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Dette publique au Bénin: Des risques sous contrôle à l’horizon 2029

Economie
Patrice Talon, président de la République du Bénin Patrice Talon, président de la République du Bénin

Le Bénin entend consolider ses acquis en matière de gestion de la dette sur la période 2026-2028, en misant sur une stratégie proactive et prudente. Il est question de réduire les risques, diversifier les sources de financement et maintenir la viabilité de l’endettement à l’horizon 2029.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 12 août 2025 à 08h21 Durée 3 min.
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Le Bénin abordera la période 2026-2028 avec l’ambition de renforcer la viabilité de sa dette publique. Dans le prolongement des efforts qui lui ont valu, en octobre 2024, la confirmation par l’agence Standard & Poor’s de la note souveraine « BB- » assortie d’une perspective relevée de « Stable » à « Positive », le pays entend poursuivre une gestion proactive et prudente de son endettement. La notation souveraine continuera d’être évaluée régulièrement par les agences internationales, tandis que les analyses conjointes avec le Fonds monétaire international (Fmi) permettront de surveiller la viabilité globale de la dette.

L’orientation stratégique déclinée dans le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (Dpbep) 2026-2028 mise sur la réduction des risques, la diversification des sources de financement et la consolidation de la crédibilité financière du pays. La politique d’endettement reste alignée sur la Stratégie d’endettement à moyen terme (Sdmt) 2025-2029 dont l’objectif est de maintenir la dette viable tout en soutenant le financement des priorités nationales.

L’Etat veut réduire sa dépendance aux financements extérieurs en mobilisant davantage de ressources sur le marché régional des titres publics de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), tout en maîtrisant les échéances de remboursement de la dette intérieure.

Privilégier les financements stables et abordables

Sur le plan extérieur, le Bénin continuera de privilégier les emprunts en devises stables, notamment l’euro, et à taux fixe, pour contenir le risque de change. Les financements concessionnels et semi-concessionnels resteront prioritaires, afin de réduire le coût et le risque de refinancement. En fonction des conditions de marché et des besoins de financement, le pays pourra également recourir à des prêts commerciaux ou à des émissions obligataires internationales, en saisissant les opportunités jugées attractives. Des opérations de reprofilage et de swap seront envisagées pour ajuster le profil de la dette et contenir les risques.

A l’intérieur, le marché de l’Umoa-Titres restera un pilier du financement, avec un accent mis sur les obligations à moyen et long termes. L’Etat veillera à choisir des périodes d’échéance qui limitent les pics de remboursement et à prolonger la maturité moyenne de la dette, afin de réduire le risque de refinancement. Les banques commerciales locales, la Banque ouest-africaine de développement (Boad) et la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao (Bidc) seront également sollicitées pour des financements en monnaie locale.

Le suivi des passifs contingents sera aussi renforcé afin d’éviter tout impact imprévu sur le budget de l’Etat, indique le Dpbep. Le gouvernement entend aussi limiter le recours à la garantie de l’Etat et inciter les entreprises publiques à recourir à des financements innovants et alternatifs. La dette bancaire non garantie de ces entreprises fera l’objet d’un suivi rigoureux à travers un dispositif conjoint associant la Caisse autonome de gestion de la dette (Cagd) et la Direction générale de la participation de l’Etat et de la dénationalisation (Dgped).

Des indicateurs-cibles clairs

La stratégie d’endettement fixe des seuils à atteindre d’ici 2029, lesquels témoignent de la volonté de maintenir les risques dans des proportions maîtrisées. La part de la dette intérieure arrivant à échéance dans un an devra rester inférieure à 15 %. La proportion de la dette publique à taux fixe devrait dépasser 95 %, limitant ainsi l’exposition aux variations des taux d’intérêt. Le risque de change sera contenu grâce au recours à des emprunts en devises stables. Le risque de liquidité fera l’objet d’un suivi constant, avec un engagement du gouvernement à honorer ses obligations à bonne date et à contrôler les ratios correspondants.

Les données prévisionnelles pour la période 2024-2028 confirment la volonté du Bénin de maîtriser ses coûts et risques liés à la dette. Le paiement des intérêts sur la dette publique devrait rester stable, autour de 1,7 à 1,8 % du produit intérieur brut (Pib), tandis que le taux d’intérêt moyen pondéré poursuivra une légère baisse, passant de 3,40 % en 2024 à environ 3,01 % en 2028.

Parallèlement, le stock de dette publique nominale se réduira progressivement, passant de 53,4 % à 47,6 % du Pib sur la même période. L’Etat s’attachera également à limiter le risque de refinancement en réduisant la part de la dette intérieure arrivant à échéance dans l’année, qui devrait diminuer de plus de 21 % en 2024 à environ 10,5 % en 2028.

Avec cette stratégie, le Bénin entend préserver ses acquis en matière de crédibilité financière, limiter son exposition aux chocs extérieurs et maintenir la confiance de ses partenaires et investisseurs.