marché de l’Umoa-Titres restera un
pilier du financement, avec un accent mis sur les obligations à moyen et long
termes. L’Etat veillera à choisir des périodes d’échéance qui limitent les pics
de remboursement et à prolonger la maturité moyenne de la dette, afin de
réduire le risque de refinancement. Les banques commerciales locales, la Banque
ouest-africaine de développement (Boad) et la Banque d’investissement et de
développement de la Cedeao (Bidc) seront également sollicitées pour des
financements en monnaie locale.
Le suivi des passifs contingents sera aussi renforcé afin
d’éviter tout impact imprévu sur le budget de l’Etat, indique le Dpbep. Le
gouvernement entend aussi limiter le recours à la garantie de l’Etat et inciter
les entreprises publiques à recourir à des financements innovants et
alternatifs. La dette bancaire non garantie de ces entreprises fera l’objet
d’un suivi rigoureux à travers un dispositif conjoint associant la Caisse
autonome de gestion de la dette (Cagd) et la Direction générale de la
participation de l’Etat et de la dénationalisation (Dgped).
Des indicateurs-cibles clairs
La stratégie d’endettement fixe des seuils à atteindre d’ici 2029, lesquels témoignent de la volonté de maintenir les risques dans des proportions maîtrisées. La part de la dette intérieure arrivant à échéance dans un an devra rester inférieure à 15 %. La proportion de la dette publique à taux fixe devrait dépasser 95 %, limitant ainsi l’exposition aux variations des taux d’intérêt. Le risque de change sera contenu grâce au recours à des emprunts en devises stables. Le risque de liquidité fera l’objet d’un suivi constant, avec un engagement du gouvernement à honorer ses obligations à bonne date et à contrôler les ratios correspondants.
Les données prévisionnelles pour la période 2024-2028 confirment la volonté du Bénin de maîtriser ses coûts et risques liés à la dette. Le paiement des intérêts sur la dette publique devrait rester stable, autour de 1,7 à 1,8 % du produit intérieur brut (Pib), tandis que le taux d’intérêt moyen pondéré poursuivra une légère baisse, passant de 3,40 % en 2024 à environ 3,01 % en 2028.
Parallèlement, le stock de dette publique nominale se réduira progressivement, passant de 53,4 % à 47,6 % du Pib sur la même période. L’Etat s’attachera également à limiter le risque de refinancement en réduisant la part de la dette intérieure arrivant à échéance dans l’année, qui devrait diminuer de plus de 21 % en 2024 à environ 10,5 % en 2028.
Avec cette stratégie, le Bénin entend préserver ses acquis en matière de crédibilité financière, limiter son exposition aux chocs extérieurs et maintenir la confiance de ses partenaires et investisseurs.
Patrice Talon, président de la République du Bénin