La Nation Bénin...
La
Bad note des perspectives de croissance favorables pour le Bénin. Toutefois, la
transformation structurelle de l’économie reste à booster, le déficit de
financement annuel se chiffrant à 1120 milliards F Cfa d’ici à 2030.
Les
performances économiques du Bénin continuent d’être « solides », avec un taux
de croissance de 6,4 % en 2023 après une performance de 6,3 % en 2022, selon le
Rapport pays 2024 de la Banque africaine de développement (Bad) intitulé
«Impulser la transformation du Bénin par la réforme de l’architecture
financière mondiale». La croissance du produit intérieur brut (Pib) réel
devrait atteindre 6,5 % en 2024, puis 6,2 % en 2025, selon la même source.
Ainsi,
le taux de croissance du Pib réel par habitant qui a atteint 3,7 % en 2023,
contre 3,6 % en 2022, devrait se maintenir sur une tendance supérieure à 3,5 %
sur la période. Cette tendance est impulsée par la production manufacturière et
l’accélération des chantiers d’infrastructures publiques, notamment l’extension
du port de Cotonou, les travaux de routes, l’énergie, l’eau et
l’assainissement.
Dans
l’hypothèse de bonnes campagnes agricoles, l’inflation qui avait atteint 2,7 %
en 2023 (contre 1,4 % en 2022), devrait rester en dessous de 3 % à court terme,
selon le rapport. Quant au déficit budgétaire, il devrait diminuer pour tendre
vers 3 % d’ici à 2025, après 4,3 % en 2023.
Toutefois,
relativise la Bad, des incertitudes demeurent du fait des contextes régional et
international perturbés, et des effets des chocs climatiques récurrents.
Au
nombre des principaux risques pouvant affecter à la baisse les perspectives,
figurent la probable baisse des échanges avec le Nigeria en raison du
ralentissement de son activité économique, les effets néfastes du changement
climatique, la détérioration de la situation sécuritaire au Nord, et
l’incertitude liée à la sortie de la Cedeao du Burkina Faso, du Niger et du
Mali. Ces pays font partie des principaux clients pour les ventes des produits
béninois dans l’espace communautaire.
Pour
y faire face, il importe que les pouvoirs publics accélèrent les efforts de
transformation structurelle initiée à travers la Zone industrielle de
Glo-Djigbé (Gdiz). Le pays devra maintenir le cap dans la mobilisation accrue
des recettes fiscales et poursuivre les efforts d’assainissement budgétaire
pour tendre vers l’équilibre budgétaire à l’horizon 2025, recommandent les
experts. Cela permettrait de réduire le fardeau de la dette publique et de
relever les défis macroéconomiques.
Face aux chocs multiples et pour financer les infrastructures, le Bénin a eu recours à l’endettement. L’encours de la dette publique est passé de 41,2 % du produit intérieur brut (Pib) en 2019, à 54,5 % en 2023, mais devrait baisser légèrement à 53,9 % en 2024. L’agence de notation Standard & Poor’s a rehaussé, en avril dernier, la notation de crédit du Bénin de B+ à BB- avec perspective stable.
En plus de promouvoir l’industrie manufacturière pour stimuler le développement, la Bad préconise de mettre l’accent sur les politiques visant à stimuler la productivité dans les secteurs de l’agriculture et des services, pour absorber un large vivier de main-d’œuvre et stimuler la croissance future des emplois. En fait, le taux de sous-emploi visible était estimé à 35,9 % au niveau national, avec une prédominance à 96,2 % d’emplois informels dans les secteurs non agricoles en 2019.
L’institution estime le déficit de financement annuel de l’économie à environ 1,87 milliard de dollars Us soit environ 1120 milliards F Cfa d’ici à 2030. D’où, il importe de renforcer la mobilisation des ressources intérieures pour donner une impulsion aux moteurs de la transformation structurelle. La réalisation d’une étude pour l’approfondissement de la fiscalité verte au Bénin est recommandée, afin d’améliorer la mobilisation des recettes fiscales qui ont légèrement progressé, passant de 12,2 % du Pib en 2022 à 12,9 % en 2023.
La
Bad suggère une évaluation correcte du capital naturel du pays et sa prise en
considération dans les comptes nationaux. Le Bénin devra aussi mener un
plaidoyer dans le cadre de la réforme de l’architecture financière internationale,
pour la mise en place d’un mécanisme de garantie de refinancement de dette
arrivant à échéance. La Bad insiste sur la mise en place d’un conseil
budgétaire national et l’adoption de règles budgétaires relatives à la dette
puis la création d’un cadre incitatif pour la croissance verte et attirer les
investissements verts du secteur privé■