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Filière boulangerie-pâtisserie au Bénin: Plaidoyer pour des mesures incitatives et des réformes

Economie
Par   LANATION, le 24 juil. 2015 à 02h00

Le secteur de la boulangerie-pâtisserie au Bénin, d’après ses acteurs, connaît des difficultés. C’est pourquoi une journée de réflexions a été initiée par l’Association nationale des propriétaires et exploitants de boulangeries-pâtisseries du Bénin (ANAPEB), hier jeudi 23 juillet à la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin (CCIB). Pour répertorier les difficultés qui accablent le secteur aujourd’hui, et identifier les voies et moyens de l’en extraire.

Pour le président de l’ANAPEB, Gatien Adjagboni, c’est une rencontre capitale pour le devenir du sous-secteur de la boulangerie au Bénin. Un secteur dont les acteurs, soutient-il, se privent pour les autres, dimanches et jours de fête compris, tant ils doivent satisfaire le public. C’est pourquoi les conditions de travail, l’accès au marché, la fiscalité, l’accès aux intrants… seront au cœur des réflexions en vue de rendre le secteur compétitif, de contribuer au développement du pays et à la création d’emplois. Et sur ces différents chantiers, plaide-t-il, l’ANAPEB voudrait être accompagnée par les autorités, et donne déjà le gage de sa disponibilité à jouer pleinement sa partition.

Parce qu’ils font œuvre d’entreprise, créateurs de richesse et d’emplois, le soutien du Conseil national du patronat du Bénin leur est acquis. A l’occasion, c’est Mathurin Kouton qui en a porté la voix. Pour féliciter et encourager, au nom du président Sébastien Ajavon, ces acteurs qui ont pris la décision de penser à leur devenir. Car, si l’on consomme du pain, le public ne savait pas forcément tout ce qu’il y a autour de cette activité. Cette activité devrait donc contribuer à inverser la donne, à mettre le secteur sous les feux de la rampe. Et, pour un secteur qui contribue à la création de la richesse, qui nourrit toutes les couches de la population, l’importance et la noblesse ne se discutent pas. D’où ses acteurs ont-ils forcément une responsabilité morale tenant à la qualité des produits qu’ils livrent, pour préserver la santé des populations. D’ores et déjà, le CNP Bénin souhaite que sortent de cette journée de réflexions, des recommandations à même de bonifier le secteur.

Des réformes à engager, des normes à respecter

A sa suite, Jos Van Aggelen ambassadeur du Royaume des Pays-Bas au Bénin, au nom des partenaires techniques et financiers, rappelant que la coopération bénino-néerlandaise connaît une mauvaise passe, fait savoir que son pays est chef de file des partenaires dans le domaine de la compétitivité du secteur privé. Or, le secteur de la boulangerie pose des problèmes de santé et le pain, aliment noble, relève également du social. Mais le secteur est confronté à des problèmes préoccupants, relève l’ambassadeur : la rentabilité de l’activité qui nécessite un environnement adéquat, avec une disponibilité des intrants à des coûts accessibles ; la qualité du produit final qui doit tenir compte de la préservation de la santé des consommateurs. Tout ceci exige transparence dans le processus de fabrication pour s’assurer que les normes et principes sont respectés. D’ici à là, il exhorte les acteurs à bien trancher la question de la tutelle étatique, pour savoir enfin s’ils relèvent du ministère de l’Industrie et du Commerce ou de celui de l’Artisanat. En tout cas, Jos Van Aggelen entend que les produits livrés à la consommation soient effectivement de qualité, ce qui part d’intrants eux-mêmes de qualité. Ce que ne favorise pas forcément la multiplicité des importateurs de farine de blé aujourd’hui, qui fait que des farines de qualité douteuse peuvent être déversées sur le marché.

La CCIB heureuse d'accompagner l'ANAPEB

Quant à Jean-Baptiste Satchivi, président de la CCIB, saluant le leadership efficace de l’ANAPEB, il assure que sa structure est heureuse de l’accompagner dans cette dynamique et se dit convaincu que cette journée de réflexions permettra aux acteurs de soulever les vraies préoccupations. Au nombre de celles-ci, il retient les conditions de fabrication du pain, la concurrence déloyale du secteur informel, la non maîtrise des réels acteurs du secteur, en nombre et en qualité ; la multiplicité des interlocuteurs au niveau de l’Etat, la fiscalité en matière de boulangerie-pâtisserie, la place des matières premières locales dans la production du pain… Il espère qu’elles feront l’objet de sérieuses réflexions pour des approches de solutions efficaces.
Enfin, Adam Ahantchédé, directeur de cabinet du ministre de l’Industrie et du Commerce, ministère de tutelle du secteur, procédant à l’ouverture des travaux a saisi l’occasion pour souligner l’importance et la sensibilité du secteur, quoiqu’en proie à des difficultés qu’il faut surmonter. Deux urgences à aborder, selon Adam Ahantchédé, l’utilisation des adjuvants prohibés dans la fabrication du pain et les conditions d’hygiène autour du pain consommé, tant les textes en la matière ne sont pas respectés par les acteurs. Aussi exhorte-t-il les participants à la journée de réflexions à se pencher effectivement sur la réorganisation du secteur, en vue de sa pleine contribution au développement et de son propre épanouissement.