La Nation Bénin...
Avec une note globale de 3,9, le Bénin surclasse la
moyenne régionale et se hisse au rang des pays les mieux notés d’Afrique
subsaharienne, selon le rapport 2025 de la Banque mondiale sur l’évaluation des
politiques et institutions nationales.
L’Evaluation des politiques et des institutions
nationales (Cpia), menée chaque année par la Banque mondiale, constitue un
baromètre incontournable pour apprécier la qualité de la gouvernance et des
réformes structurelles dans les pays bénéficiaires de l’Association
internationale de développement (Ida). Pour l’exercice 2024, le Bénin se
distingue avec une note globale de 3,9, soit bien au-dessus de la moyenne de
l’Ida (3,1) et de la moyenne sous-régionale en Afrique de l’Ouest (3,3). Une
performance qui place le pays dans le même peloton que la Côte d’Ivoire, le
Cap-Vert et le Kenya, et devant des pays comme le Sénégal (3,6), le Cameroun ou
le Ghana (3,4), ou encore le Nigeria (3,2). L’un des points saillants de cette
évaluation est la gestion économique, où le Bénin décroche une note de 4,2, la
plus élevée de ses quatre grands indicateurs. Ce score témoigne des progrès
réalisés dans la conduite des politiques monétaire, budgétaire et de gestion de
la dette. Dans son rapport, la Banque mondiale souligne que l’expansion des
activités économiques se poursuit, soutenue par des performances encourageantes
dans les secteurs des services et de l’industrie. Cette dynamique est en partie
portée par l’efficacité de l’assainissement budgétaire, la rigueur dans la
mobilisation des recettes et une meilleure gestion de la dette publique, qui
ont permis au Bénin d’améliorer son profil de dette et de préserver un
environnement macroéconomique stable. À cela s’ajoute une bonne santé du
secteur bancaire, avec une solvabilité accrue et une baisse du volume de prêts
non productifs, gage de solidité pour l’économie réelle.
Autre volet où le Bénin tire son épingle du jeu est celui
des politiques en faveur de l’inclusion sociale et de l’équité, pour lequel il
obtient une note de 4,0. Cet indicateur regroupe plusieurs critères tels que
l’égalité des sexes, la justice dans l’utilisation des ressources publiques, la
protection sociale, le renforcement du capital humain ou encore la durabilité
écologique. Le rapport met notamment en avant la rationalisation des processus
de conformité environnementale, la création de nouvelles zones de conservation
communautaire ou encore la plantation de milliers de mangroves pour lutter
contre l’érosion côtière et préserver la biodiversité. Ces actions traduisent
un engagement fort en faveur d’une croissance plus verte et plus inclusive.
Qualité de la gouvernance
En matière de politiques structurelles, le pays obtient
3,8, un score honorable qui évalue des aspects essentiels comme le commerce, le
secteur financier et le cadre réglementaire des entreprises. Si le Bénin
continue de renforcer l’attractivité de son climat des affaires, le rapport
encourage à poursuivre les réformes pour lever certains obstacles structurels.
Sur le volet gestion et institutions du secteur public, la note de 3,7 reste
satisfaisante mais révèle des marges de progression. La Banque mondiale observe
encore des défis liés à la qualité de l’administration publique, à la
transparence et à la lutte contre la corruption. Des avancées notables sont
toutefois relevées, notamment la mise en place de mécanismes visant à améliorer
la qualité de la dépense publique, la mobilisation des recettes et la
gouvernance budgétaire.
Ces résultats positionnent le Bénin comme un partenaire crédible et attractif pour les bailleurs de fonds et les investisseurs internationaux, dans une région où les indicateurs de gouvernance restent contrastés. Au total, 20 pays d’Afrique subsaharienne membres de l’Ida ont été notés dans le cadre de cette évaluation annuelle. La note obtenue reflète également la capacité du pays à se conformer aux exigences de redevabilité et de transparence attendues par la communauté internationale. Le rapport rappelle que l’efficacité des services publics et la qualité des institutions restent des facteurs déterminants pour atteindre les objectifs de développement durable (Odd). L’évaluation s’appuie sur un processus rigoureux impliquant les équipes locales de la Banque mondiale, qui travaillent au quotidien avec les gouvernements, mais aussi sur plusieurs niveaux de validation interne pour garantir une lecture objective et partagée. Si le Bénin peut se féliciter de ses progrès, le rapport invite à ne pas relâcher les efforts et encourage la poursuite de la professionnalisation de l’administration publique, la lutte contre la corruption, l’amélioration du climat des affaires, le renforcement de la justice sociale et environnementale qui sont autant de chantiers encore ouverts.
Patrice Talon, président de la République du Bénin