Filière avicole au Bénin: La Bad approuve un prêt de 67 milliards pour la production

Le Conseil d’administration du Groupe de la Banque africaine de développement (Bad) a approuvé, le 10 décembre dernier à Abidjan, un prêt de 102,12 millions d’euros, soit environ 67 milliards F Cfa, en faveur du Bénin pour la mise en œuvre de la première phase du Programme de transformation de l’agriculture dans la zone des Savanes, selon un communiqué officiel publié par l’institution sur son site.

L’ambition affichée à travers ce programme est d’accroître durablement la production nationale de viande de volailles en s’appuyant sur l’intégration des chaînes de valeur du maïs, du soja et de la volaille. Il vise également à renforcer la souveraineté alimentaire, à améliorer la sécurité nutritionnelle et à promouvoir un développement économique inclusif. Après l’annonce en 2023 par le gouvernement de l’arrêt progressif des importations de poulets congelés et d’œufs de table, il est question de promouvoir une production locale compétitive, de valoriser le « poulet bicyclette », race rustique bien adaptée aux réalités agroécologiques nationales, et de soutenir les élevages familiaux et semi-industriels afin de mieux répondre à la demande croissante et ainsi réduire la dépendance du pays aux importations de produits avicoles.

Un appui à point nommé

« Le Groupe de la Banque africaine de développement, à travers ce projet, promeut l’utilisation de technologies agricoles appropriées et l’implication du secteur privé pour améliorer la productivité dans la zone des Savanes, en s’inspirant de l’expérience du Brésil où la transformation des Cerrados a permis d’en faire un véritable “food basket” », explique Robert Masumbuko, responsable pays de la Bad au Bénin, cité dans le communiqué. Il précise que le programme sera mis en œuvre par phases afin d’accompagner progressivement la montée en puissance de la filière avicole, notamment la production de poulets de chair, fortement dépendante d’intrants.

Ce projet, qui couvrira la période 2026–2030, prévoit l’aménagement de 120 000 hectares de maïs et 80 000 hectares de soja, cultures indispensables à la fabrication d’aliments pour volailles. A terme, la production devrait atteindre environ 41 000 tonnes de viande de volaille.

La Banque insiste sur une approche fondée sur l’adoption de bonnes pratiques agricoles, une gestion structurée de l’eau, un renforcement de la résilience climatique et un dispositif renforcé de la lutte antiparasitaire.

Impact socio-économique à grande échelle

Le programme fournira aux bénéficiaires des kits d’élevage de poulets de chair, des semences certifiées, des engrais et des produits phytosanitaires. Il mettra également à disposition des petits exploitants des équipements portatifs destinés à améliorer les semis et la gestion des cultures.

Le programme comprend par ailleurs la création d’une plateforme multi-acteurs de recherche et d’innovation agroécologique, consacrée aux systèmes de culture à base de maïs et de soja. Cette plateforme favorisera notamment la diffusion de semences climato-résilientes et riches en nutriments, un axe clé dans un contexte de variabilité climatique croissante en Afrique de l’Ouest.

Le volet infrastructures de stockage prévoit la construction de 60 magasins de 1 000 tonnes, 90 magasins de 500 tonnes ainsi que 150 aires de séchage de 200 m². Ces équipements permettront de réduire les pertes post-récolte et de stabiliser les disponibilités de grains à destination des acteurs de la filière avicole.

Le projet sera mis en œuvre dans la région des Savanes, au nord du Bénin. Il bénéficiera directement à environ 50 000 personnes et indirectement à près de 500 000 autres, avec une exigence d’au moins 30 % de femmes dans chacun des groupes cibles.