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Marché financier régional de l’Uemoa: La dynamique des Sociétés de gestion et d’intermédiation

Economie
Les acteurs du marché financier régional unissent leurs forces pour rendre la bourse plus accessible, inclusive et au service du développement économique Les acteurs du marché financier régional unissent leurs forces pour rendre la bourse plus accessible, inclusive et au service du développement économique

Les Sociétés de gestion et d’intermédiation (Sgi) se positionnent plus que jamais comme des acteurs clés du développement du marché financier régional. A travers l’Association professionnelle des Sgi (Apsgi), elles entendent renforcer la dynamique de la Bourse régionale des valeurs mobilières (Brvm), promouvoir l’inclusion financière et stimuler la participation des populations à la création de richesse dans l’espace Uemoa.

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 10 oct. 2025 à 08h59 Durée 3 min.
#Espace Uemoa

Créé en 1996 et opérationnel depuis 1998, le marché financier régional de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) constitue une expérience unique au monde. Il s’agit d’une bourse partagée par huit pays. C’est cette singularité et son potentiel que l’Association professionnelle des Sgi (Apsgi), structure faîtière des Sociétés de gestion et d’intermédiation (Sgi), entend valoriser à travers ses rendez-vous annuels. La 2e édition des rendez-vous de l’Apsgi s’est tenue ce jeudi 9 octobre à Cotonou autour du thème « Avec la bourse, investir aujourd’hui pour mieux vivre demain ». Pour Soualiou Fadiga, directeur exécutif de l’Apsgi, les Sgi ont été au cœur de la création et de la réussite de la Brvm. « Le démarrage des activités de la Brvm n'aurait pas pu être possible sans les Sociétés de gestion et d’intermédiation qui sont les acteurs majeurs dans leur rôle d'intermédiaires centraux sur le marché », a-t-il fait savoir. De 14 Sgi en 1998, l’Uemoa en compte désormais 38. Ces institutions jouent un rôle essentiel d’intermédiation, d’arrangement et de distribution des titres sur le marché, facilitant ainsi la levée de capitaux pour les États et les entreprises privées. En près de trois décennies, la Brvm s’est hissée au cinquième rang des bourses africaines, derrière celles de l’Afrique du Sud, du Nigeria, de l’Egypte et du Maroc. Une performance remarquable pour une place financière de seulement 28 ans d’existence. « La capitalisation du marché des actions se situe aujourd’hui à plus de 12 000 milliards de Fcfa, tandis que le compartiment obligataire dépasse les 21 000 milliards. Au total, plus de 21 000 milliards ont été levés sur notre marché depuis 1998 », informe Soualiou Fadiga. Ces chiffres traduisent une dynamique positive et un réel engouement pour les produits boursiers dans la sous-région. Cependant, les acteurs reconnaissent que beaucoup reste à faire, notamment en matière d’inclusion financière. « Nous n’avons que 200 000 comptes-titres ouverts sur une population de près de 150 millions d’habitants. Si nous parvenons à faire participer ne serait-ce que 10 % de la population active, la capitalisation actuelle pourrait être multipliée par 20 ou 30 », souligne le directeur exécutif de l’Apsgi.

L’éducation financière

C’est pour répondre à ce défi que l’Apsgi organise ses Rendez-vous pour rapprocher la bourse des populations et vulgariser la culture financière. Roselyne Abé, présidente de l’Apsgi, a insisté sur cet enjeu majeur. « Après 28 années d’existence, il faut rendre notre marché plus dynamique et plus efficient. L’un des leviers essentiels est l’élargissement de la base des investisseurs », a-t-elle déclaré. Les Rendez-vous de l’Apsgi se veulent donc un cadre d’échanges et de sensibilisation avec pour objectif d’amener les citoyens, entrepreneurs, étudiants et professionnels à mieux comprendre les opportunités offertes par la Brvm et à s’y engager. « Il est impératif de traiter le rôle fondamental de la bourse comme levier de l’épargne et du financement de l’économie, afin de dissiper toute incompréhension associée à l’idée selon laquelle le marché financier serait réservé à une élite », a ajouté Roselyne Abé. La bourse des valeurs mobilières est un levier stratégique pour l’autonomie financière de l’Afrique de l’ouest. L’enjeu est de taille. Si le marché financier de l’Uemoa parvient à atteindre une capitalisation équivalente à 27 % du Pib régional contre environ 10 % actuellement, il pourrait devenir une source majeure de financement interne. Les États pourront désormais se passer des institutions financières internationales pour financer le développement car les capitaux pourraient être mobilisés localement. Avec une croissance moyenne du Pib régional de 6 % depuis 2011, les perspectives sont encourageantes. Les acteurs financiers estiment qu’à l’horizon 2035, la zone pourrait dépasser les 300 milliards de dollars de Pib, ouvrant la voie à une mobilisation accrue de capitaux locaux pour financer les grands projets structurants. Les Rendez-vous de l’Apsgi se positionnent désormais comme une plateforme annuelle de réflexion et d’action sur le devenir du marché boursier régional. En réunissant les acteurs de la finance, les institutions publiques, les entreprises et le grand public, l’Apsgi réaffirme son rôle de moteur dans la construction d’une économie régionale plus intégrée et résiliente.