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Performance bancaire: Croissance robuste des crédits au Bénin

Economie

Le Bénin se positionne parmi les meilleurs performeurs de la zone Uemoa, affichant une croissance de 11,6 % des encours de crédit, principalement tirée par les secteurs de l'équipement et de l'immobilier. Cette performance place le Bénin devant des pays comme la Côte d'Ivoire et le Sénégal.

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 23 juil. 2025 à 08h04 Durée 2 min.
#secteur bancaire au Bénin

Le réseau bancaire de l'Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) est resté inchangé en 2024, avec un nombre stable d'établissements financiers, selon le dernier rapport de la Bceao sur les conditions de banque dans l’espace Uemoa. Le rapport note qu’en revanche, l’activité du système bancaire a connu une nette amélioration, marquée par une baisse significative du taux de créances douteuses qui est passé de 8,7 % en 2023 à seulement 4,0 % en 2024. Cette amélioration de la qualité des portefeuilles s'est accompagnée d'une augmentation notable des emplois bancaires, qui ont progressé de 8,6 %, passant de 59 270,9 milliards F Cfa fin 2023 à 64 379,5 milliards F Cfa fin 2024. Cette croissance a été principalement portée par les crédits à moyen terme qui ont augmenté de 12,2 %, les crédits à la clientèle en hausse de 5,3 %, et les titres de placement qui ont progressé de 12,7 %. Parallèlement, les ressources bancaires ont également augmenté de 9,6 %, soutenues par une hausse des dépôts et emprunts de 8,0 %, ainsi qu'une augmentation des fonds propres nets de 13,7 %.

Évolution des crédits mis en place par pays dans l’Uemoa (en milliards Fcfa).

Parmi les huit pays membres de l'Union, le Bénin s'est particulièrement distingué avec une augmentation de 11,6 % des crédits octroyés en 2024. Cette performance place le pays en quatrième position derrière la Guinée-Bissau qui affiche une croissance exceptionnelle de 205,9 %, le Burkina Faso avec +29,6 %, et le Mali à +22,7 %, mais devant des économies plus importantes comme la Côte d'Ivoire (+3,2 %) et le Sénégal (+1,7 %). Cette croissance économique a été principalement tirée par plusieurs secteurs clés. Les crédits à l'équipement ont connu une hausse remarquable de 43,4 %, les financements immobiliers ont progressé de 13,4 %, et les crédits à la consommation ont augmenté de 11,4 %. En revanche, les concours destinés à l'exportation ont enregistré un recul significatif de 36,1 %, ce qui reflète une réorientation des financements vers les secteurs domestiques de l'économie.

Principaux bénéficiaires

L'analyse par secteur institutionnel révèle une nette progression des crédits aux Micro, Petites et Moyennes Entreprises (Mpme) qui ont augmenté de 13,5 % au niveau de l'Uemoa. Ces structures captent désormais plus de la moitié (52 %) des financements bancaires alloués aux entreprises, contre 49 % en 2023. Cette tendance démontre l'importance croissante des Pme dans les économies de l’Union et leur meilleur accès au crédit bancaire. Concernant les ménages, la répartition des crédits montre que les particuliers représentent 65 % des bénéficiaires avec une croissance de 5,3 %, les entreprises individuelles constituent 31 % des bénéficiaires avec une progression de 12,7 %, tandis que le personnel des banques, bien que ne représentant que 4 % des bénéficiaires, a connu la plus forte augmentation avec +39,7 %. Cependant, des inégalités persistent dans l'accès au crédit, notamment pour les femmes qui ne bénéficient toujours que de 18 % des financements accordés aux personnes physiques, un chiffre qui stagne depuis 2023.

La Bceao a maintenu une politique active d'injection de liquidités tout au long de l'année 2024. Le montant moyen des injections hebdomadaires s'est établi à 7 497 milliards FCfa, en hausse de 1 255,6 milliards par rapport à 2023. Cette politique accommodante s'est cependant accompagnée d'une augmentation des taux d'intérêt. Le taux moyen sur le guichet hebdomadaire est ainsi passé de 4,01 % en 2023 à 5,50 % en 2024, reflétant un durcissement progressif des conditions monétaires. Sur le marché interbancaire, l'activité a également été soutenue avec un volume moyen des transactions en hausse de 6,3 % pour atteindre 748 milliards FCfa. Le taux d'intérêt moyen à une semaine a quant à lui connu une forte progression, passant de 5,37 % en 2023 à 6,71 % en 2024, ce qui traduit une tension accrue sur le marché des liquidités.

Si certains pays dans l’Union dont le Bénin confirment leur dynamique positive dans le secteur bancaire, plusieurs défis importants restent à relever. Le premier défi concerne la réduction des disparités de genre dans l'accès au crédit, les femmes bénéficiant toujours d'une part trop faible des financements. Le deuxième défi porte sur la nécessité de stimuler les financements à l'exportation qui ont connu un recul préoccupant de 36,1 % en 2024. Enfin, le troisième défi consiste à maintenir la qualité des portefeuilles de crédit dans un contexte de hausse des taux d'intérêt, qui pourrait affecter la solvabilité des emprunteurs. Avec une croissance soutenue des crédits et une amélioration continue de la qualité des portefeuilles, le secteur bancaire semble néanmoins bien positionné pour accompagner la relance économique dans l’Union.